Faux numéro.

Claude part. I

« Ben alors, p'tite tête ! Qu'est-ce qui se passe ? »

Claude s'assit lourdement à ses côtés sur le canapé et étendit ses jambes sur la table basse devant eux. Aurélien resta silencieux un moment, cherchant les mots justes avant de renoncer. Claude lui jeta un coup d'œil et ses yeux se posèrent sur ses mains qu'il triturait. Il se redressa sur le canapé et posa une main sur les siennes pour l'empêcher de se faire mal.

« Orel ? »

En entendant son surnom, Aurélien se mit à pleurer, incapable de se retenir plus longtemps.

« J'ai fait de la merde Claude. À cause de moi, Gringe est tombé amoureux d'une fille qui n'existe pas. Jamais je ne pourrai me le pardonner. »

Claude fronça les sourcils, perdu, puis posa une main sur l'épaule d'Aurélien :

« Et si tu m'expliquais tout depuis le début ? Parce que là je t'avoue, je suis un peu perdu.

- D'accord, renifla Aurélien, mais j'ai tellement honte...

- Allez, je suis sûr que c'est pas si grave que ça !

- Si. Je me suis fait passé pour une meuf et j'ai envoyé des textos à Guillaume.

- Vraiment ? s'esclaffa Claude.       

- Au début, c'était juste un jeu. Je voulais seulement comprendre ce qu'il mettait dans ses putains de textos. Pourquoi les filles en devenaient folles.

- Et... ?

- Petit à petit, il est devenu accro à Arianne et-

- Arianne ? demanda Claude.

- Oui, le prénom que j'avais choisi pour la fille. Il lui écrit tous les jours. Des romans. Et tout à l'heure, il lui a dit qu'il était tombé amoureux d'elle et qu'il n'arrivait plus à dormir.

- Et ben, c'est du sérieux ! rigola Claude.

- Claude, c'est pas drôle ! rétorqua Aurélien. Cette fille n'existe pas. Seulement dans son imagination. Et il a l'air tellement amoureux d'elle. Qu'est-ce que j'ai fait..., murmura-t-il en baissant les yeux.

- Eh Orel, dit Claude en agrippant son épaule. Va pas te ronger les sangs pour ça. Il est grand notre Gringe.

- Mais c'est pas le pire, dit Aurélien dans un souffle. Je crois... que je suis tombé amoureux de lui. »

À cette révélation, il y eut un silence dans la pièce. Est-ce qu'il venait vraiment d'admettre qu'il était amoureux de Guillaume ? Et à Claude en plus de ça ? Il releva la tête, paniqué par ce qu'il venait de dire et tomba sur le sourire de Claude.

« Orel, c'est pas trop tôt, p'tite tête.

- Co-comment ça ?

- On le sait tous que tu es amoureux de Gringe. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.    

- Pardon ?    

- Tu n'es pas tombé amoureux   de lui. Ça fait longtemps que tu l'es, crois moi. Si tu voyais la tête que tu fais dès qu'il se lève pour aller draguer une fille au bar. Ou quand tu sais pas où il est. Où quand il part aux putes. À chaque fois que t'as un coup de blues, ça a un rapport avec lui.

- Arrête, c'est faux.

- Non, je t'assure. Mais le pire,    c'est que je suis persuadé que c'est réciproque. Et je suis pas le seul.    

- C'est impossible.    

- Je te jure. Il agit comme un idiot parce qu'il ne sait pas quoi faire ! On parle de Gringe là. »

Aurélien se mit à pleurer sans pouvoir se retenir et Claude fit une chose à laquelle il ne s'attendait pas. Il le prit dans ses bras. Jamais Claude n'avait été le plus délicat. C'était plutôt celui qui blaguait sans arrêt, qui ne prenait rien au sérieux... Aurélien se blottit contre son épaule et ferma les yeux. Il s'endormit en sentant les mains de Claude caresser ses cheveux.