Foyer, première impression

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Je ne veux pas rester une minute de plus dans cet appartement rempli de souvenirs de papa. Je décroche les partitions à la vas vite et les fourre dans un sac de voyage avec des albums photos et des vêtements de rechange. Je passe ensuite au salon et prends quelques affaires éparpillés.

-Néza ? Tu ne prends que ça ?

Je ne réponds rien au psychologue qui m'accompagne et m'approche de mon synthétiseur. Je reste devant sans bouger. Il devine immédiatement

-Je ne crois pas que ça va être possible de l'emmener au foyer tu sais. C'est encombrant et tu partage déjà ta chambre avec quelqu'un d'autre.

Tsss.. Je la partage avec ce crétin d'Elijah.

-S'il vous plaît... C'est tout ce qui me reste...

Il reste pensif, se gratte la nuque.

-Bon, je vais voir ce que je peux faire.

Ça fait une semaine que je suis dans ce foyer. Et une semaine que j'ai arrêté de parler. Je ne pleure plus. Je crois avoir pleuré la limite de larmes possible, ces deux premiers jours.

Mes actions sont maintenant mécaniques et dénudées de sentiments. Descendre manger avec tout le monde, dormir (en cauchemardant pour la plupart du temps), se doucher, aller en cours, rentrer, ne pas répondre à Elijah, faire mes devoirs et rester allongé dans le lit du haut. Je suis un putain de zombie.

J'ai croisé d'autres enfants. La plupart ont environ mon âge mais il y'a aussi le côté, des plus jeunes dont je ne m'approche pas. Je vois dans tout leurs regards qu'ils ont vécu des choses atroces, bien pires que moi. Certains, comme Elijah, on encore des marques sur le visage ou les bras. On devine leurs souffrances.

Et puis il y a ceux qui montre leur souffrance à travers la colère. En insultant et frappant les autres une fois que les responsables du foyer sont partis. Il y'a aussi les muets, comme moi, ceux qui se cachent dans leurs chambres et qui évitent au maximum les embrouilles. Et puis tout le reste.

Ce foyer est nul. Faut pas croire que, parce qu'on a tous vécu des choses compliquées, qu'on va tous se serrer les coudes et tout partager en dessinant des soleil et des arc-en-ciel sur le béton de la cour.

Non, c'est chacun pour soi. Tu veux une douche bien chaude ? Très bien, sois courageux et impose toi. Ou soumet toi au plus fort et va sous ta putain de douche gelée. Pareil pour les portions de nourriture ou la place dans la salle télé. Et t'a intérêt à tenir ta langue ou tu finis salement amoché.

Les responsables ne se rendent compte de rien et le psy n'est présent qu'une fois sur cinq.

C'est un enfer, ce foyer.

NézaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant