Chapitre 7

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[réécrit]     

La bonne humeur régnait dans le château, Marguerite s'entendait si bien avec ses hôtes... Cependant, malgré leur discrétion, la réputation des jumeaux de Lacour la précédait, et les deux jeunes gens la connaissaient. Louise était intriguée par ce qu'elle avait entendu alors qu'Arthur, lui, était subjugué.

- Je me demandais, l'interrogeait Louise, vous avez un frère, un jumeau, c'est bien ça ?

Ses sourcils se froncèrent, comment pouvaient-ils savoir ça ? Elle essayait de se souvenir le moment où elle avait évoqué l'existence de son frère sans vraiment se rappeler.

- Votre réputation vous précède, ajouta Arthur, toute la région parle des jumeaux de Lacour, des enfants d'une immense beauté.

La jeune femme se senti rougir, il était clair de cet homme ne la laissait pas indifférente, il l'intimidait beaucoup. Mais Arthur était loin de ne pas apprécier la beauté de la demoiselle, il aimait cette petite sensation au creux de son estomac. Mais Marguerite ne souhaitait pas que leur discussion tourne autour d'elle, de ses soucis... Louise s'éclipsa une fois le repas terminé, laissant son frère aux côtés de la jeune femme au milieu de toute cette tension. Ils décidèrent une nouvelle fois de se rendre dans les jardins, côte à côte, avant de venir s'arrêter au pied d'un arbre. Marguerite, curieuse, interrogea l'homme du regard qui lui sourit avant de lui demander d'un ton détaché un événement de son enfance, un événement qui marquant. Ne s'attendant certainement pas à une telle question, elle lui répondit spontanément, sans même réaliser ce qu'elle venait de répondre.

- Un jour, avec mon frère, nous étions en train de nous promener et j'avais insisté pour l'amené à la tombe de notre mère, j'y allais chaque dimanche. Mais quand mon père l'a appris, il m'a punie de la pire des façons, en me disant que seule une femme pouvait aller se recueillir sur une tombe car c'était un signe de faiblesse et que mon frère n'avait donc pas le droit de s'y rendre.

Arthur s'étonna de telles paroles, se rappelant par la même occasion la fois où leur vieux chien de famille avait perdu la vie.

- Je ne suis pas vraiment d'accord avec ça. Tout le monde devrait avoir le droit de ressentir ce qu'il veut. Je me souviens de ce bon chien qui vivait avec nous autrefois, le jour où il nous a quittés, j'étais inconsolable. Nous devions avoir dix ans à l'époque, et pourtant, nous lui avions creusé une tombe. Depuis, cet endroit est devenu une sorte de refuge pour nous, nous oublions qui nous sommes et nous contentons de nous amuser, de jouer comme si nous avions huit ans. L'année dernière, nos parents nous ont surpris en train de nous courir après. Je crois que s'était la journée la plus amusante de mon existence.

- Je me doute, mais à quelle sorte de jeux jouiez-vous ? Si la question ne vous semble pas indiscrète bien sûr, demanda Margaux.

- Eh bien courrez.

- Pardon ?

- Vous voulez savoir à quoi nous jouions. Courrez. Et attention si je vous rattrape.

Marguerite sembla des plus étonnée par la proposition du jeune homme mais quand elle vit son regard amusé, et qu'il commençait à s'approchait dangereusement d'elle, elle poussa un petit cri de surprise et partit en courant de l'autre côté du jardin. Elle contourna un petit bosquet Arthur toujours à ses trousses, jusqu'à atteindre un petit kiosque à l'extérieur du bois. Voyant qu'Arthur ne la suivait plus, elle décida d'y faire une pause pour reprendre son souffle.

Le jeune homme qui l'avait suivi, s'arrêta un peu plus lois et observa la jeune femme appuyé sur la rambarde du kiosque. Il ne pouvait s'empêcher de penser à quel point elle était belle. Se rapprochant doucement d'elle, il remarqua combien elle était pensive, perdue dans le paysage qui s'offrait à elle. Il observa les doux traits de son visage avant de se glisser doucement derrière elle. Il la prit par les hanches et, surprise, Marguerite se retourna brusquement, ce qui le fit rire mais lorsqu'il se rendit compte de la proximité de leurs visages, il se calma brusquement, le cœur battant. Il fixa d'abord ses yeux perçants, puis les contours de son visage parfaitement dessinés pour s'arrêter sur ses lèvres harmonieuses. Elle scrutait également avec attention le visage de son partenaire. Alors qu'il se penchait doucement pour tenter d'embrasser ces douces lèvres qui l'attiraient sans scrupules. Elle fut prise d'un horrible mal de tête, un terrible pressentiment la poussait à rentrer chez elle. Alexandre... Il ne pouvait s'agir que de lui.

