Chapitre XXX : Emeyrria - La peluche

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Nous contournons le palais et nous approchons du bord. Je me demande bien où m'emmène Maître Limorea. Je croyais que ma maison était sur l'île ? Il saute dans le vide. Je le suis et appelle mon Vlomay. Yol vient me réceptionner la seconde d'après.

- Où allons-nous ?, je demande à Maître Limorea une fois à sa hauteur. Les restes de la maison n'étaient-ils pas censés être en ville ?

- Non, ils ne l'ont jamais été. D'ailleurs, ta maison n'a jamais brulé. Je t'ai menti, et j'en suis désolé.

- Je ne vous en veux pas.

- Arrête de me vouvoyer. Ici, je suis l'ami de tes parents, celui qui leur a promis de prendre soin de toi.

Je reste silencieuse. Nous volons pendant quelques minutes durant lesquelles je caresse tendrement l'encolure de Yol. Et lorsque je me décide enfin à relever la tête nous approchons d'une petite île solitaire. Les cieux sont parsemés de ce genre d'îlots. Nous nous posons en silence. Une ferme a été construite sur ce petit morceau de terre. Je n'ose pas m'approcher. Alors ici c'est chez moi ?

- Prends ton temps. Si tu as des questions, j'y répondrais.

Je me tourne vers Maître Limorea. Il me tend sa main dans laquelle repose une jolei clé en fer pur en forme de trèfle. Je la récupère et avance pas à pas vers ma vie passée. Je glisse l'objet dans la serrure et la tourne. Un bruit de ferraille rouillée se déclenche derrière et lorsque je pousse le porte celle-ci grince fortement.

Un peu de poussière s'envole à cause du courant d'air créé par l'ouverture de la maison après des années d'enfermement. Une odeur de vieilli parvient à mes narines mais, dans le fond, cette odeur me parait naturelle, comme si je la connaissais depuis longtemps.

Je pose un premier pied sur le parquet d'un long couloir qui traverse l'entièreté de la bâtisse. Il fait plutôt sombre à l'intérieur. Un frisson parcourt mon corps. C'est chez moi, je suis chez moi. J'avance de quelques pas. À ma gauche, au-dessus d'un petit meuble pour poser les clés, est accroché un miroir, brisé à de nombreux endroits. J'observe mon reflet cassé. J'ai repris un peu de couleur comparé à hier, même si ma peau est toujours extrêmement blanche.

Pourquoi est-ce que je fais ça ? Ai-je vraiment envie de découvrir tout cela ? J'ai toujours voulu savoir mais maintenant... J'ai peur de connaitre la vérité sur mon passé, sur moi, de découvrir mes origines de découvrir qui je suis.

- Je suis un peu idiote, je pense à voix haute.

Je souris devant ma bêtise, me donne deux trois claques sur le visage pour me remettre l'esprit en place et continue d'avancer dans le couloir. Je parviens à une intersection : une porte à droite, une porte à gauche. Je jette un coup d'œil de chaque côté. Celle de droite mène à la cuisine et celle de gauche au salon. Mon corps se tourne instinctivement vers la salle de vie. J'entrouvre un peu plus la porte et découvre la premièrere pièce.

Je reconnais brusquement la pièce de mon rêve, avec la fenêtre au fond par laquelle on apercevait la lune immense. Je remarque que tout a été laissé en plan, comme si on avait arrêté net une vie sans la ranger. La table pour les repas est encore recouverte de vieux papiers qui semblaient avoir une importance capitale à l'époque. Il y a aussi un gâteau entamé dans un plat. Il a moisi maintenant.

Je reconnais sans mal le canapé sur lequel était allongée Cirol, proche d'une cheminée encore encombrée par des morceaux de bois. Je fais un tour sur moi-même pour observer la pièce dans son ensemble. Près de la porte par laquelle je suis entrée, il y a un cadre cloué au mur. Je m'approche doucement. Il s'agit d'un portrait familial. On y reconnait mon père et ma mère me tenant dans ses bras. Dans le petit couffin, on m'aperçoit sourire aux anges et tendre les mains vers ma maman. Alors c'est à cela que ma famille ressemblait ? On avait l'air heureux.

The Songs of Osira - Tome 1 : La Légende des CieuxWhere stories live. Discover now