Chapitre - 2

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"L'amour, caché sous le voile de l'amitié, est un bouton de rose renfermé dans son enveloppe."
Citation de Charles-Albert Demoustier ; Les lettres à Émilie (1786-1798)

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Lucy était gênée. Ou bien mortifiée. A dire vrai elle ne savait pas trop.
Sentir Grey tout près d'elle la rendait littéralement folle. 

Avec le temps, Lucy était devenue une actrice hors-pair quand il s'agissait du mage des glaces. Bien sûr que cela avait été plus que compliqué au début. Ne pas trop le regarder, et pas trop longtemps surtout - en soi il ne lui avait jamais rendu la tâche facile avec sa manie de se déshabiller tout le temps -. Ne pas sourire comme une idiote à chaque fois qu'il rentrait dans la pièce. Ne pas rougir, ne pas trembler, ne pas transpirer, bafouiller ou bégayer, pas sa faute et encore moins quand il était dans les parages. Ne pas fuir son regard et ne pas le regarder dans les yeux. Ne rien dire d'idiot ou de malvenu en sa présence. Ne pas se comporter comme une adolescente idiote et en chaleurs... Ne pas lui sauter dessus et l'embrasser... Ne pas... Ne pas... Enfin bref, ne pas monter qu'elle était tombée... amoureuse de lui. 

Après tout ce temps, elle pouvait presque dire qu'elle avait sut cacher ses sentiments à la perfection. Mais il lui restait encore et toujours un problème de taille - si omettait celui de s'être éprise de Grey comme la plus grande des idiotes - : jouer la comédie en public, c'était facile. C'était simple, c'était aussi une question de survie avec Mirajane dans les parages. 
En se retrouvant seule avec Grey comme le moment présent, c'était une toute autre histoire. 

Parce qu'elle le sentait. Elle sentait sa présence à côté d'elle. Sa présence forte, sa présence rassurante, apaisante. Cette présence qu'elle aimait tant. Elle entendait le bruit de ses pas sur le bitume de la gars, et celui, léger et délicat de sa respiration. Elle discernait plus que tout la présence de son meilleur ami à côté d'elle. 
Oui c'était simple de faire "comme si", comme si de rien en public, comme si elle ne l'aimait pas, comme si elle ne voulait pas l'embrasser jusqu'à l'asphyxier, comme si elle ne ressentait strictement rien pour lui. Ou rien d'autre que de l'amitié et de la fraternité du moins. 
En public c'était élémentaire. Il suffisait de fermer les yeux. De se convaincre qu'elle n'aimait pas Grey. Il suffisait de mentir à son cœur. 

Mais comment mentir à un cœur alors qu'il se retrouvait seul avec l'objet de ses désirs ? 

" - Bonsoir vous deux ! Je vous sers quoi ?" la voix de la serveuse - qui semblait beaucoup trop joyeuse pour l'heure tardive- réveilla Lucy de sa transe. 
Elle ne s'était pas rendue compte avant du silence entre elle et Grey. Mais c'était bien le cas. Ils étaient restés silencieux depuis leur descente du train. Ce n'était pas vraiment un silence léger et joyeux, mais ce n'était pas non plus un silence lourd et pesant. Etrangement, Lucy n'aurait pas sut le définir. Elle tenta de se convaincre que ce n'était qu'un simple silence entre deux amis encore à moitié endormis à une heure du matin. 

" - Ce sera un chocolat chaud à emporter pour moi s'il vous plait. 

- La même chose que mon amie s'il vous plait." Lucy frissonna à l'entente de la voix de Grey. Il ne l'avait pas non plus complimentée ou quoi que ce soit mais... La façon qu'il avait eu de prononcer la phrase... ses mots... Tout cela ne pouvait que toucher Lucy. Il ne fallait pas lui en vouloir, elle était amoureuse après tout. 

Galant - et surtout parce que Lucy avait oublié son sac à main et son porte-monnaie dans le train - Grey paya leur addition à tout les deux. Lucy ne lui avait rien dit, rien demandé. Il avait juste payé la dame, avant que Lucy n'ait put faire quoi que ce soit. 
Quand Lucy l'avait remercié en sortant du café 24h/24h, il lui avait simplement rétorqué " De toute façon, tu avais laissé ton argent dans le train alors... Disant que je te fais ce petit cadeau. Tu n'as pas à me rembourser. " avait-il ajouté en comprenant ce que Lucy s'apprêtait à dire. " Disons que c'est un petit plaisir entre amis. Et puis... Ce n'est pas un pauv' chocolat chaud qui va me ruiner.
C'était peut-être idiot, mais chez Grey, c'était une jolie marque d'attention et d'amitié. La blonde rougit en se rendant compte qu'il pouvait arriver au jeune homme de l'observer ainsi. Elle remercia l'obscurité nocturne de cacher ainsi les détails de son visage à la vue de son ami. 

Fête de famille - GreyluWhere stories live. Discover now