Chapitre 26. [C]

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Le grand jour fatidique est arrivé, je me regarde encore et encore dans le miroir. Mes cheveux argentés sont soigneusement coiffés, ma robe bleu marine recouvrée chacune de mes formes, me donnant un air sérieux. J'ai accompagné cette dernière d'escarpins de la même couleur et d'un maquillage plutôt léger.

L'audience commencera dans une heure et demi, et bizarrement je me sens pas si stressée que ça. Peut-être car je me remplis d'illusions depuis deux jours. Je prends mon gilet et mes yeux bloquent sur le pull à capuche noir roulé en boule sur mon lit, je sens des picotements au niveau de mes yeux et la panique m'envahit, je prends une longue inspiration et expire longuement avant de détourner le regard de ce fichu pull.

Je tourne les talons et descends lentement jusqu'au salon où ma famille est prête et réuni autour de la table, ils parlent activement avec de légers sourires par-ci, par-là. Quand leurs yeux se posent enfin sur moi, mon cœur se brise. L'infime joie qui remplissait, quelques minutes plutôt la pièce, a disparu bien vite. Remplacée par de la peur et de la tristesse. J'ignore leurs regards et me dirige vers eux.

- On devrait y aller, nous avons quand même de la route.

Ma mère est la première à se lever, se dirigeant d'un pas lent en ma direction.

- Zoé, es-tu bien sûr de vouloir témoigner seule ?

Je hoche la tête et la petite lueur d'espoir qui s'est allumée dans le regard de ma mère a disparu à la fin de ma phrase. Sur le chemin de la voiture, je comprends qu'elle a tenté une dernière fois de me dissuader de cette idée complètement folle.

Alors que j'allais rentrer dans la voiture, une voix masculine retentit dans mon dos. Mon ventre se noue et les larmes me montent instantanément aux yeux.

- Bonjour Zoé.

Ses mains puissantes se posent sur mon ventre, pressant celui-ci avec une légère réticence. Je me retourne pour scruter son regard si attendrissant, pour observer les petits défauts qui parsèment son doux visage, pour humer son odeur et c'est là que je comprends à quel point, j'ai été stupide de l'ignorer. Malgré mon égoïsme, il est toujours là.

- Bonjour Hugo.

- Comment vas-tu ?

Il replace une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, sans lâcher mes yeux du regard.

- Ça pourrait aller mieux.

- Allez, allons-y.

Nous prenons la route en direction du tribunal de la ville voisine. Le trajet est long et désagréable, presque stressant.

Une fois arrivée devant l'immense bâtisse, une infime pointe de stress m'envahit, mais je la chasse bien vite avec le peu de courage qu'il me reste. Avant de rentrer dans la salle, je dois signer je ne sais combien de papiers, promettre des choses futiles et rassembler le peu de patience qu'il me reste pour attendre encore et encore dans un couloir immense sur des chaises en bois inconfortables. Même ma petite sœur ne tient plus en place.

L'heure arrive et nous rentrons tous ensemble dans la salle d'audience, celle-ci n'a rien de particulière, elle ressemble à n'importe quelle salle d'audience. Je me dirige à ma place, à côté du juge. Les jurés s'installent un à un à leurs places respectives, les "spectateurs" - si on peut appeler ça comme ça - prennent leurs places également. Et enfin, le juge rentre dans l'immense salle à l'air gelé. La pression monte d'un cran sous le silence pesant.

Tout le monde se lève à l'entrée du juge, cette dernière prend place.

- Vous pouvez vous asseoir.

Zoé [TERMINÉ]Where stories live. Discover now