Chapitre 5

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Les larmes inondent mon visage, mon corps est secoué par les sanglots non retenu, et pourtant, imperceptible aux yeux du monde. Je pleure dans ma voiture, suis une Audi aux vitres teintées dans les rues de la ville... Une ville qu'on quitte rapidement pour nous retrouver isolé du maigre espoir de survie que j'espérais.

J'ai essayé de demander de l'aide, j'ai essayé de supplier Joséphine, malheureusement, moi qui était une piteuse actrice, je me suis trouvée parfaite dans le rôle de la malade dont le directeur s'est pris de peine pour la disposer de travail. Au parking, il m'a ordonné de le suivre sans faire de manière, et une fois encore j'ai obéi... Je l'ai suivi en dehors de la cité, là où j'avais encore une chance...

Nous pénétrons une propriété privée, je remarque que ça pourrait être paradisiaque si cet endroit était entretenu. Une grande maison que le temps n'a pas épargnée se dessine, le directeur se gare et je l'imite. Je me retrouve dépourvue de volonté, de force, je me sens molle, vide... mourante... et comme plus tôt dans l'hôpital, j'obéis à son ordre pour me retrouver dans un salon extrêmement beau, à la décoration ancienne et moderne à la fois... et je me retrouve enfin.

- Qu'est-ce que vous allez me faire ? Demandé-je dès que j'en ai l'occasion, monsieur Merkens se serre un verre de whisky, si tôt ? J'aimerais le même chose, tient.

- Je ne sais pas, admet-il en buvant d'une traite la liqueur, je déglutis machinalement.

- Je peux en avoir ? Je me surprends à demander, il me jauge un peu moqueur.

- Je doute que tu puisses supporter ça...

- Peut-être n'aimez-vous pas le sang alcoolisé ? Le provoqué-je et son regarde se voile un instant d'une lueur étrange, malsaine.

- Tu te trompes, j'adorerais aromatiser ton sang...

- oh, putain, juré-je en reculant d'un pas, le directeur lève les yeux au ciel.

- Sois polie ! Claque-t-il en buvant son autre verre, il se resserre et me rejoint. Goute-moi ça, ce whisky est plus vieux que toi...

Durant une seconde, je songe qu'il a bu avant moi, mais je ne fais pas de manières, saisis le verre et boit une gorgée pour m'étouffer tant c'est fort. Ma gorge brûle. Je tousse et inspire pour éteindre le feu, alors que lui rit simplement et reprend son bien pour le terminer. Dire que je pensais me saouler pour ne pas affronter clairement la mort...

- Tu es décidément très distrayante, dit-il en retrouvant son calme.

- Contente de vous amuser... Je pourrais rentrer chez moi, maintenant ? Tenté-je sans vraiment y croire.

- Absolument pas, je suis navré, Mina, mais ... tu vas devoir rester ici le temps que je trouve une solution.

- Vous pouvez recommencer comme tout à l'heure ? Me forcer à rien dire... Ça marche votre truc ! A chaque fois que j'aurais envie de vous balancer, je parlerais dans ma tête, comme avec Jo, mais je ne disais rien...

- Je vois que tes promesses de ne rien dire n'était pas très sincères, me réprimande-t-il, je retiens mon souffle, me trouvant ridicule tout à coup. Il poursuit en me tournant le dos. Et puis, la contrainte n'est pas définitive, elle agit une heure ou deux, tout au plus, parce que l'esprit humain se reprend, réfléchi, conclus qu'il est libre de faire ce qu'il veut...

- Alors quoi ? vous allez me garder ici ? Contre mon gré ? Et quand vous trouverez le courage de me tuer, je serais à disposition ! Maugrée-je dépité, il me regarde enfin et je baisse les yeux. J'ai de la famille, des amis, ils se poseront des questions sur mon absence, ils me chercheront...

Parfaite, pour lui...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant