Je l'aimais encore.

Chapitre II : Je ne suis pas prête.

Le paysage défilait à une vitesse hallucinante devant les beaux yeux bleus de Juvia. Son fidèle baladeur dans les oreilles, elle regardait furtivement les belles couleurs qui passaient devant ses iris alors qu'elle s'ennuyait du train. Les transports en commun ne lui avaient jamais plus, et elle aurait mille fois préféré être avec Gajeel à cet instant précis. De toute façon, « commun », ne faisait clairement pas parti de son vocabulaire. Elle préférait « solitude ». Car pour elle, cela rimait avec « bonheur » et « joie ». Et surtout, la solitude garantissait une vie sans souffrance.

Mais en même temps, si jamais elle voyait vrai, comment se pourrait-il qu'à ce moment précis elle soit malheureuse ? Peut-être avait-elle faux sur toute la ligne.

Ses partiels avaient été un succès. Même avec trois nuits blanches d'affilée, elle avait réussi. Et même si elle ne le montrait pas, elle était assez fière d'elle. Mais pour le moment, une boule lui nouait l'estomac. Dans quelques minutes, elle allait revoir ses amis, et elle ne s'en sentait pas prête du tout. Elle avait même envie de fuir au fin-fond du mont Hakobé, et même de sympathiser avec des Balkans s'il le fallait. Elle voulait juste disparaitre, parce que ce qui l'attendait la terrifiait.

Le train annonça son arrêt, et Juvia sortit du véhicule sans se presser, retardant les retrouvailles le plus possible. Comment allaient-ils réagir ? C'était elle qui les avait laissés dans l'histoire, et elle craignait qu'ils lui en veuillent. Juvia remonta son sweat à capuche jusqu'à sa bouche, et elle rentra la tête dans les épaules. Peut-être qu'avec un peu de chance, ses amis allaient l'oublier, elle rentrerait à Marguerite, et passerait l'été avec son coloc'. Non, aucune chance avec sa bande d'amis.

Soudain, une furie rousse lui sauta dessus, la faisant tomber à la renverse, en plein milieu du quai.
Erza.

Juvia l'enlaça, et la serra contre elle. Elle lui avait manqué, c'était certain. En plus, la rousse s'agrippait à elle comme un panda en manque d'affection. Juvia décida qu'il était temps de se relever, et elle le fit, aidant sa meilleure amie à faire de même. Elle vit tous ses amis, et les larmes lui montèrent rapidement aux yeux.
Jellal, Mirajane, Levy, Meldy, et... Natsu. Le sourire de Juvia élargit ses lèvres alors qu'elle se jetait sur son meilleur ami. Natsu la réceptionna en riant, et la bleue s'empressa de lui tirer les joues, laissant un air blasé sur le visage du jeune homme. Elle adorait faire ça, et jamais elle n'avait su pourquoi. Lorsqu'elle eut fini de l'embêter, elle l'enlaça et ils entamèrent un long câlin où leurs amis les regardaient en souriant. Ces deux là étaient inséparables depuis leur naissance, et Natsu était peut-être bien la seule personne en qui Juvia avait entièrement confiance. Pendant quelques secondes, Juvia en oublia ses principes qui lui disaient que l'amitié et l'amour faisaient mal, puisqu'elle avait retrouvé son Natsu.

En les regardant, Juvia se souvint qu'avant, elle était quelqu'un de sociable. Quelqu'un qui aimait ses amis inconditionnellement, et qui vouait un véritable culte à l'amitié. La complicité, elle connaissait. Les cheveux rouges d'Erza, son sourire sincère, le regard de Natsu, ses adorables cheveux roses, sa sœur qu'elle aimait tant... En les voyant, Juvia sentit une foule de souvenirs lui revenir en tête, et les larmes lui montèrent aux yeux. Son sourire avait quitté son visage pour qu'un rictus le remplace. Elle se retenait de pleurer.

Natsu s'avança vers elle, et lui offrit un beau sourire. Ce sourire, il lui avait tellement manqué. Juvia geint plusieurs fois, s'entêtant à vouloir paraître forte, à ne pas pleurer. Mais elle ne pouvait plus.

- Pleure, ça te fera du bien... soupira Natsu en l'enlaçant.

Juvia tremblait dans ses bras, les mains sur ses yeux, et la tête baissée.

- Nat'...

Elle d'effondra en pleurs, le serrant contre elle. Natsu sourit. C'était toujours sa Juvia à lui. Elle avait voulu se forger une carapace pour se protéger après ce qu'il lui était arrivé, mais le rose savait parfaitement qu'elle n'y était pas parvenue. Et sous sa carapace, elle restait quelqu'un de sensible, et de peureuse sur les bords.

