Chapitre troisième - Le chat

10 0 0
                                    

 "Dans le monde que je crée, il y a les gens, les grands et les petits, les noirs, les blancs et les jaunes. Il y a les gentils et les méchants. Jusque-là rien de très différent de la vie réelle. En fait, la grande histoire réside dans les magiciens et les magiciennes, ils sont capables de grandes choses : Léviter, disparaître, reparaître, se téléporter. Une foule de choses cools ! Je voie déjà les décors : un mélange de Steampunk et de Louis XIV! Je voie déjà les personnages, charismatiques et puissants ! Je voie la musique, un Mozart violent ! Des chants Elfiques ! Je voie..."

L'enthousiasme me gagne si vite. J'ai le cœur qui palpite, les poumons haletants et la gorge en feu. C'est toujours la même chose. Je crois si fort en mon histoire que j'y entrerais presque.

Mélanie me regarde et s'étire, comme lasse d'avoir écouté une fois de plus, le même disque rayé. Je me lève et vais changer mon vinyle de collection. Un dramatique air de piano correspondrait mieux à la situation.

- Écoute le chat, je suis persuadée qu'il suffit d'y croire et de continuer à FONCER !

Je me retrouve là, les bras en l'air. La scène doit très certainement ressembler à celle d'un film que l'on aurait mis sur pause.

La tête de Mélanie est juste hilarante. Son pelage blanc est figé en arrière à cause de la force de mon cri. Pauvre minette ! D'un geste de la patte, elle est recoiffée et part se promener sur les toits. Les toits de Paris, un endroit où on se sent seul au monde, figé dans le temps, dans une ville où tout va si vite, si intensément vite.

Je me rappelle y être montée un soir pour un pique-nique au coucher du soleil. La vue était à couper le souffle. La seine reflétait le portrait des amoureux en ballades. Les taxis emmenaient de joviaux touristes vers le Louvres, vers la surprenante pyramide de verre. Les terrasses étaient pleines. Le filtre rosé des polaroids se confondait magnifiquement avec le ciel. Certes, mon risotto était froid. Mais qu'importe quand on est au sommet ? Il faisait bon ce soir-là.

"N'oublie pas mon poisson !" Brusquement tirée de mes rêveries, je me retourne vivement vers Mel. Cependant, l'endroit est vide. On ne distingue déjà plus l'animal, surement loin. La fenêtre est entre-ouverte et la brise légère de Septembre soulève les voiles du rideau.

Ça par exemple ! J'aurais juré avoir entendu quelqu'un... Pensive mais aux aguets, je m'exécute. Cuisine. Placard. Boite de thon. La gamelle est remplie de l'odorant poisson pour chat, parfum "herbes de Provence".

Fière de moi, j'attrape mon sac et mes clés, c'est l'heure de filer !

T'Z

Secret ParisienWhere stories live. Discover now