Chapitre 10

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Sortant de la salle de bains, vêtue d'un short et d'un long t-shirt, Hermione était en en train de tresser grossièrement ses cheveux quand on toqua doucement contre sa porte. Fronçant les sourcils, la jeune femme noua un élastique au bout de sa tresse et alla ouvrir.

— Professeur ? Que se passe-t-il ?

Elle s'effaça et Rogue entra dans l'appartement à peine éclairé. Hermione referma la porte et nota que l'homme était habillé simplement, comme quelqu'un qui est rentré et qui n'a pas l'intention de ressortir.

— Finalement, vous ne pouvez pas rester seul, je le trompe ? demanda alors Hermione en tirant le verrou de la porte.
— Vous alliez vous coucher, je suis désolé...
— Non, ne vous en faites pas... Moi aussi j'ai un peu le cafard ce soir...

Rogue haussa un sourcil. Vêtu de son pantalon noir habituel, il avait posé sa veste de complet et ne portait que sa chemise blanche et son gilet d'homme. Une chaîne en or pendait sur son côté gauche.

— Asseyez-vous, dit alors Hermione.
— Merci. Vous auriez de l'alcool ?
— Qu'est-ce qui vous fait croire que j'en ai ? demanda la jeune femme en penchant la tête.

Rogue haussa un sourcil puis Hermione sourit et alla chercher dans un petit meuble, une bouteille de Xérès et deux verres.

— Ce n'est pas grand chose, mais j'imagine qu'être ivre n'est pas votre but, ce soir, si ? dit-elle en revenant vers la table.
— Non... J'ai déjà essayé, cela n'aide absolument pas... Et le retour de bâton est trop douloureux, de toute façon.

Hermione hocha la tête avec un sourire. Elle servit les deux verres et ils restèrent sans parler pendant un long moment avant que la jeune femme ne commence à parler de Harry. Cela la fit enchaîner sur tous les cadeaux qu'elle avait reçus à son anniversaire, et si Rogue était déjà au courant, il la laissa parler. Cela lui donnait une excuse pour rester silencieux...

.

Quand la pendule sonna une heure du matin, Rogue annonça qu'il était temps pour lui de rentrer chez lui. C'était peut-être samedi le lendemain, mais il avait des copies à corriger et il se levait dans moins de cinq heures.

— Vous ne voulez pas rester ? demanda Hermione en le regardant se lever.
— Ce serait malvenu, répondit le sombre professeur. Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps.

Hermione haussa les épaules avec un sourire.

— J'ai plus parlé que vous, mais ce n'est pas grave, répondit-elle en dépliant sa jambe. Avec Harry et Ron, j'ai l'habitude.

Elle se leva et raccompagna l'homme à la porte de l'appartement. Quand il sortit dans le couloir, les mains dans les poches de son pantalon et le dos voûté, Hermione serra les lèvres. Elle s'appuya contre le chambranle, croisant les bras, et le regarda se fondre dans l'obscurité du couloir. Elle renifla alors et se redressa. Elle allait rentrer dans la pièce quand elle sentit une présence. McGonagall sortit des ombres de l'autre côté du couloir et Hermione baissa le nez.

— Ne vous attachez pas à lui, Hermione, dit la Directrice. Il est bien trop écorché pour vous, vous y laisseriez des plumes.
— Il est tellement... écorché, dit la brunette en haussant les épaules, ne trouvant pas d'autre mot. Pourquoi je ne le remarque que maintenant ?
— Parce qu'en tant que Gryffondor, vous n'avez pas à vous préoccuper des membres des autres maisons et que cela inclus leurs anciens membres... À présent, en tant que Serpentard, vous éprouvez de nouveaux sentiments pour vos nouveaux camarades, et d'autres pour vos anciens, et le professeur Rogue étant le plus malmené de tous, vous y êtes plus sensible...

Hermione plissa le nez.

— Vous ne me sermonnez pas ? demanda-t-elle alors.
— Parce qu'il a passé plus de deux heures seul chez vous ? demanda McGonagall. Non, parce que je sais que vous avez la tête sur les épaules et que tant que vous serez scolarisée ici, quelle que soit l'évolution de ce lien qui semble vous unir, il ne se passera rien.
— Je...

Hermione haussa les sourcils en se mordant la lèvre.

— Je n'avais pas songé à... ça, Madame, dit-elle. Je...
— Bonne nuit, Miss Granger, dit alors la Directrice en s'éloignant.

Un peu perdue et surtout gênée, Hermione hocha la tête puis tourna les talons et rentra dans sa chambre en silence. Elle referma la porte et s'adossa contre en soupirant.

— Lui et moi ? demanda-t-elle en regardant le lustre. Je... Merlin...

La jeune femme secoua alors la tête, tira le verrou, puis alla se coucher, perturbée.

— Est-ce que ce serait vraiment possible ? se demanda-t-elle en ajustant ses couvertures. Est-ce que je pourrais supporter un homme qui traîne autant de blessures après lui ?

Hermione se mordit la lèvre. Elle endurait beaucoup de souffrance ces dernières semaines, mais à côté de Severus Rogue, elle était une petite joueuse... Il avait été maltraité par son père, surprotégé par une mère soumise... Le seul refuge qu'il avait trouvé, c'était auprès de Lily Evans, cette petite enfant de Moldus, rousse comme un soir d'automne, aux yeux verts comme Serpentard... Et puis une fois au collège, il avait été de nouveau maltraité, mais cette fois-ci par les ennemis jurés des Serpentards, les Gryffondors... Et ultime punition, Lily s'était détourné de lui pour épouser James, le chef des Gryffondors en personne...
Toutes ces souffrances l'avaient poussé à choisir la seule solution qu'il voyait à l'époque : rejoindre le cercle très fermé des adeptes de magie noire de Voldemort... Il était devenu un Mangemort pour avoir la force de faire payer à James Potter et Sirius Black leurs agissements quand ils étaient adolescents... y compris le fait qu'ils lui aient volé Lily.

Hermione serra les mâchoires. Rogue n'avait plus revu Lily après qu'ils soient sortis de Poudlard et, lorsqu'il décide de la retrouver, il apprend qu'elle a été sauvagement tuée par Voldemort... Il se rue à Godric's Hollow, mais trop tard. Tout ce qu'il y découvre, c'est un bébé terrorisé et les corps sans vie de James et Lily Potter...
Fermant les yeux, Hermione renifla. Jusqu'à maintenant, elle n'avait jamais prêté attention aux sentiments des autres personnes du château et McGonagall lui avait expliqué pourquoi, mais ce qu'elle ne comprenait pas, c'était pourquoi elle s'intéressait à cet homme froid et torturé, alors qu'il y avait tant d'autres personnes à s'inquiéter...
Dépitée, la jeune sorcière se coucha et éteignit sa lampe, mais le sommeil fut très long à venir...

⏳ Mademoiselle SerpentardWhere stories live. Discover now