Chapitre 3

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L'atmosphère silencieuse de l’aube se rompit au son incessant qui émanait du réveille-matin, venant agacer les oreilles de Jay. C'est avec un concert de grommellements que la jeune femme tenta d'éteindre l'appareil insupportable en cherchant le bouton désiré. Elle garda ses paupières obstinément closes tandis que le cadran achevait de débouler ses sonorités, lui arrachant un soupir. Après un bref moment, ses prunelles rencontrèrent les filets lumineux du soleil qui filtrait à travers les minces rideaux de la chambre. D'une main molle, elle vint frotter machinalement ses yeux, tentant d'effacer toutes traces de sommeil. Encore dans les vapes, la brunette redressa son corps en échappant un bâillement tandis que son regard voyagea sur ses meubles qui se découpaient faiblement dans la pénombre. Jay attrapa ses lunettes pour les glisser sur son nez avant de se dépêtrer des couvertures d'un geste paresseux. Ses pieds se posèrent sur le parquet glacé de la pièce et elle se leva tant bien que mal, vacillant un léger moment sur ses jambes engourdies. Elle se dirigea, comme à l'habitude, vers sa table de chevet avant de se pencher pour éteindre sa veilleuse. Péniblement, elle entreprit d'ouvrir ses rideaux, laissant danser les rayons du soleil dans sa chambre.

La jeune femme resta un long moment à contempler l'horizon qui baignait dans une clarté nouvelle. Les arbres se dénudaient peu à peu, les feuilles colorés s'envolant avec le vent automnal qui fouettait la région. L'Irlande brillait sous les milles feux du soleil, le dôme de l'automne saisissant peu à peu la ville tandis que les derniers vents chauds d'été s’évanouissaient. Chaque matin, elle adorait observer chaque nouveaux détails qui s'ajoutaient au fil des journées qui passaient, que ce soit le gel qui s'emparait un jour des pousses jusqu'au temps que le soleil prenait pour pointer son nez.

Ses billes azurés effleurèrent un instant encore le paysage avant que son attention soit diriger ailleurs. Comme une automate, la brune commença à faire son lit tandis qu'un sentiment d'appréhension se construisait, dans son estomac, comme à chaque matin où elle devait aller à l'université. Elle pinça les lèvres avant de continuer son chemin jusqu'à la salle de bain. Ses mains vinrent détruire la tresse qui nouait sa chevelure et une cascade frisée croula sur ses épaules, atterrissant au creux de ses seins. Elle observa la boîte de ses verres de contact, se questionnant si elle devait les mettre. Trop lâche pour le faire, elle garda ses lunettes.

Jay analysa un instant son reflet dans le miroir, ciblant les quelques défauts qui figuraient sur sa peau blême. Une grimace défigura ses traits tandis que son regard chassa la glace.

La fille déboula dans sa cuisine, sa main attrapant une bouteille de médicament. Elle se servit un verre d'eau pour ensuite glisser dans sa paume deux comprimés qu'elle cala avec le liquide. Ses orbes se perdirent un instant sur les passants qui foulaient rapidement le sol, ne voulant pas arriver en retard à leur travail. Les minutes s’égrainèrent tandis que ses pensées tourbillonnaient dans sa boîte crânienne, laissant son regard sur un point invisible.

Elle reprit ses esprits en sursaut quand un bruit alarmant résonna dans son appartement. Jay courra jusqu'à sa chambre, éteignant son réveil qu'elle avait programmé la veille pour être sûre de ne pas oublier de se lever. Elle jeta un coup d'œil à l'heure, celle-ci s'inscrivant à 7h30. Jay regagna la cuisine d'un pas lent avant de voler une pomme non loin de là. Elle se fit machinalement couler un café en empoignant finalement le journal de la veille qui gisait sur le comptoir, n'attendant que d'être lu. Quand la cafetière finit de verser le breuvage, la brunette s'en empara et entreprit de mettre du sucre et de la crème pour adoucir le goût fétide du café noir. La tasse et la pomme dans une main et le journal dans l'autre, ses pas convergèrent vers la table non loin de là. Elle s'assit en prenant une gorgée du café, ses billes s'attardant sur le papier rempli d'écriteaux diverses. Jay l'ouvrit pour le feuilleter, ses œillades s'accrochant sur une photo en particulier. Elle s'arrêta à la page voulue et sa vue sembla tanguer pour devenir flou. Le visage de sa mère se découpait indistinctement dans le journal, un sourire carnassier aux lèvres. L'étudiante cligna des paupières tandis que les battements de son cadet augmentaient d'intensité. Les traits de sa mère se dissipèrent peu à peu, laissant place à une figure qui lui était tout à fait inconnue. Sa respiration se fit saccadée tandis qu'elle survolait l'article, les mots s'envolant sous ses yeux. Elle ferma rudement ses derniers avant que sa main vint pousser violemment le journal pour qu'il soit hors de sa portée. La jeune femme amena ses menottes à ses tempes alors que des tonnes de jurons déboulaient de ses lèvres. Les larmes vinrent perler dans ses prunelles tandis que Jay secouait avec rage sa tête. Elle prit une grande expiration, laissant échapper toute la colère et la faiblesse qu'elle ressentait dans ce souffle, comme si ce dernier était capable de faire dissiper ses sentiments.

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