1~Transformation

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 C'était un jour comme les autres, au lycée. Assise sur un banc, derrière mon carnet à dessin, je passais le temps. Il ne faisais pas très beau, en ce premier jour d'automne, mais il ne pleuvait pas. Néanmoins, j'étais la seule assez courageuse pour rester dehors. J'entendais déjà les autres filles se plaindre : « Mais qu'est-ce qu'il fait froid ! »

Passons à autre chose. Ces filles ne m'intéressaient pas. Je n'avais d'ailleurs jamais eu d'amies.

En cet instant de paix, de quiétude, je laissai ma main dessiner les courbes d'un beau loup blanc quand soudain, une énorme douleur dans le crâne m'a fait lâcher le crayon. Mon carnet est tombé par terre, pendant que je me levai, vaseuse, du banc. Je n'avais pas fait un pas que je tombai à genoux sur le bitume, les écorchant au passage.

Mais je ne m'en souciai pas. Cette douleur n'était rien comparé à celle qui me broyait les os. Littéralement. Ils craquaient, s'allongeaient, se rétrécissaient... J'avais l'impression de voir ce qui se passait à l'intérieur de mon corps, de voir mes os se déplacer...

Soudain, cette douleur s'est arrêtée aussi vite qu'elle avait commencé. J'avais des courbatures partout, et un petit mal de tête, mais mes os ne craquaient plus. Je relevai la tête, un peu sonnée par ce qui venait de se passé. Je finis par décider d'aller aux toilettes pour me passer de l'eau sur le visage.

Je me levai tant bien que mal et partis aussi vite que je le pus aux toilettes. Là, je remarquai que je devais lever la tête pour voir le miroir. Qu'est ce qui cloche ? Je ne suis pas naine, et j'ai assez mangé ce matin. Je ne devrais pas être mal comme ça ! Je pris appui sur la poubelle pour monter sur le lavabo. Ce que je vis sur le miroir me fis pousser un petit cri et failli me faire tomber : devant moi ne se trouvait plus la fille blonde aux yeux bleus, à la peau or et avec sans arrêt un crayon dans les cheveux. Non. À la place, il y avait une belle louve blanche, d'un blanc lumineux. La louve que j'avais dessinée un peu plus tôt, dans la court, sur mon carnet à dessin.

J'entendis les pas précipités de plusieurs filles dans le couloir, qui venaient aux toilettes, alertées par mon cri. Je me dépêchai de sauter du lavabo, mais mon atterrissage ne se passa pas aussi bien que je l'avais prévu : n'étant pas habitué à être à quatre pattes, je glissai, tombai sur le sol, ma tête aux pieds... enfin aux talons d'une fille. Elle cria, suivi de toute sa bande, quand elles virent un gros loup.

Quand elles me virent, moi.

Je me dépêchai de partir, de m'en aller d'ici. Je croisai plusieurs professeurs qui se collaient aux murs quand je passai en poussant des cris. Ils avaient peur, alors que je tombai lamentablement à chaque foulée.

Une fois sortie du lycée, je me réfugiai dans la forêt, juste à côté. Je couru aussi vite et aussi loin que je le pu, n'essayant même plus de ne pas tomber.

Au bout d'un moment, essoufflée, je m'arrêtai et me couchai par terre. Ma vie était simple : pas d'amis, mauvaises notes, mère morte, père qui se soûle. Le seul objet que je traînai partout, était mon carnet. Mais je ne l'avais plus. Toute ma vie y était dessinée. Mais il était temps que ça cesse. J'avais toujours voulu partir, sans savoir où aller. Maintenant, je pouvais passer inaperçu et aller où bon me semblai.

Maintenant, je pouvais me créer une autre vie.

Je me levai et reparti dans la forêt, loin de la ville, de la pollution, de la technologie et surtout, loin des humains.

Je me mis à errer dans la forêt, sans aucun but. Je commençais à avoir faim, alors j'ai essayé de chasser. Mais c'était sans succès : je n'étais pas gracieuse, je faisais beaucoup trop de bruit, et je ne savais pas comment faire. Même mes instincts de loup ne me servaient à rien. Au moins, je pouvais boire grâce aux ruisseaux.

Au bout de plusieurs jours, je commençais à souffrir de la faim et de la solitude. Je voyais que j'avais beaucoup maigrit. Je me mis à regretter d'être partie si vite, sans un regard en arrière. Et comme je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas non plus comment rejoindre la ville.

En baissant la tête, accablée, je vis des traces de pattes sur la terre molle. Des traces de loups. Je me dis que c'étaient les miennes, mais je ne pus m'empêcher de continuer : cette partie de la forêt ne me disait rien.

Quelques heures plus tard, loin devant moi, venaient quelques loups. Ils étaient cinq. Si ça se trouvait, il y avait une meute pas loin.

Je m'arrêtai et attendis que les loups viennent vers moi. Celui qui dirigeait le groupe me dit :

– Bienvenue chez les loups. Tu t'appelles comment ?

Je réfléchis. Je n'avais pas de mère qui m'avait chouchoutée toute mon enfance. Je n'avais pas eu de père pour prendre soin de moi, pour m'apprendre ce qu'est la vie. Il avait été là juste pour rejeter la faute sur moi, pour que je sois seule. Peut-être était-ce justement grâce à lui que j'étais ainsi, solitaire. Mais, dans toute mon enfance, je n'avais pratiquement jamais connu le bonheur. J'avais fais des erreurs irréparables. Et pour cette raison, je voulais changer de vie. Cela faisait trop longtemps que je ne comptais plus. Personne ne m'aimait. Faire parti d'une meute de loups, c'était peut-être une seconde chance ? Qui sait ? Et puisque je voulais changer de vie, pourquoi pas changer de prénom, pour oublier mon passé douloureux ?

Maintenant que j'avais pris ma décision, je n'avais plus qu'à m'intégrer dans la meute.

– Je m'appelle Herrya !

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Coucou ! J'espère que mon premier chapitre te plaît ! Je vais sûrement poster tous les dimanches ;) N'hésite pas à me dire ce qui ne va pas, ce que tu en pense ou s'il y a des fautes d'orthographes ! ;)

Sur les traces du loup blancWhere stories live. Discover now