CHAPITRE 2 : Rosa Centifola

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  Une rose, oui une rose. Rosalie eut un moment de recul, mais rien de bien alarmant (en apparence). Dans sa tête, tout signe de courage était parti, elle était terrorisée, elle se reprit avant que Christophe ne s'en aperçoive. Cependant chaque soir, elle faisait le même rêve, mais pas un songe, cela ressemblait plus à un souvenir : elle voyait un enfant, un bébé, dans un berceau. Des roses rouges recouvraient ce petit lit serti de dentelle. Dans cette couche, dormait paisiblement une petite fille, brune. Ses lèvres étaient retroussés et ses pommettes, rosées. Elle ressemblait à une jolie poupée ... Un long silence, même pas une inspiration. Puis une goutte de sueur perla sur ce jeune front, suivi d'une larme, cette petite fille commença à se débattre violemment. Le drap qui la recouvrait fut repoussé et sur son cœur, Rosalie nota la présence d'une fine broche rouge. "Bili, bili ! Bili, bili ! ". Elle n'eut pas le temps de préciser ce qui était sur le cœur de l'enfant, encore une fois son rêve s'arrêta net par le son désagréable de son radioréveil.

Toute transpirante, et en dormant à moitié Rosalie se dirigea tel un zombie vers la salle de bain. Elle ôta précipitamment sa tenue de nuit et se faufila sous la douche pour ne pas être piqué par ce froid hivernal. Le pommeau de douche libéra bientôt l'eau chaude qui déferla sur le crâne encore songeur de Rosalie, puis glissa sur sa nuque. Ce ruissellement continua son chemin sur son dos jusqu'à ses talons. Ensuite celui-ci s'élargit pour terminer en un fleuve qui glissait paisiblement sur le corps nu d'une femme endormie, comme si celle-ci voulait se purifier. En effet, la tête encore embrumée, Rosalie essaya de chasser ce rêve, mais ne parvint qu'à se crisper un peu plus. Elle finit donc par s'abandonner à cette douleur intérieure, à divaguer de songes en souvenirs, de peur en plaisir ... jusqu'à ce qu'une voix la ramène à la réalité.  
  Elle finit donc sa douche, et déjeuna en vitesse pour ensuite quitter son cocon pour la journée. Elle fit un détour avant de se diriger vers Rétro-plis pour prendre l'air et essayer de penser à autre chose qu'à ce rêve qui la tourmentait. Lorsqu'elle y entra, Philipe n'était pas là. Habituellement, il commençait trente minutes avant elle, et il n'était jamais en retard. Mais l'idée qu'il ne soit pas là, n'effleura même pas l'esprit songeur de Rosalie, ce matin-là. Elle se rendit donc derrière le comptoir pour attendre les premiers clients. Pourtant quelques chose l'interpella... Sur la caisse était posée une feuille blanche où il était noté d'une écriture tremblante et saccadée : " Tu sais où tout a commencé et si tu ne veux pas être la cause d'un second mort, il va falloir venir à 3h32 précise, dans ta tenue légitime, pour me sauver. Philippe ".
Elle suffoqua, de multiples questions se bousculaient dans sa tête, elle savait de qui il s'agissait, elle savait où elle devait aller, mais justement : Devait-elle y aller ? Elle les connaissait bien, après tout, ils avaient été sa première famille, donc elle savait plus que n'importe qui la violence dont ils pouvaient faire preuve. Les Bloodsheds étaient impitoyables, ce n'est pas pour rien que leur nom signifiait : effusion de sang. Rosalie eut un élan de pitié pour Philippe, sa voix tremblotante raisonnait encore dans sa tête, ou plutôt la voix de Charles Lecomte : la première victime de Rosalie. Et cette rage qui coulait dans les veines des Bloodsheds la terrorisait. C'est pour cela, qu'elle avait tout fait pour ne pas être retrouvée, pour ne pas revivre ça mais aujourd'hui tout ce qui devait la protéger s'était effondré. Les Bloodsheds tenaient Philippe, elle était prise au piège, pourtant sa décision fut plutôt simple à prendre, elle ne laisserait pas mourir un innocent une seconde fois.

  Après avoir installé la pancarte de fermeture exceptionnelle sur la devanture de sa boutique, elle fila chez elle. Tout ce qu'il lui restait de sa vie passée se trouvait dans un tiroir fermé à clé dans son ancien bureau, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle n'y rentrait plus : de peur de replonger, mais elle n'avait pas non plus la force de renier les personnes qui l'avaient accueillie, élevée, aidée à se forger une personnalité. Elle se faufila donc dans son appartement, se dévêtit et entendit Christophe qui chantonnait. Elle jugea donc préférable de le prévenir qu'elle était rentrée. Après une petite conversation, des embrassades chaleureuses et des petites remarques amoureusement prononcées, notre couple décida d'un regard qu'ils passeraient la journée ensemble (malheureusement pas pour les même raisons : Christophe parce qu'il aimait sa femme, Rosalie parce que ce qui se passerait ce soir ne pouvait pas être prévu). La journée se passa donc dans le plus grand des romantisme.

