Chapitre 3

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Chapitre 3

Emerys n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait. Les paysages se ressemblaient pour la plupart, la température restait plus ou moins la même et le chemin était plat. Rocailleux, certes, mais relativement plat.

Et une fois encore, elle se retrouvait attachée par les poignets derrière le cheval. Mais cette fois-ci, au lieu que la corde soit longue comme la journée précédente, elle en faisait la moitié de sa taille ce qui l'obligeait à se collée à l'arrière train de l'animal. Certainement que le Limier ne lui faisait en aucune façon confiance malgré son évidente position d'infériorité. A quel moment s'imaginait-il qu'elle allait pouvoir réussir à lui voler son poignard si la corde était plus longue ? N'avait-il pas d'assez bons réflexes ? Dans tous les cas, elle n'aurait même pas tenté le coup pour la simple et bonne raison qu'elle ne voulait pas perdre ses deux mains en représailles, ou quoi que ce soit d'autre.

Le cheval ne marchait pas très vite, ce qui permettait à Emerys de garder le rythme malgré ses côtes en effervescence. Sa peau abîmée frottait contre le tissu de sa robe en lambeaux, créant ainsi d'horribles brûlures à cause des croûtes du sang séché de son entaille profonde. Ayant perdu l'équilibre juste après avoir enjambée une branche, elle vacilla quelques instants sur ses pieds puis grimaça lorsque le mouvement lui donna une vive douleur dans son côté droit. Elle était exténuée, perdue ... Tout ce qui lui restait étaient les souvenirs ignobles de ces soldats attaquant son village, pillant les habitants, violant les femmes, brûlant les maisons, la touchant ...

Emerys ferma les yeux tandis qu'elle prit une profonde inspiration qu'elle retint quelques secondes avant de soupirer discrètement, laissant sortir sa douleur morale par une petite larme qui roula sur sa joue. Son cœur saignait, ses poumons criaient pour de l'air. Sa tête tournait de plus en plus alors qu'elle levait ses yeux sombres brillants de fièvre vers le ciel bleu lumineux. Les rayons chauds du soleil réchauffaient ses joues pâles ainsi que la peau de son cou, se reflétaient sur les sillons de sueur à son front. Les larmes ne devaient pas tomber, pas maintenant ni jamais. S'apitoyer sur son sort ne l'aidera pas à s'en sortir de cette situation compliquée et encore moins à combattre ses démons antérieurs.

La jeune femme en difficulté concentra toute son attention sur les deux personnages assis sur la selle du cheval déambulant devant elle. Ils ne se parlaient quasiment jamais ni même ne s'offraient des regards. La fillette Stark ne bougeait d'ailleurs presque pas, mais comment le pourrait-elle avec les deux bras du Limier l'encerclant ? Sûrement qu'elle savait que cela énervait l'homme si elle ouvrait la bouche ou si elle remuait sur son siège inconfortable à califourchon entre la selle et l'encolure, ce qui expliquerait sa rigidité.

Puis une question lui vint soudainement à l'esprit pendant qu'elle suivait sans un mot les traces que laissait le cheval dans la poussière. Comment une enfant de la grande famille des Stark, aussi Noble soit-elle, avait-elle atterrit ici avec un homme tel que le Limier ? Quelles étaient les probabilités de cette rencontre fortuite ? C'était un bien étrange duo de route ... Il fallait le reconnaître. Mais c'était d'autant plus déroutant de voir un homme adulte avec une petite fille se promener comme cela au beau milieu de la nature, loin des grandes routes. Emerys sourit avec aigreur à cette pensée. Ce n'était pas censé être son problème après tout, car son seul souci actuel était de trouver un endroit décent pour pouvoir se soigner de ses blessures.

Et éventuellement éviter de se faire tuer.

Le cheval portant le nom de Stranger s'arrêta pour permettre au Chien de descendre de la selle en emportant Arya dans sa foulée. Il déposa la louve sur le sol, lui parla d'une voix basse afin que seule elle l'entende puis se dirigea vers l'arbre le plus proche pour se soulager du long trajet ennuyant. Arya se permit alors un petit coup d'œil à Emerys ainsi qu'à la tâche de sang à sa taille qui grandissait a vu d'œil, imbibant sa robe déchirée de cette couleur écarlate. La jeune femme n'avait pas l'air bien du tout. Son teint était anormalement pâle derrière les traces de saleté, ses lèvres étaient gercées par la déshydratation, des cernes se formaient sous ses yeux et son corps se tassait sous le poids de l'épuisement.

{GoT} Un bout de chemin ensemble TOME 1Where stories live. Discover now