- Allez, on doit y aller, fit la voix rassurante d'Erza derrière eux.
- On arrive, 'Za, répondit Juvia en relevant la tête.

Mais le visage de Juvia en vint à s'assombrir.

- Où sont Gray et Lucy... ? demanda-t-elle timidement alors que Natsu la regardait d'un air désolé.

Erza se tourna vers elle. Elle ne savait pas quoi répondre. Natsu attrapa son amie en mettant son bras autour de son cou, et en l'attirant vers lui.

- On s'en fout d'eux, Juv'. Tu vas passer de bonnes vacances avec nous, d'accord ?
- Mais... Nat'.
- On ne répond pas au grand Dragneel, rétorqua Natsu avec un certain air hautain.
- Tu sais ce que je lui fais, moi, au « grand Dragneel » ? fit Juvia avec un sourire narquois.
- Non, qu- ?!

Natsu n'eut pas le temps de finir, Juvia lui avait sauté dessus. Elle monta sur son dos, s'agrippant à son cou, et le serrant contre elle.

- Allez avance, « grand Dragneel » ! s'exclama-t-elle.
- Tss.

Natsu grogna, mais un sourire vint bientôt sur son visage. Le petit groupe d'amis se dirigea finalement vers le camping de Magnoria, dans la bonne humeur.

***

Natsu était assis près du feu, et s'activait à tourner les brochettes de viande, l'eau à la bouche. Juvia, elle, était adossée à un arbre non-loin de son meilleur ami, lisant un livre. Erza et Jellal installaient les tantes, et Mirajane ainsi que Levy discutaient ensemble. Et bien sûr, Meldy s'amusait à cueillir des fleurs, sans que l'on sache pourquoi.

- Juv' !

La concernée leva les yeux de son livre, et regarda Natsu.

- Quoi, la flammèche ?
- Viens m'aider, j'y arrive pas.

Juvia soupira, et fut contrainte à se lever pour aller prêter main forte au rose pour tourner des brochettes. Décidément, il n'était vraiment pas débrouillard. Elle pris son livre, et se dirigea vers Natsu quand soudain, un sceau d'eau se déversa sur la tête de la pauvre jeune femme qui s'arrêta net, trempée de la tête aux pieds... et son livre avec.

- Na... tsu ? grogna Juvia alors qu'elle lançait un regard meurtrier en direction du garçon.

Le concerné blêmit. Il regarda la main de Juvia, et y vit son précieux livre qui était maintenant totalement détrempé. Il allait prendre cher. Très cher. Levy, qui aimait les livres autant, voire plus que Juvia, mit ses mains devant sa bouche, en tremblant.

- Un livre... Sacrilège ! s'exclama-t-elle.

À priori du même avis qu'elle, Juvia s'était élancée à la poursuite de son meilleur ami. Enragée, la jeune femme était bien décidée à venger son précieux ouvrage, et même si elle était trempée et que le froid s'agrippait à elle, elle poursuivrait Natsu jusqu'au bout du monde pour le faire payer. Elle lui sauta dessus, lâcha son livre, et le rose ne tarda pas à être trempé à cause de Juvia mais elle ne le lâcha pas pour autant, et lui tira les joues.

- C'est bon ! C'est bon ! J'm'excuse ! criait Natsu.
- Je n'en ai pas fini ! rétorquait la voix sans pitié de la jeune femme.

Quand soudain, alors que tout le monde avait commencé à rire, deux personnes les interrompirent en arrivant au centre du camping. Étonnés, Natsu et Juvia se retournèrent. Ils se glacèrent sur place.

Lucy et Gray se tenaient fièrement au centre de leur campement, des valises à la main.

- Bonjour tout le monde ! cria joyeusement la blonde.
- S'lut. Fit Gray, les mains dans les poches.

Le regard glacé du bun transperça Juvia. La jeune fille se recula craintivement, étant descendue des épaules de Natsu. Elle lui adressa un regard rempli de reproches, et de haine. Natsu était dans le même état qu'elle, et regardait Lucy. N'en pouvant déjà plus, la bleue attrapa la main de son meilleur ami, et le tira vers la plage.

- Viens Nat', on s'en va.
- Juv'... fit la voix navrée de Natsu qui se faisait traîner. Nous ne pouvons pas les éviter tout le séjour.
- Je... Je ne veux plus voir Gray.

Je hais Gray.