" Réveille toi. "

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Alexander P.O.V

Cela faisait maintenant deux semaines que le mal avait frappé.

Je rentrais chez moi après une longue journée à frauder chaque sous que je ne pouvais avoir pour acheter le pain qui était sensé nous nourrir lorsque le désastre arriva. Je ne m'en doutait pas mais ma vie allait être bouleversée à jamais.

Le morceau de pain caché sous une vieille jacket, je vis ma mère étalée sur l'unique chaise de la pièce poussiéreuse.

" Maman ! Maman ! Est-ce que tu vas bien ? " Dis-je sans parvenir à cacher mon inquiétude.

Ce n'est pas sans soulagement que je vis ma mère ouvrir doucement ses yeux. Sa poitrine se soulevait faiblement à chacunes de ses respirations.
Rachel prit sa voix la plus douce, me répondant non sans une certaine tristesse.

" Tu n'as pas à t'inquiéter mon enfant, ce n'est qu'un mal de crane... "

Je n'avait peut-être que 12 ans, mais je n'était pas dupe. Même le pire des incultes aurait pu voir que son état n'est pas du à un simple mal de crane.

Je regardais ses yeux. Ils étaient expressifs. Trop expressif.

Au bord des larmes, j'observais ma mère.

Chaque respirations.

Chaque battements de cils.

Chaque larmes.

Je la surveillais.

Laissant le morceau de pain tomber au sol, je me propulsa dans ses bras. Sa peau était brûlante et son corps fatigué tremblait dans mes bras frêles.

" Alexander, je vais bi... "

Rachel n'eut pas le temps de finir qu'elle fut assaillie par une quinte de toux. La pauvre n'arrivait pas s'arrêter. Pour peu, j'eus cru que ma mère allait rendre l'âme. Paniqué, je m'écarta, sentant quelques larmes rouler contre mes joues.

" Maman, je t'en supplie, arrête... "

J'éclata en sanglot. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Cela arrivait parfois que ma mère se blesse ou qu'elle se sente mal mais aujourd'hui, j'avais la sensation que c'était bien plus grave.

Rachel laissa son corps reposer contre le mien. Je pouvais deviner que le simple fait de réussir à parler devait être épuisant pour elle.

" Ne t'inquiète pas maman, je promets de te soigner et de te ramener à manger. "

Et ainsi, je tain ma parole. Enfin, je fis de mon mieux. Chaque jours, je lui donnais ma pars de pains, lui faisant croire que j'avais mangé la mienne. Je volais des fruit auprès des marchands et des paysans, bravant le danger dans l'espoir de récolter l'argent dont j'avais besoin. Les médecins, peu nombreux hélas, étaient bien trop onéreux pour accepter de la soigner.

Ce qui devait arrivait arriva. Je contracta moi même la maladie et tomba malade au point de ne plus pouvoir me relever.

Alité auprès de ma chère mère, nous luttions tout deux contre la maladie qui nous épuisait. Tout avait échoué. Les plantes médicinales, les bouillons de poules, les remèdes que j'avais trouvé dans les livres n'était pas suffisant pour nous guérir.

Je me blotti un peu plus contre le corps chaud de ma mère. Nos deux corps tremblait l'un contre l'autre mais pourtant, nous mourrions de chaud.

" Alexander..."

Ma mère prit mon visage entre ses mains, caressant doucement mes joues mouillées par la sueur.

" Tu es si courageux... "

De nouveau, une nouvelle toux vint attaquer ma mère.

" Maman, tu tousses beaucoup trop... "

" A- Alexander, on va s'en sortir... " Dit-elle d'une voix à peine audible.

Faiblement, je regarda son visage. Son expression me brisa le coeur. Elle souffrait, c'était indéniable.

" O- on doit appeler un doct- "

" Avec quel argent ?! " s'écrit Rachel avant de tousser une nouvelle fois.

Je n'osait plus rien dire. Quelques larmes silencieuses coulaient sur mon visage. Je m'inquiétais pour ma mère, quoi de plus normal pour un enfant de mon âge ?

" Alexander... J- je n'aurai pas du te crier dessus... Je suis désolée. "

Elle déposa un faible baiser contre mon front. Je ne la regardais pas en face, mais je pouvais imaginer un pale sourire collé à ses lèvres.

" Dors un peu, il est tard... "

Je ne lui répondis pas et me contenta de fermer les yeux, bercé par la faible respiration de ma mère. Très vite, Morphée vint à nous.
Le lendemain, je me réveilla et trouva la force de me mettre assis. Ma mère elle, était toujours endormie.

" Maman, je veux un câlin... Réveille toi... "

Je la regarda mais elle ne bougea pas.

" Maman, arrête de dormir... "

Rien. Le corps de ma mère resta inerte. Je l'observais, posant une main sur son front : Elle était froide.

" Tu n'as plus de fièvre ? " Dis-je supris.

Pendant un instant, j'eux cru que la maladie était partie. Sa fièvre avait grandement baissée, elle semblait dormir paisiblement mais je ne me mettais pas rendu compte que sa respiration avait cessé.
Ainsi, je resta un long moment auprès du cadavre de ma mère, ne disant rien d'autre que ces simples mots :

" Réveille toi. "

Une Enfance DifficileWhere stories live. Discover now