Les chiens (n.jin)

La deuxième fois

Les jours de la semaines passent lentement sans que je ne parvienne à me retirer son visage de l'esprit. J'ai parfois son expression à la fois rude et douce qui vient réveiller mon désir et mon sens de l'affection, parfois son air de rage qui me tire de toute rêverie et qui me pousse à revenir le trouver plutôt jeudi que vendredi. Ou alors plutôt mercredi... Non. Je me suis donné un jour précis, autant que je m'y tienne. Si je n'arrive pas à tenir loin de lui avec un minimum de dignité, je ne pourrais jamais le protéger de ma soif grandissante de profiter de ses charmes. Même si je pourrais... Rien qu'une fois. Juste pour essayer comme il dit. Essayer de voir quel plaisir je peux tirer de sa propre exaltation. Si je veux atteindre cela, je ne peux hélas pas me reposer sur un cadre qui nous mettrait en relation en tant que client et prostitué. je dois gagner sa confiance. Et pour ça, je dois garder pour moi mes pulsions, aussi monstrueusement élevées soit elles. Je crois que la pire démarche que je puisse faire pour gagner sa confiance, c'est de lui offrir un cadeau.

Ma sortie du bureau en ce deuxième vendredi et bien plus hâtive que la précédente. En haleine, je me rue presque dans la bouche de métro, loupant une marche et rentrant dans un portique de sécurité. Bordel Namjoon, t'es qu'un con, ressaisis toi et vas-y décemment. J'insère ma carte de transports sous le détecteur visuel et cours prendre le premier train pour le retrouver.

- Bonsoir! Seok Jin s'il vous plaît je voudrais.

- Vous pouvez me la refaire en vous abstenant du mode Maître Yoda, s'il vous plait ?

J'éclate de rire en remarquant mon inversement des mots plutôt inattendu sur le coup de l'empressement ainsi qu'en notant le magazine Playboy que le gars de la sécurité n'a pas quitté des yeux même en me sachant ici.

- Excusez-moi. Hm, est-ce que le garçon Seokjin est libre à cette heure ?

- Non.

- Comment ça "non" ?

le type semble s'ennuyer rien qu'à l'idée de répondre à ça. Évidemment, suis-je con.

- A l'heure qu'il est, un autre client l'entretient. Bien moins curieux que vous et qui ne nous fait pas perdre notre temps à nous ainsi qu'à nos garçons.

Je jure dans toute ma tête, imaginant Seok Jin aux bras d'un vieillard hideux, l'obligeant à répondre au moindre de ses désires de vieux crouton. Un frisson parcourt aussitôt mon échine alors que je pars m'installer dans la salle d'attente, contemplant la saleté incrustée dans les jointures du carrelage ornant les murs. Je vais attendre le temps qu'il faudra dans le plus grand des calmes et ensuite... Ensuite je lui ferais comprendre que j'ai une vie bien meilleure à lui proposer.

Je suis assis de sorte à voir qui quitte les lieux. Des dizaines de clients rassasiés passent sans que le gars de la sécurité ne me fasse signe pour m'annoncer la libération de Seokjin. Il prend son temps le vieux déchet... Le salaud.

Après deux heures à patienter, la rage au ventre, C'est le premier jeune de mon âge que je vois régler au comptoir. Sa chevelure grise ne me dit rien. Il s'en va comme tous les autres, mis à part qu'à la grande différence de la plupart il ne porte qu'un survêtement délavé. Comment un mec fringué comme lui a-t-il pu se payer deux heures de bon temps dans un bordel, même de banlieue, enfin ?

- M'sieur le perturbateur, votre Seok Jin est libre.

- Hein ?!

J'y crois pas... Ce type. Merde, quoi.

Tenant comme lors de la première fois mon billet rose entre deux doigts, j'entre dans la chambre. Il s'agit cette fois de la numéro 15. Elle semble plus spacieuse que la première mais une sale odeur de fauve y persiste. Le bruit d'une chasse d'eau retentit soudainement alors que je m'apprête psychologiquement à me confronter à un Seok Jin qui vient sans nul doute d'avoir un rapport sexuel ici même avec ce satané petit con des rues. Je reste donc debout et fixe la porte de la salle de bain en passe de s'ouvrir face à moi. Cette dernière coulisse, me laissant apercevoir son magnifique visage et ses traits envoûtants. Ses lèvres dodues, rougie par...