****Partie 14****
**Sylvie Dieng Faye**
Je ne sais pas ce qui se passe avec mon mari mais il a l'air préoccupé, je dirais même absent. Le connaissant, je n'ai vraiment pas peur qu'il ait une maitresse, ce n'est pas son genre mais il y a quelque chose qui le préoccupe et pour le moment, il ne m'en parle pas donc je joue à l'autruche. Il va m'en parler quand il se sentira prêt. Je connais mon homme. Il est en vacances mais n'empêche il sort le matin pour ne revenir qu'à l'heure du repas et il ressort sitôt le thé pris et ne revient qu'à la nuit tombée.
Les vacances de mon frère se passent super bien sauf qu'il a la mauvaise habitude de passer tous leurs caprices à ses neveux. Les deux monstres qui sont mes enfants profitent des vacances pour avoir tout, quand je dis tout c'est parce que c'est tout de la part de leur oncle. Je ne m'en plains pas. Mon frère a toujours vécu à l'extérieur du pays pour ses études et du coup, je me retrouvais presque seule à la maison. Heureusement, il y avait tonton Pascal et sa famille chez qui j'allais souvent et me sentais aimer. Donc je profite des vacances pour être plus proche de lui et apprendre à mieux le connaitre. Je me rappelle, petite, lors des cérémonies de tour de famille, les autres membres nous disaient qu'on était de petits blancs. Ce terme m'a toujours froissée mais ça m'a permise d'être ce que je suis. Tonton Pascal a beaucoup contribué dans mon éducation car papa et maman n'avaient pas beaucoup de temps à nous accorder.
Charles : tu rêves ?
Moi : non du tout. Je profite du fait que la maison est si calme pour reposer mon cerveau.
Charles : drôle de manière de reposer ton cerveau. Tes amies Aicha et Renée sont en bas.
Moi : ah bon ?
Charles : je ne savais pas que vous vous fréquentez toujours ?
Moi : eh oui il y a des choses qui ont la peau dure et il semble que notre amitié fait partie de ces choses. Sais-tu que Renée est toujours célibataire ?
Charles : qu'est ce qu'elle attend pour se marier ?
Moi : elle ne considère pas le mariage comme une fin en soi mais je crois qu'elle cache quelque chose.
Charles : ah bon !!!
Moi : si tu es libre je peux vous brancher tous les deux ?
Charles : je te vois venir mais laisse tomber je vois tes amies comme je te vois : mes sœurs.
Moi : tu en es sur ?
Charles : vas rejoindre tes amies, moi je vais dans ma chambre. Et n'oublie pas ce soir on va tous chez les parents pour diner.
Moi : aucune chance que j'oublie ce diner tellement maman m'en a parlé depuis hier.
Charles : depuis qu'elle est à la retraite maman n'arrête pas d'essayer d'organiser à tout bout de champ des diners et autres.
Moi : elle a du temps maintenant. Elle a essayé avec moi et en ayant essuyé beaucoup d'échecs, elle s'est retournée vers maman Gnilane et tu connais ta nièce.
Charles : j'imagine bien le scénario.
Je sors pour aller rejoindre mes amies. On a grandi maintenant et chacune de nous a sa propre vie mais on a gardé les mêmes liens qui nous ont toujours unies.
**Maréme Diatta**
Je commence vraiment à avoir peur. C'est pour cela qu'on dit que le passé finit toujours par nous rattraper. Comment est ce possible que le fils ainé de Sylvie même pas encore arrivé au Sénégal, rencontre son frère et sa sœur ? Depuis le coup de fil d'Abdoul, mon malaise ne fait qu'augmenter. Heureusement que mon mari a annulé la venue qu'il devait faire ici ce week end. Il vient de moins en moins ici et je ne m'en plains plus. Je suis habituée depuis longtemps. Mon fils lui me pose toute sorte de problèmes et je n'ose même pas en parler à mon mari mais je ne peux pas éternellement lui cacher le cas. Au début, il se limitait à refuser les études et faire ses bêtises dans la maison. Maintenant, il rentre complètement soule et je le soupçonne de fumer de l'herbe. Heureusement que sa grand-mère n'est pas encore au courant mais ça ne saurait tarder car dés que Papa Senghane est ivre, il fait tellement de bruit que je m'étonne qu'elle ne se réveille pas. Et puisqu'il a commencé à faire de trucs pareils, c'est sur qu'il a commencé à voler de l'argent. Dernièrement, j'avais remarqué de petites sommes qui disparaissaient de ma chambre sans que je ne me l'explique et j'ai même eu à accuser ma nouvelle domestique d'en être l'auteur. C'étaient de petites sommes mais maintenant c'est devenu de grosses sommes que m'envoie ma fille ainée. Je ne veux pas penser à l'éventualité que ça soit mon fils qui me vole mais si ce n'est pas lui, qui le fera. La maison est assez vide comme ça. Excepté ma belle-mère, il y a ma domestique, mon fils et moi-même. Donc le choix sur mon voleur est vite fait même si mon cœur de mère refuse de voir cette atroce réalité.
