Épilogue

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— Hé m'sieur ! Vous êtes arrivé !

Je sursaute et évite de peu l'appui-tête du siège passager qui se trouve juste devant moi. Mes paupières papillonnèrent à plusieurs reprises avant que je ne prenne conscience que je m'étais endormi dans le taxi. Je me passe une main sur le visage tout en baillant pour essayer de faire fuir la fatigue mais surtout le décalage horaire.

Je tourne la tête dans tous les sens et il semblerait qu'en effet, je sois bien arrivé à destination. Franchement, je n'arrive pas à y croire après tout ce temps passé dans les transports et pourtant, je dois bien me faire à l'idée que j'ai quitté la grisaille, le vent et la pluie qui régnaient encore à Londres. Il n'y a aucun doute là-dessus.

Je sors de la voiture, referme la portière derrière moi et réajuste ma doudoune que j'ai dû mettre pour mon départ. A présent, je n'en ai définitivement aucune utilité mais pour une raison qui me dépasse, je la garde sur moi. Je préfère sûrement regarder le paysage qui s'offre à moi.

Une petite bicoque à gauche. Une plage faite de sable fin à ses pieds et un océan d'un bleu turquoise incroyable qui s'étend à perte de vue. C'est la plus belle vue que j'ai pu voir de toute ma vie. Enfin après, la vue de Gaspar pendant nos ébats, je l'admets.

— C'est beau, hein ? s'exclame mon chauffeur en m'apportant mon sac de voyage et ma valise.

Je hoche la tête pour confirmer parce que je n'ai pas les mots. J'ai toujours rêvé de venir ici. Enfin pas ici en particulier mais dans ce pays, oui ! En voyant que le chauffeur ne bouge pas, je me souviens que je ne l'ai pas payé. Alors je sors précipitamment mon portefeuille et en sors des billets que je lui tends en le remerciant. Il me fait un signe de tête et me lance :

— Bienvenue à Perth, m'sieur !

Je souris malgré moi parce que... Je suis enfin en Australie ! A moi, le soleil, la plage, la chaleur, la transpiration, les cocktails et les coups de soleil... Adieu les bonnets, les pulls col-roulés, les écharpes et les doudounes. D'ailleurs, tandis que j'entends la voiture s'éloigner, je me débarrasse de ma doudoune à toute vitesse.

Je ramasse mes affaires et m'avance doucement de la petite maison en bois. Je monte les marches qui mènent au porche et les repose aussitôt à côté d'un fauteuil qui n'est pas de la dernière jeunesse. Je frappe à la porte avec aplomb et attends mais au bout de quelques minutes, je dois me rendre à l'évidence, il n'y a personne. Il faut dire que je n'ai pas prévenu de mon arrivée. Ou plutôt, j'ai réussi à prendre un avion plus tôt. Alors forcément personne n'est là pour m'accueillir.

Je soupire et décide d'aller attendre sur la plage. Je fais le tour de la maison par le porche et descends d'autres marches qui vont, quant à elle, jusqu'à la plage. J'aime déjà cette baraque. Je pose mes chaussures et mes chaussettes pour pouvoir enfouir mes doigts de pied dans le sable chaud. C'est un délice.

Je laisse malgré moi un léger gémissement de bien-être passer ma bouche et commence à marcher. Sur le chemin jusqu'à l'océan, je retire mon pull et le jette en arrière. Mon dieu, qu'il fait chaud ici ! Je m'assieds finalement à quelques mètres de l'eau sans aller la toucher parce que je n'ai jamais été un grand fan de l'eau et encore moins des vagues comme celles qui viennent vers moi à cet instant.

Je préfère garder mon derrière dans le sable et profiter des rayons du soleil qui me tapent le visage. Je repense alors à ces derniers mois qui ont été absolument fous. Retrouver Gaspar a été le plus beau cadeau de Noël qu'on pouvait me faire. J'ai eu l'impression de sortir la tête de l'eau et de reprendre une inspiration après un an sans oxygène.

Après, son invitation à le suivre en Australie était très alléchante et je l'ai bien sûr acceptée dans la seconde mais bien entendu, on n'est pas dans les comédies romantiques. Déjà je ne suis pas une demoiselle totalement aveuglée par l'amour à qui tout sourit dès qu'elle a retrouvé l'amour de sa vie mais surtout parce qu'il me fallait un visa pour aller habiter en Australie.

Tout ce que je peux dire de toutes ces semaines d'attentes, c'est que les gouvernements n'étaient pas aussi enthousiastes que moi à l'idée de que je rejoigne Gaspar. Finalement, par un semi-miracle, j'ai réussi à obtenir un visa d'un an pour la grande île. Dès que j'ai eu cette confirmation, j'ai sous-loué mon petit appartement et demandé un congé sans solde à mon patron. Incroyable mais vrai !

Si Gaspar m'entendait, il me dirait que tout a été très rapide. Enfin je pense que tout est une question de point de vue parce qu'on est quand même début avril et ces trois derniers mois passés loin de Gaspar m'ont paru une éternité. Bien pire que l'année précédente en fait quand j'y pense. Parce que là, je savais qu'il m'aimait, qu'il m'attendait quelque part, qu'on avait un avenir ensemble.

Mais me voilà à Perth ! Je ne sais pas ce que cette année va me réserver, ce qu'elle va nous apporter mais je n'ai jamais été aussi confiant de toute ma vie parce que j'ai retrouvé mon pilier. Peu importe ce qui se passera, je ne suis plus seul.

— Je croyais qu'à Pâques, les cloches apportaient des œufs en chocolat, pas des beaux gosses.

Je ricane légèrement et me relève immédiatement. J'ai à peine le temps de faire demi-tour sur moi-même que je sens déjà les bras de Gaspar autour de mon cou et ses lèvres se poser sur les miennes. Il les picore pendant de longues secondes pendant que mes mains se délectent de sa peau chaude dans le bas de son dos. Je le rapproche de moi et finis par cacher mon visage dans son cou, ému de le retrouver après cette longue attente.

— Tu m'as manqué, lui avoué-je.

— Toi aussi...

Il m'embrasse la tempe et ajoute :

— On a toute notre vie pour ne plus nous manquer.

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Merci aux personnes qui ont suivi cette petite histoire ! J'espère qu'elle vous aura plu 💜
A très vite pour de nouveaux projets !!!

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