  Ce soir-là, Rosalie pénétra dans son bureau avec une boule au ventre. Elle inspira, puis expira lentement. Elle glissa sa main sous son tee-shirt pour récupérer son pendentif en forme de rose, il était métallique. Sa couleur délavée témoignait de son ancienneté. Rosalie l'avait toujours porté. La tige de la rose avait des épines qui faisaient vraiment mal. Mais Rosalie continuait de le porter pour lui rappeler son passé.
  Elle l'introduisit donc dans une petite serrure imperceptible à l'oeil nu. En effet cette serrure était dissimulée au centre d'une rose parfaitement dessinée sur sa bibliothèque. Un cliquetis se fit entendre et un tiroir s'ouvrit. Elle y avait déposé soigneusement un jean noir nuit un tee-shirt de cette même couleur et une veste en cuir sombre munie au niveau du cœur d'une broche avec une rose. Cette même rose qui avait fait son nom, elle avait fait sa force, elle avait choisi ce nom parce qu'il représentait exactement qui elle était : simplicité à vue, complexité à l'intérieur, attirance au premier coup d'œil, souffrance au touché. Nous y trouvions aussi des baskets noirs d'une neutralité déconcertante. Rosalie se vêtit donc de cette attirail. Elle remarqua qu'il lui manquait quelque chose, quelque chose qui signifie la femme qu'elle est aujourd'hui, ainsi elle échangea ses baskets contre des chaussures à talons pas très pratique mais elle voulait qu'une partie de la personne qu'elle était devenue soit là pour la soutenir.
  Lorsqu'elle mis sa veste, elle pût sentir à travers son maillot le contact froid du métal. Il y avait toujours son "arme de service" dans la poche de son perfecto. Cette même arme qui avait fait une victime, 9 ans plutôt. Allait-elle en faire une cette nuit ?

  Trois heure quinze, Rosalie se faufila en dehors de sa maison en haletant. Durant le chemin son rythme cardiaque ne fit qu'accélérer. Elle savait où aller, il s'agissait du port, c'était à cet endroit qu'elle avait rencontré les Bloodsheds et qu'ils avaient décidé de la "former".
  Trois heure vingt-deux, elle se gara à cinq minutes à pied du port pour se calmait et remettre son masque impassible. Elle marcha pendant plusieurs minutes à la recherche du calme complet, et de la paix.
  Trois heure trente et une, une inspiration, un pas. Rosalie était méconnaissable. Lorsqu'elle arriva sur le port la nuit régnait, et tout ce que nous pouvions entendre était le son des vagues qui s'écrasaient sur la digue, et le son de ses talons sur le béton. Des conteneurs rouillés formaient un labyrinthe où seul les connaisseurs arrivaient à ne pas se perdre. Rosalie pris deux fois à gauche puis une fois à droite comme si elle connaissait par cœur ces chemins métalliques. Juste avant le dernier croisement, elle eut une montée d'adrénaline. Et la femme impitoyable qu'elle avait été, reprit sa place dans le corps de Rosalie ou devrais-je dire La Rose. Elle avança donc le regard plein de haine au centre du labyrinthe tel un animal sauvage et déterminé.
  Trois heure trente deux : " Juste à l'heure, je vois que tu n'as pas perdu tes vieilles habitudes, crois tu réellement que nous ne t'aurions pas retrouvée malgré ta 'fausse' identité."
La Rose resta de marbre, pas une seule réaction n'apparut sur son visage à la rencontre de Téqui (le chef des Bloodsheds). Ainsi Téqui continua son long et ennuyeux discours : " Tu es toujours aussi amicale qu'il y a 9 ans apparemment ! Je ne comprends toujours pas pourquoi tuer a été si difficile pour toi ?! ". Un frisson parcourut l'interlocutrice et son regard s'emprunt de rage pourtant la seul réponse qu'elle put lui offrir fut : " c'est quoi le deal ?
      - Rien de bien étonnant, tu étais le meilleur élément du gang, tu as disparu du jour au lendemain, j'ai un coup la semaine prochaine, tu le fais avec moi et si tu es sage je te rendrais ton chien de garde ?
      - D'accord, fais moi parvenir le infos du coup et les horaires ...", elle prononça cette phrase en se retournant et claquant son premier talon contre le sol.
Cependant à la fin de sa phrase un sanglot perdu se fit entendre, Philippe qui était ligoté à une chaise était au bord de la crise cardiaque. Il était littéralement tétanisé, la femme qu'il aimait depuis toujours était une criminelle !!! Il reçut un violent coup sur la tempe qui le fit saigné : " Tais-toi, ou le prochain coup sera une balle ! ... Reprenons, pouvons-nous considérer que La Rose est de retour parmi nous ?" S'exclama Téqui d'un ton sarcastique. Mais loin de le calmer, la femme qu'il avait prit sous son aile lui retorqua avec une violence inouïe dans un simple mot : " JAMAIS !". Puis elle partit pour échapper à l'animal qui allait reprendre le pouvoir sur son être, un animal sauvage qui lorsque l'on si frotte ne nous permet que de récolter du sang et de l'effroi.

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Salut à tous, un chapitre un peu plus long mais j'ai eu énormément de plaisir à l'écrire. N'oubliez pas de voter et commenter. Merci de m'avoir lu. Bisous...

La RoseWhere stories live. Discover now