"Survivre."

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Alexander P.O.V

Deux ans étaient passées. J'étais toujours en vie.

Le jour où ma mère est morte, j'étais resté à son chevet des heures durant, lui murmurant de se réveiller. Tandis que moi, son seul fils, la suppliait de se lever, Rachel restait endormie. Je lui en voulait. J'avais besoin d'elle, je voulais savoir si la maladie était partie, et elle restait là, à m'ignorer. Alors, j'ai commencé à pleurer, la secouant de toute mes forces, dans l'espoir infime qu'elle se réveille. Le jour commençaient à décliner alors que je commençais à acquérir l'idée que jamais plus elle ne se réveillerait. Je suis sorti de la maison, et j'ai couru. J'ai couru le plus loin possible, sans jamais me retourner. C'est le dernier souvenir qu'il me reste de ma mère défunte.

Comment ais-je survécu pendant ces deux ans ? Certaines personnes disent de moi que je suis bien plus intelligent que tout les autres, que je suis autodictate. J'aime pensais que ces personnes là disent vrai. J'ai du travailler, me battre pour gagner le moindre centimes, négocier le moindre gramme de pain ou de canne à sucre. La tâche était ardue, mais je survivais.

J'avais maintenant 14 ans, et on m'avait chargé de m'occuper de la charte commerciale. Je savais lire, écrire, et j'avais la chance de connaître les bases de la langue française. Mes connaissances me rendaient sans doute plus intelligent que la moyenne car malgré mon jeune âge, les adultes disaient de moi que j'étais parfait pour ce poste

Au fond, je n'en avait que faire de leur belle paroles. Tout ce que je voulais, c'était l'argent que l'on m'avait promis en échange de la rédaction de cette charte.

"Arrête de révasser, espèce de morveux !"

Cette voix me fit sursauter.

"Hein?"

"Arrête donc de regarder par la fenêtre et concentre toi sur cette charte. Il me la faut pour demain matin."

Et ainsi, me laissant seul dans la pièce.

"...À vos ordre, "maître"."

Le regard triste, je poussa un soupir lasse. Cet homme était infâme, et je ne pouvais rien contre ça. C'était lui qui m'avait chargé d'écrire cette foutu charte, et c'était lui qui me remettrait l'argent en temps voulu.

Cette pensée me rendit d'autant plus triste, mais je plongea aussitôt dans mes papiers, décidé à accomplir ma besogne.

Plusieurs heures étaient passées. La charte n'était pas achevée, mais un marchand acceptait de me donner un peu de rhum en échange de quelques services. Je n'aurai aucun mal à vendre l'alcool au plus offrant.

Je venais de me débarrasser de cette besogne. La bouteille de rhum était enfermée dans ma sacoche alors que je rentrais finir la charte.

J'étais presque arrivé à destination alors que je senti mon coeur se figer. Des marchands d'esclaves.

Si vous tombez nez à nez avec un marchand d'esclave, soit vous serez massacré, vous serez transporté au delà des mers.

Je ne pouvais pas rester ici.

Je pris mes jambes à mon cou. Courir, leur échapper, rester en vie. Je ne pouvais pas me permettre de reprendre mon souffle. Je les entendais. Leur chiens avaient flairés mon odeur. Moi, je continuais à courir, courant frénétiquement dans les flaques d'eau pour que l'humidité couvre mon odeur.

Ils se rapprochaient.

Courir, leur échapper, rester en vie.

Au bout de quelques longues minutes de course folle, je suis finalement arrivé à un lac. Sans la moindre hésitation, j'ai plongé habillé, me cachant contre le report. Quelques secondes suffirent aux marchands pour arriver au bord de ma cachette. Je pouvais voir le corps des trois hommes se refléter contre l'eau du lac. Une main était posé contre ma bouche, bloquant ainsi l'envie d'hurler qui me brûlait la gorge. J'entendais les chiens renifler autour de ma cachette. Je priais, espérant de toute mon âme que l'eau couvre mon odeur, et que les chiens n'aient pas la mauvaise idée de plonger dans le lac.

L'ombre des trois hommes se rapprochait. Elle se rapprochait de plus en plus. Encore quelques secondes, et ils allaient me voir. L'envie de crier me torturait le ventre, de chaude larmes coulaient sur mes joues.

"C'est la fin."

Tandis que je perdais tout espoir, une voix attira l'attention des trois hommes.

"C'est bon, nous avons suffisamment d'esclaves. Retournez au navire, nous repartons."

Les marchands répondirent en coeur avant de s'éloigner du lac.

Je remercia le ciel d'avoir entendu ma prière, mais malgré ça, une trentaine de minutes s'écoulèrent avant que je ne puise faire le moindre mouvement.

Trouvant le courage de sortir de ma cachette, je me suis assis au bord de l'eau pour ouvrir ma sacoche. La bouteille de rhum était brisée.

Tête baissé, je balança avec rage ce qu'il restait de la bouteille. Le rhum valait cher. Cette bouteille m'aurait certainement permis de récolter assez d'argent pour me nourrir pendant plusieurs semaines. Je n'en aurai jamais la certitude.

Impuissant, et maudissant ma triste vie, je resta assis un bon moment,regardant le soleil décliner. Il faisait nuit noir maintenant. L'envie me prenait de rester là, allongé contre le sol, à m'endormir en fixant cette ligne imaginaire appelé l'horizon, mais je ne pouvais pas me laisser aller à cette envie. Je devais absolument finir la charte commerciale si je voulais recevoir l'argent que l'on m'a promis.

C'est à contre coeur que je me leva, faisant craquer mon dos meurtri avant de me frotter les yeux. Sans un mot, je me mis en route, espérant trouver la force de survivre.

(Bon, voilà enfin le troisième chapitre. Mieux vaut tard que jamais. ¯\_(ツ)_/¯)

Une Enfance DifficileHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin