PROLOGUE

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Cette nuit, j'ai pas dormi, on m'a appris un décès. J'ai passé la nuit à marcher dans Paris avec ma fidèle bouteille de tequila pour me soutenir, je marchais et buvais tout cela pour tenter d'oublier, oublier ma peine, la peine que sa mort me causait , cette douleur lancinante et insoutenable qui est présente partout dans mon cœur et me brule sous l'épiderme. Je l'avais dans la peau et sa disparition me brule à vif, comment aller de l'avant après cela ?

J'ai déconné, j'aurais pas dû. C'est de cette manière que je me sens responsable de sa mort, si cette langue de pute de Tiana avait fermé sa gueule sur nos ébats elle serait encore en vie, mais non, le seigneur en a décidé autrement. Je ne crois pas en Dieu bien que je m'intéresse à la spiritualité, mais actuellement je ne peux m'empêcher de penser qu'une force supérieur mène le jeu d'une main de maître, et que cette même force fait tout pour m'abattre, j'ai l'impression que sa mort est en train de provoquer la mienne, je deviens fou, je ne contrôle même plus le cours de mes pensées, je suis enfermé dans mon propre corps mais actuellement je rêverais d'en sortir, de la rejoindre aux cieux et surement de me moquer de moi-même et de mes actions stupides qui ne risquent en aucun cas de la ramener. Je me moquerais surement de cet instant précis, de ce moment où je m'aperçois que ma bouteille est vide, que ma seule source de réconfort est fini et que l'horreur que je vis depuis des heures reprend son cours, c'est ainsi que je jette violemment la bouteille contre le bitume et que le verre se brise sous mes yeux, comme mon cœur après ce coup de téléphone plus tôt dans la nuit.

Un ange nous a laissé, et j'en suis dévasté. J'ai envie de pleurer comme j'ai envie d'hurler, de cogner contre quelque chose ou même de mourir, sa mort n'entraîne pas ma mort physique mais bien pire, elle entraîne la mort de ma conscience , comme si j'étais obligé de vivre, ou plutôt de survivre, je vois, je marche, je respire, je touche, je goute, je pourrais même parler, mais je ne pense plus, je suis mort de l'intérieur et c'est bien la pire chose qui soit.

Cela fait de longues heures que je suis dehors et je n'ai absolument aucune idée de l'heure qu'il est mais le ciel commence à s'éclaircir, signe que le soleil ne tardera pas à se lever, m'indiquant ainsi que nous sommes tôt le matin, nous sommes au début de l'automne ce qui explique la brise fraiche qui m'enveloppe continuellement, le début de l'automne coincide aussi avec la mort du feuillage qui recouvre les arbres, et le prolongement de la noirceur de la nuit, à partir de ce jour tout devient sombre, tout meurt, puis gèle, mais à la différence de la nature, elle ne refleurira pas au printemps prochain, ni à tout ceux qui suivront, non, elle, restera figée en automne, et ce pour toujours.

Mauvaise Graine | K.SWhere stories live. Discover now