Céleste et Scyllia

Raven

J'ai réussi à prévenir Elisabeth et avec son aide, nous avons pu rassembler tous les enfants devant le palais. Même Enzo nous accompagnait dans ce périple. Nous partions à la rescousse de Lucas. Céleste et moi en tête, Scyllia et les jumeaux juste derrière, suivis de Camille, Ronan, Zack et Sin et bien entendu, Elisabeth et Enzo qui fermèrent la marche. Quant à la petite furie et à son drôle d'animal domestique, ils n'arrivaient pas à tenir le rang et ne cessaient de vagabonder dans tous les sens. Je tentais de garder la tête haute malgré mes craintes. Quand je vis que le joyeux groupe d'enfants marchait assurément et avec bravoure, je me dis que je devais faire honneur à mon titre de séraphin de la gardienne. Je me dis aussi qu'ils avaient dû vivre de sacrées aventures pour être aussi courageux et déterminés. Dire que ce n'étaient que des enfants... Mais quand j'y pense, Céleste est à peine sortie de l'enfance. Ce n'est qu'une adolescente qui porte un poids astronomique sur ses épaules. Elle aussi est tellement brave et assurée du haut de ses 16 ans. Comment peut-on être si jeune et avoir tant de responsabilités  ? Je les admirais tous autant qu'ils étaient.

— Nous sommes tout proches, lança Céleste à tout le groupe en inspectant la lisière de la forêt.

— Très bien, réfléchissons à un plan, débuta la duchesse.

— Ma chère Elisabeth, la coupa Enzo, je pense que nous ayons guère le temps.

— Il arrive  ! s'exclama Scyllia.

Une silhouette humaine se dessina à travers l'obscure forêt. Ses longs cheveux noirs de geai rappelaient les ténèbres de la nuit, mais une mèche rouge flamboyante trancha la noirceur de ses cheveux. Son visage était fin, mais une épaisse cicatrice traversait la moitié de sa joue gauche. Malgré tout son attirail de grand méchant, ce qui me fit réellement froid dans le dos, jusqu'à m'en hérisser le bout des ailes, c'étaient ses brillants yeux jaunes ressemblant à deux éclairs dansants. Ils me donnaient l'impression de pouvoir tous nous foudroyer d'un seul regard.

— Vous devez être Raven, suggéra Céleste en s'avançant vers lui.

— C'est bien ça, affirma-t-il en tendant son bras droit.

— Où est Lucas  ? l'interrogea calmement Céleste avec une voix tremblante de rage.

— Ainsi, c'est comme ça qu'il s'appelle, répliqua Raven en laissant un corbeau se loger sur son bras. Lucas... Cela signifie lumière dans votre monde, n'est-ce pas  ? Ce prénom lui va à merveille.

— Que veux-tu dire par là  ? s'impatienta Céleste.

— Ce jeune homme est aussi brillant qu'un astre, poursuivit sereinement Raven en observant son corbeau sous tous les angles, malheureusement, ce n'est plus mon cas depuis bien longtemps.

D'un geste certain, Raven lâcha son corbeau obscur sur nous. Avant qu'il ne nous atteigne,  le volatile se démultiplia  et forma une véritable nuée  qui continua sa course sur nous. Tout le groupe esquiva ou para les attaques de l'oiseau. Soudain, l'un deux piqua sur moi, le bec grand ouvert. J'étais bien plus rapide que ce sale volatile, mais la panique m'embrouilla dans mes mouvements et je fis n'importe quoi tout en restant sur place.

Il était sur le point de m'avaler lorsque je vis une boule blanche sauter dessus et le ramener à terre pour le déplumer comme un vulgaire jouet. Brumi venait de me sauver la vie, mais ne s'arrêtta pas là dans son carnage. À lui seul, il était bien plus efficace que tout le monde réuni et les abattait un à un.

D'ailleurs, en regardant autour de moi, je vis qu'Elisabeth, Enzo et Zoé n'intervenaient pas.

— Tu ne les aides pas  ? demandai-je à la furie.