〰️Chapitre 2〰️

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J'entre en vitesse dans la classe pour avoir la meilleure place. Celle du fond, près de la fenêtre. Je ne sors pas automatiquement mes affaires et me plonge dans la contemplation de ce qui se passe en dehors du bâtiment.

Mr Tilbert entre dans la classe avec sa vieille malette marron toute abîmée. Rien que le voir arriver me déprime. C'est un tyran comme prof. Au moindre bruit il peut péter un plomb. Il entend des voix surtout.

-Sortez vos affaires mademoiselle Debocher.
-Oui m'sieur.

Il ne dit rien sûrement aussi désespéré avec moi que moi je ne le suis dans la vie.

-Bien je vais faire l'appel.

Il place ses lunettes sur le bout de son nez.

-Debocher ?
-Encore et toujours présente monsieur.
-Ça suffit maintenant !

Oups. Je crois que je vais mourir avant la fin de l'année. Pourquoi il a fallut qu'il soit mon professeur principal en plus d'être mon prof de physique ?
Maintenant je suis bien obligée de le supporter puisque je n'ai pas le choix...

La sonnerie retentit et me fais lâcher un soupir de soulagement. Une pause.

Je sors de la classe et m'étire. C'est impossible pour moi de rester assise plus de trente minutes.

Je commence à faire un petit tour et évite de justesse de me faire assommer par une pile de carton.

-Oula.
-Pardon, je ne vois pas où je vais.
-Je vois ça. Attendez je vais...

Je ne finis pas ma phrase et prends la moitié de la pile dans mes bras.

-Voilà. Ça ira mieux.

Les cartons dégagés, je remarque seulement qu'il s'agit de Romain.

-C'est pas trop lourd ?
-Non ne t'en fais pas. Je mets ça où ?
-Suis moi.

Je me place à ses côtés et marche avec lui. Je peux voir du coin des yeux qu'il me lance quelques regards. Je fais semblant de ne pas l'avoir vu et continue mon chemin.

-J'ai rencontrer monsieur Tilbert ce matin.
-Et du coup tu le trouves comment ?
-Bah comment dire...il est...
-Désagréable, laid, insupportable et malgracieux.

Il s'arrête et me dévisage une fois de plus.

-Je te choque ? Je suis trop vulgaire ?
-Non tu as juste mis les bons mots sur ce que je pensais. Tu es franche simplement.

J'hoche la tête, lui montrant que je prends en compte sa remarque.

-Attention !

Je tire sur le tee-shirt de Romain pour le faire reculer avant qu'il ne culbute un garçon qui ne faisait pas attention où il allait.

Il reprend une certaine stabilité.

-Merci.
-Y'a pas de quoi.
-C'est ici. Dépose les cartons sur la table.

Je fais ce qu'il me dit en posant les cartons.

-Merci de m'avoir aidé.
-Ravi de l'avoir fais. Alors ce début de journée ?
-Je m'y fais petit à petit.
-Tous les surveillants sont sympa.
-Oui et pas que les surveillants d'ailleurs.

Je relève la tête mais n'arrive pas à croisé son regard.

-La cloche va sonné. Je dois malheureusement y retourner.
-Bonne chance.

J'ouvre la porte et continue ma route en lui répondant.

-Merci j'en aurais besoin.

Je retourne bon gré malgré en classe. Toute la journée se passe lentement. Le professeur nous explique le déroulement de notre année en nous distribuant les papiers à signé ainsi que notre emploi du temps qui est soit dit en passant pas génial.

La dernière sonnerie signe ma délivrance. Je pousse un cri rauque et sors de la salle, le sac au bout du bras.

Je monte dans le bus et remets mes écouteurs à mes oreilles.
Je rentre chez moi et m'installe à mon bureau pour remplir tous les papiers. Mon père, étant toujours saoul, est incapable de mettre une croix au centre d'une case. Je copie la signature de mon tuteur légal et règle les quelques détails.

Je me mets en tenue plus confortable et m'allonge sur mon lit. Je reste le plus possible dans ma chambre afin d'éviter mon père.
Je descends quand même pour me préparer des pâtes. Je tourne la tête du côté de la chambre de mon paternel. Je n'entends pas ronfler. J'en déduis donc qu'il n'est pas ici. Sûrement encore à traîner dans les bars comme à son habitude.

Depuis que ma mère est décédée il est partit en vrille comme beaucoup de personnes qui perdent un être cher.

Il s'est mis à boire de plus en plus, à devenir violent. Il m'a laissé tomber, se plongeant au plus profond de ses problèmes. L'alcool ne fait que l'enfoncer dans le plus profond des abysses. Moi aussi j'ai sombré mais pas de la même façon. Mais j'essaie de passer au dessus, de faire abstraction, d'oublier. Je fais ma vie en fonction de ce qui se passe au jour le jour.

Je mange en vitesse mes pâtes et remonte dans ma chambre. Je lis pendant plus d'une heure et m'endors rapidement.

Encore une nuit de merde. J'ai mal dormit. Depuis un certain temps, une nuit sur deux je ne dors pas. Je peux être fatiguée autant que je veux, le sommeil ne veut pas de moi. J'ai le sommeil agité et des flash-back viennent me hanter.

Je prend mes habits et pars m'habiller. J'attrape une pomme que je fourre dans mon sac pour la manger plus tard même si je sais que je ne la mangerai sûrement pas. En plus il faut que j'aille faire les courses.

Une fois que je suis arrivée au lycée, je toque au bureau des surveillants pour leur indiqué que je suis là et passe ma tête.

-Hey Gab !
-Salut tout le monde...

Je fais les petits rituel du matin.

-Tu as une sale tête aujourd'hui.
-Merci de me le rappeler Vincent. J'apprécie.
-Tu reste toujours très jolie Gab.
-Merci Louise. Je dois avouer qu'il faut que je rachète de l'anti cerne. Je l'ai fini ce matin.
-Tu as mal dormit ?

Je regarde Romain en lui faisant une tête de " tu te foutterais pas un peu de moi ? "

-Oui, si tu ne l'avais pas encore remarqué. Mais ça veut dire que mon correcteur marche bien alors.

11 ans de plusWhere stories live. Discover now