Chapitre 23

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Lorsque la porte se referma derrière moi, un frisson incontrôlable me parcourut l'échine. Je m'éclairais uniquement à la lumière de mon téléphone pour attirer le moins possible l'attention – la seule pensée qu'une mince lueur de lumière pouvait filtrer sous la porte et informer quelqu'un de ma présence me donnait la chair de poule –.

Tout était rangé consciencieusement. C'était d'un ordre froid à en faire peur. Tout était inexpressif et morne, comme mort depuis des années. Certains tiroirs prenaient la poussière, d'autres devaient avoir été consultés récemment, pas tout à fait remboîter dans leur compartiment.

Je cherchais quatre élèves. Deux garçons. Deux filles. L'une étant celle qui avait été accusée avec ma sœur. Son nom avait fuité durant notre petite sortie de groupe – aurais-je omis de préciser que Maxime était le fils du dirlot ? –.

Brusquement, mon cœur s'était comme arrêté dans sa course folle.

J'avais oublié.

Un détail aussi important, j'avais réussi à l'oublier.

Je chassai l'horrible conclusion qui me venait à l'esprit et le regard suspicieux que m'avait accordé Maxime avant mon départ pour le collège.

Lise connaît Maxime. Maxime connaît Lise.

Mais ils n'ont pas l'air de beaucoup s'apprécier, peut-être qu'ils ne s'adressent même plus la parole...

Je secouai la tête de droite à gauche.

Attends...mais que foutait Lise ici déjà ?

Elle ne me l'avait pas dit.

Mon cœur battait de plus en plus rapidement. Il fallait que je trouve ces dossiers et au plus vite.

Bien. Jennifer traînait souvent avec trois autres personnes, deux garçons et une fille. Je suppose que c'était eux.

Je prends en photo ce qui m'intéresse et je me casse. Rien de bien compliqué.

Attends...est-ce qu'il y a des caméras dans le collège ?

Mais qu'est-ce que je suis con...mais qu'est-ce que je suis con...

Tant pis, maintenant que le mal est fait autant y aller jusqu'au bout.

J'avais enfin trouvé la lettre T parmi tous les tiroirs. J'étais enfin devant le fameux dossier TRAUKONS. Je le tirai vers moi et en ouvris son contenu. Je pris en photo tout ce qui pouvait m'être utile avec mon téléphone et le remis en place après ça.

Maintenant, au tour des trois autres.

Le deuxième s'appelait Bryan MOULIN. Je réalisai la même démarche pour le dossier de Jennifer et me mis déjà en quête du troisième. Un certain Kevin POIRIER. Je me détendis quelque peu après m'être occupé de son dossier et cherchai du regard le dernier qui ne devait pas être très dur à trouver : Line ALUN. Je me dirigeai vers les premières étagères et tirai le dossier vers moi.

Un bruit étrange retentit alors et je retirai ma main de la tranche du dossier, éteignant précipitamment la lumière de mon téléphone.

Une porte qui s'ouvre...puis se ferme.

Sans plus réfléchir, je pris le dossier ressortant le plus et m'accroupis avec lui. Il fallait que je le prenne en photo puis que je me casse d'ici sans que la personne dont j'entendais l'écho des pas ne se rende compte de ma présence.

Je n'arrive plus à penser correctement.

Qu'est-ce que je dis si je me fais choper ? Qu'est-ce que je suis censé faire ? Est-ce que je peux seulement bouger sans me faire repérer ? Pourquoi est-ce que j'ai été si imprudent ?

Tuez-moi..juste, tuez-moi.

Mon sang battait dans mes tempes, il faisait noir. J'entendais l'autre gars jurer, c'était le concierge, il ne trouvait pas la lumière.

Tant pis, j'embarque le dossier avec moi, je ne peux pas me permettre de rater cette occasion et je ne peux pas non plus me permettre d'attendre que l'autre vieux allume la lumière.

S'il fait ça, je suis grillé. Si je prends en photo ce dossier, je suis grillé. Si je respire, je suis grillé.

Dans tous les cas, je suis grillé.

Mais merde, en plus il a déjà refermé la porte.

Si je l'ouvre, je suis grillé.

Ma seule chance est d'attendre qu'il parte.

Mais s'il ne part pas ?

S'il ne part pas, je suis grillé.

J'essayai de reprendre ma respiration mais j'avais l'impression que chacun de mes mouvements faisait le bruit de treize éléphants en colère.

Ah...bordel, bordel, bordel...

Bien. A trois, j'ouvrirai les yeux, le concierge sera parti et je serai à l'extérieur de ce maudit bahut.

Un...deux...trois.

J'entendis le maugréement du concierge « Foutue lumière... » puis le claquement de la porte qui s'ouvre pour se refermer.

Je rêve ou...il était vraiment parti ?

Pas le temps de se poser de questions, je me ruai dehors en prenant quand-même garde à ce que le concierge ne soit plus dans les parages et me mis à courir comme si ma vie en dépendait - ce qui était plus ou moins le cas - jusqu'au portail du gymnase.

Je commençai à l'escalader jusqu'à ce que je me rende compte que quelque chose me dérangeait.

J'avais oublié que j'avais embarqué le dossier avec moi.

Un jour, je vais finir par me tuer.

Je rangeai le dossier dans mon sac que je balançai par dessus le grillage et me dépêchai de l'escalader.

Je le récupérai au passage et continuai de courir pour entrer dans le gymnase et ressortir par là où je m'étais infiltré.

Une fois à l'air libre, l'adrénaline redescendit aussi vite qu'elle était venue et je commençais enfin à me rendre compte de ce que j'avais fait.

J'ai volé un dossier.

Et je vais devoir le remettre à sa place.

Il y a vraiment des jours où on ferait mieux de rester coucher...

≈≈≈

William et son tempérament à se surestimer pour au final faire des erreurs qui lui seront fatales...ahlala...

Alors, chapitre assez différent des précédent, on est beaucoup plus dans la tête de William que d'habitude.

Bon, eh bien, je vais vous laisser imaginer ce que William va découvrir de ses petites investigations 😏 nyeheheheh ça va barder

L'Art de Mentir ✔Where stories live. Discover now