- Que se passe-t-il ? demanda Arthur, inquiet par se soudain changement.

- Ma tête ! Arthur, je vous en conjure, ramenez-moi chez moi. Il faut que je trouve Alexandre au plus vite.

De plus en plus inquiet par les pleurs de la jeune femme, il ne perdit pas de temps et l'amena avec lui aux écuries, fit préparer un cheval avant d'essayer de calmer la jeune femme, elle ne pourrait pas le conduire jusqu'à son frère dans un état pareil.

Une fois sa monture prête, il monta puis aida Marguerite à faire de même, lui demanda de s'accrocher à sa taille et parti au galop en faisant bien attention à ce que lui indiquait la jeune femme. Arrivé face à la maison, il la fit descendre, donna son cheval à l'homme qui se tenait devant la maison alors que Marguerite se précipitait à l'intérieur. Il la suivit au pas de course dans les escaliers puis se diriger vers une pièce dont la porte était fermée. Elle y pénétra sans hésitations.

- Alexandre. Mon dieu ! Alexandre, comment vas-tu ? Ta tête, que s'est-il passé ?

- Margaux... Calme-toi, s'il te plaît. Et puis, qui est cet homme derrière toi ?

- Une chose après l'autre, que s'est-t-il passé ?

- Je me suis blessé lors d'une chute à cheval. Vivaldi a encore fait des siennes mais est rentré pour revenir avec Richard sur Prospère. Ma tête a frappé la première sur le sol, père est partit en ville chercher un médecin.

- Mais, attendez, la ville et loin d'ici. Il lui faudra au moins trois heures à cheval. Permettez-moi d'aller chercher notre médecin privé, je serais de retour dans peu de temps. Marguerite, en soyez vous-même témoin, il nous a fallu très peu de temps pour arriver jusqu'ici.

- D'accord, très bien. Allez-y. mais je vous en supplie faite vite.

Il acquiesça avant de quitter rapidement la pièce. Alexandre, dont la tête était de plus en plus lourde, fit abstraction de la douleur pour essayer de rassurer sa jumelle, en vain. En moins d'une heure, Arthur arriva accompagné du médecin qui quelques temps auparavant avait lui-même examiné Marguerite.

- Je vais vous demander de quitter la pièce afin que je puisse m'occuper de monsieur correctement, dit le médecin.

- Marguerite... reste avec moi... je t'en prie..., supplia Alexandre d'une voix trainante.

- Je suis désolé madame mais vous ne pouvez pas rester, affirma le médecin.

- Marguerite, venez avec moi, vous pouvez lui faire confiance, c'est un excellent médecin, dit Arthur dont l'intonation de sa voix se fut beaucoup plus sereine qu'il ne l'était en réalité.

- Bien, bien, Alexandre je suis là, je te promets que si quelque chose ne va pas, j'arrive. D'accord ? Comme on l'a toujours fait, je te le promets, assura Marguerite sur un ton réconfortant, presque maternel.

Entre eux, les jumeaux avaient pris l'habitude de veiller l'un sur l'autre. Depuis le début, leur seule crainte était le mariage. Une fois mariés, ils avaient fort peu de chance de se revoir et, pour eux la seule idée de se quitter était atroce. Ils avaient alors pris l'habitude de cacher leurs sentiments au monde extérieur, comme dans une carapace dont eux seuls en avaient la clé. De par leur innocente beauté, l'art de la manipulation était d'autant plus maniable, ce qui leur valait de nombreux jaloux, tant auprès des domestiques de leur père qu'en dehors de la ville. Cependant, au domaine de Rochefort, sa carapace qui lui avait permis de masquer l'horrible sensation du manque de son frère, ne l'avait pas empêché de commencer à éprouver des sentiments pour son jeune propriétaire. 

Mlle. De LacourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant