Le Paradis, pas si inatteignable que ça

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Une bise, deux bises, trois bises... Bon sang, les embrassades n'en finissaient plus !

Comme on avait prévu, Benjamin était arrivé en avance mais les autres convives étaient arrivés tous en même temps, ou presque. Cela avait été comme une énorme vague qui était rentrée dans le couloir et nous avait pratiquement tous happés.

J'aurais pu dire que j'étais à l'aise parmi tout ce beau monde étant donné qu'il s'agissait de ma famille et que seul Roman était dépaysé, mais cela aurait été un mensonge. Cinq ans de séparation comptait, si bien que je me sentis un peu mise de côté. Heureusement, je supposai que d'ici quelques minutes, tout irait mieux. Enfin je l'espérais...

— Ouah Amandine, qu'est-ce que tu as changé ! s'exclama ma tante Sandrine en me plaquant deux gros bisous sonores sur les joues.

J'aurais aimé lui répondre mais j'ignorai si sa remarque était positive ou négative, alors je me contentai de sourire. Ceci dit, vu sa tenue très chic, je songeai qu'il était plus probable que sa réplique ne soit pas un compliment en fait...

— Sandy, laisse-moi te présenter Roman, mon petit ami et euh...

« Futur père de notre enfant » ? Allais-je devoir le dire à tout le monde ? Et si je ne disais rien ? Maman s'en chargerait. Je me voyais mal répéter la même phrase dix fois.

Moi, fuir encore ? Un peu, en effet. Après tout, cela allait sûrement rester à tout jamais dans mes veines et dans mon crâne surtout...

— Bonjour, lança Roman en faisant la bise à ma tante.

— Le heureux papa ! s'écria Sandy, me faisant sursauter au passage. Rose m'a raconté, continua-t-elle en voyant mon air surpris.

Grand-mère, doux Jésus ! Il faudrait que je me rappelle de ne jamais lui dire de secret...

— Oh Candice ! m'exclamai-je en voyant ma petite nièce passer à côté de moi avec Lucien.

Mon frère avait mis un nœud papillon. C'était marrant parce que c'était la première fois que je le voyais vêtu ainsi et même s'il était plutôt beau gosse (terme emprunté de Chloé), je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il ressemblait à un pingouin.

Honnêtement, les nœuds papillon, c'était plus que démodé, non ?

— Tu as vu comment je suis classe, hein Amande ? lâcha-t-il, fier de lui.

Si seulement il avait su ce à quoi je venais de penser...

— Mouais, murmurai-je avant de me baisser vers la petite rouquine. Tiens, tu veux une crotte ma chérie ? proposai-je en me tournant pour attraper la boite de chocolats.

— J'aime pas les crottes, répondit-elle doucement.

C'était comme si elle avait eu peur de me mettre en colère en prononçant cette phrase, mais l'air de dégoût qui recouvrait son joli visage était trop grand pour qu'elle l'ignore. Je haussai donc un sourcil et me redressai, surprise.

Je regardai Roman, ne sachant pas trop quoi faire. C'était peu courant ça. Habituellement, les enfants adoraient.

— C'est une crotte en chocolat, mon trésor, me corrigea Chloé que je n'avais pas vu arriver.

La petite tendit aussitôt les mains et je réalisai le malentendu. Oh pauvre enfant ! Évidemment qu'elle n'aimait pas les crottes. Un petit rire amusé et nerveux m'échappa. Je n'en ratai pas une, moi...

***

Le repas s'était passé à merveilles. Tout le monde avait parlé. Tout le monde s'était exclamé. Tout le monde avait rigolé. Et j'avais soudainement eu l'impression de retourner en enfance quand les réunions de ce genre étaient hebdomadaires. Cela avait été parfait, digne du plus beau Noël de ma vie adulte.

Noël chez les Carlier (Terminée)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora