Chapitre 1

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Il redescendit pour la cinquième fois les escaliers en courant, une chaussure manquante et la moitié d'un toast dans la bouche. Etre en retard n'étais pas une nouveauté pour Jack Frost, mais l'être le jour de la rentrée au lycée, cela tenait presque du génie. Sa mère ne cessait de lui faire la morale tandis qu'il tentait de manger son petit déjeuner et de lacer sa deuxième chaussure en équilibre sur un seul pied.

« Je te l'ai répété une douzaine de fois par jour cette dernière semaine et pourtant tu es quand même en retard... je t'avais prévenu mais tu continues à ne pas m'écouter ! Et puis... »

Barbara Frost continuait de sermonner son fils tout en étalant rageusement de la confiture sur les toasts de la cadette de la famille, Emma. Cette dernière ne cessait de ponctuer le discours de sa mère par des « elle t'avait prévenu, Jack » ou encore « quel irresponsable tu fais, Jack... », un sourire narquois aux lèvres et encore une heure devant elle avant sa rentrée au collège. Jack, qui s'était affalé sur le sol pour mettre sa Converse manquante, se releva en continuant d'ignorer les remontrances de sa mère. Il ramassa une pantoufle au milieu du couloir et la lança sur sa sœur, toujours assise dans la cuisine, prit son sac, déposa une bise rapide sur la joue de sa mère et courut dans la rue pour ne pas rater son bus (et accessoirement pour éviter d'autres cris stridents pour la pantoufle dans le chocolat chaud de sa petite sœur). Il courait maintenant comme un dératé le long de la rue, bousculant au passage son voisin retraité, et arriva à l'arrêt de bus totalement essoufflé. Il y avait déjà plusieurs personnes, dont une jeune fille à la crinière rousse, au jean déchiré, chemise trop grande et sac à dos tagué de toute part. Elle observait le jeune garçon depuis son arrivée, bras croisés et rictus moqueur au coin des lèvres, et s'adressa à lui avec un fort accent du nord de l'Angleterre :

« T'as failli être en retard, Frost.

-Ne me... cherche pas... dès le premier... jour... Dunbroch ! »

Il reprenait peu à peu son souffle tandis que le bus arrivait. La jeune fille sourit, laissa monter les autres pour attendre son ami et monta à son tour dans le car, frappant (amicalement bien sûr) l'épaule de Jack qui laissa échapper malgré lui un léger cri de douleur. L'été ne l'avait pas changée, Mérida était toujours fidèle à elle-même. Il la suivit et ils s'assirent l'un à côté de l'autre au milieu du car.

« Tu aurais pu faire l'effort de bien t'habiller pour la rentrée, dit Jack à la rouquine pour l'embêter.

-Le fait que je vienne avec des vêtements et non un pyjama est déjà un exploit, répondit-elle, et puis ce n'est pas parce que tu viens habillé comme un petit intello que je dois faire de même et venir en jupe plissée et escarpins vernis ! »

Sur ce, elle colla son chewing-gum sur le siège devant elle. En effet, elle n'avait pas changé. Jack remit le col de sa chemise correctement et passa la main dans ses cheveux bruns en bataille, puis le bus s'arrêta de nouveau, laissant monter d'autres personnes.

« Salut les gars ! »

Raiponce, petite blondinette pleine de vie et bonne humeur, leur fit la bise avant de s'asseoir devant eux, tandis que les jumelles Elsa et Anna s'assirent dans la rangée juste à côté. Jack connaissait les trois filles depuis maintenant quatre ans, et il connaissait Mérida depuis l'école primaire. Raiponce, avec ses grands yeux verts et son air constamment joyeux, était pour lui comme une sœur, il savait qu'ils pouvaient tout se confier sans jugements. Elsa et Anna étaient les cousines de Raiponce. Depuis la mort de leurs parents il y a quelques mois, elles vivaient chez leur oncle et leur tante, les parents de Raiponce, c'est pourquoi elles la considéraient plus comme une sœur qu'une cousine. Anna, malgré ce malheur, essayait de toujours garder le sourire : avec ses longs cheveux châtains tirant sur le roux, ses yeux bleus et ses tâches de rousseurs, Jack savait que beaucoup ne restaient pas insensibles à son charme. Elsa, quant à elle, semblait être un opposé d'Anna : sa beauté avait l'air froide et figée avec ses longs cheveux d'un blond presque blanc et ses yeux d'un bleu de glace. Elle était de plus en plus distante depuis le décès de ses parents, même si ses amis continuaient d'être là pour la faire rire.

Walt WorksWhere stories live. Discover now