LE JOUR OÙ TOUT A SEMBLÉ IMPOSSIBLE

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Toujours durant l'unique après-midi où Reina est rentrée

Je suis sorti. Énervé, épuisé, bouillonnant et prêt à exploser. Tristan a froncé les sourcils en me voyant débarquer dans l'allée.

- Est-ce que je peux parler à Reina un instant ? demandé-je en les voyant se serrer dans les bras.

Reina a acquiescé et doucement, nous nous sommes éclipsés. J'ai eu envie de passer ma main dans ses cheveux, la sentir tout près de moi, sans l'impression d'avoir un océan rien qu'entre nous.

- J'ai rencontré un gars à la ville à l'océan... un gars que j'aime, annonce-t-elle en marchant.

Je l'écoute, attentivement, les poings serrés et le mal me rongeant.

- Toujours avec Shems ? interroge-t-elle.

Ça fait des mois que je ne suis plus avec elle, que je me suis décidé à ne plus vouloir la connaître. Reina n'est plus là. C'est con l'amour. C'est possessif et ça fait mal. Alors j'évite maintenant tout ce qui pourrait me rendre encore plus vulnérable.

Elle me regarde. Je m'arrête. Elle s'arrête. Je la regarde.

Une petite brise souffle. Un alizé de mélancolie.

Il y a tant de choses que j'aimerais lui dire. Tant de mots qui m'étranglent le cœur.

Le larmes me montent aux yeux... et subitement, j'explose en y repensant :

- Je t'aime, Reina. Vraiment. Encore. Enfin, c'est ce que je crois. C'est ce que j'aurais dû te dire l'autre nuit. « Je t'aime Reina Lyange. » Encore une déclaration. Encore et toujours la même. Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Je t'aime parfois au point de me demander ce qui pourrait me retenir de ne pas t'aimer. Ça me gave. Ça me bouffe. Même les citations à la con s'appliquent à ma situation. Je t'aime. Et toi tu me fuis, tu pars, tu rencontres un gars, tu vis. Et moi, merde, moi... Reina, je t'attends. Je n'attends que toi bon sang.

Ire. Boule de colère qui se forme en moi. J'aimerais crier sur elle, démolir ma peine. Ire. Je la déteste de ne pas m'aimer en retour comme avant, comme durant l'autre nuit, comme quand nos lèvres se sont touchées pour la première fois de nos vies.

Reina pose sa main sur ma joue, embrasse le haut de mon front avant d'essuyer ses larmes.

- Tu m'as brisée le cœur Isaac.

C'est vrai qu'elle a brisé le mien aussi. Sa peau s'éloigne de la mienne.

- Merci d'avoir été mon premier amour, affirme-t-elle en reculant.

C'est comme un adieu et un remerciement, comme un dernier « au revoir » et un dernier « merci » touchant.

Elle et moi, ça aurait pu marcher si nous l'avions voulu. Elle et moi, nous aurions été moins malheureux si nous nous étions dit les bons mots aux bons moments.

Et elle disparaît, comme si rien n'a vraiment été dit. Comme si j'étais déjà un souvenir. Reina n'est pas parfaite ; elle fugue, elle fuit ses soucis. Et moi j'ai toujours cru ne pas faire de même. Peut-être que si elle se le permettait, elle m'aimerait en retour. Notre amour est un regret. On sait tous les deux profondément, que si nous effacions cette nuit où tout a semblé possible, ce jour ne serait pas celui où tout a semblé impossible.


FIN.

IREWhere stories live. Discover now