Chapitre Cinquième - Le café Eiffel

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Le parfum de l'aventure et la poussée d'adrénaline remettent mes jambes debout. Fascinante. Cette allée est fascinante. Telle une invitation, elle me murmure de m'approcher. Doucement, gentiment, je me risque hors du train. Il n'y a personne à l'horizon, pas une souris, pas une araignée.

Le chemin file droit, sur une dizaine de mètres avant de finalement se séparer en deux, assez droitement face à moi d'une part et penchant légèrement plus vers la gauche d'autre part. Les murs incurvés au-dessus de ma petite tête, sont d'un bleu scintillant, un bleu de fête. Quant au sol, il est recouvert d'un élégant tapis de velours couleur nuit. En s'approchant de plus près, on peut distinguer de minimes étoiles d'argent et de verre. Ce tunnel forme à lui seul, d'infinies constellations.

Plus l'on s'approche, plus les délicates notes de musiques se font entendre. Elles révèlent la joie, la liesse d'une heureuse soirée qui ne finit jamais que tard dans la nuit. Je m'arrête un instant pour en savourer la mélodie. L'art c'est ça. C'est le pouvoir de transporter quelqu'un sans avoir à proprement parler besoin de la toucher pour la soulever et la déplacer. C'est ce sentiment qui vous prend aux tripes. Curieuse d'en apprendre plus, je me dirige vers le bout du tunnel.

Un léger souffle me parcourt le dos, me poussant légèrement. Il y a de l'électricité dans l'air, une tension intense et pourtant, chaleureuse et agréable. Chaque mètre parcouru se ressent comme un pas de danse.

J'y suis. Incroyable.

Mon regard ne sait où se poser. Mes yeux se perdent. Je suis face à un spectacle digne des plus célèbres contes de fées. Sous un dôme haut de plusieurs mètres, d'innombrables créatures sont attablées, des nymphes à la peau translucide, des sorciers au style victorien prodigieux, des nains, des fées... J'en devine certains vampires ou loup-garou, l'intuition vous voyez. Ils sont tous réunis dans cette magnifique salle, sorte de cavité immense telle le visage de l'infini univers. Plusieurs constellations sont représentées à même le plafond et servent d'éclairage. Je reconnais là la petite ours, ma casserole fétiche. Si le chemin d'entrée était à en couper le souffle, que dire de cette salle ?

Des tasses en porcelaine d'une transparence pure auréolées de vapeurs bouillantes virevoltent dans l'air, du bar central vers les tables pour se poser précisément face aux convives, suivi du sucrier, de la petite cuillère et de la note, évidemment. Le mobilier de pierre est en très légère lévitation par rapport au sol de manière à ce que les balais et autres serpillères puissent nettoyer à leur aise.

Le plus beau, sans doute, est l'harmonie musicale dans laquelle est baigné l'endroit. Les instruments jouent seuls sur la scène et pourtant, tous en profitent. Vraiment, il faut que je parle à ce piano, il est divin.

             - Mademoiselle, bienvenue au café Eiffel, vous êtes attendue et le temps presse. Si vous voulez bien me suivre ?

Est-ce bien à moi que parle cette femme ? Ou devrais-je dire, cette version humanisée de la luciole ? 

- Mademoiselle ?

Il faut croire que oui.

- C'est vraiment à moi que vous parlez ? Nan sérieux ?

Pas patiente pour un sous, la femme luciole tourne les talons et entame un pas déterminé. Ça va, message reçu. Je la suis aussi rapidement que mes jambes me le permettent.

En prenant le temps de détailler mon guide plus longuement, j'observe son tatouage au-dessus du poignet gauche. Il m'indique que son nom est Gabrielle.

Gabrielle est de taille moyenne, 1m67 à la louche et d'allure élancée. Sa peau irradie d'une chaude lumière à une fréquence cadencée. La lumière est percevable à travers ses vêtements : une robe courte en mousseline et soie entremêlées. Elle semble venir de mes rêves les plus fous et pourtant...

Nous nous arrêtons au fond du café face à une imposante porte en chêne massif. Les poignées sont dorées. Je me demande si c'est du vrai ou du plaqué. Gabrielle tend la main vers la sphère de Crystal disposée sur le côté, en haut d'un sceptre et comme par magie, la porte s'ouvre sans un bruit.

D'un signe de la tête, je comprends que nous devons entrer. Dans ce grand bureau, décoré avec goût, des livres et divers bibelots s'entassent. Un fauteuil se retourne pour me révéler un homme d'âge mûr :

            - Miranda, je vous attendais. Bien, je vois que vous n'êtes point ni surprise ni choquée ni traumatisée alors que vous venez de traverser un café rempli de créatures fantastiques, où la musique se joue seule, où la mode de la cape est actuelle. Tout cela, vous le savez, est bien réel. Miranda, je vous prie asseyez-vous.

Bien trop fascinée pour ne dire mot, je m'assoie sur le premier fauteuil venu, un confortable fauteuil de velours rubis. 

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⏰ Last updated: Oct 15, 2017 ⏰

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