「 Après deux ans d'hospitalisation, Charlie obtient enfin l'autorisation de rentrer chez elle.
Si, au premiers abords, cette nouvelle l'enchantait, elle se rend rapidement compte qu'elle se retrouve maintenant plus seule que jamais.
Sans personne su...
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Plus que cinq minutes.
Je soupire faiblement. Je suis déjà prête à partir: dès que la sonnerie retentira, je n'aurais plus qu'à lancer ma trousse dans la poche de mon sac qui lui est réservé et à glisser mon cahier au milieu des autres. Ensuite, en un rapide mouvement, je remonterai la fermeture éclair de mon sac et le porte sur mon dos. C'est aussi simple que ça.
Ça fait déjà une bonne demi-heure que j'ai arrêté d'être attentive à mon cours. Plus personne ne l'est, et même avec toute la volonté du monde, je n'arrive pas à m'intéresser à ce que mon professeur d'histoire-géographie me raconte. Je comprendrai de quoi il parlera la veille du contrôle, quand je me serai décidé à ouvrir mon cahier.
Après un bref coup d'œil à l'horloge, je constate que seule une petite minute s'est écoulée. C'est incroyable ce que le temps passe doucement lorsque l'on ne s'intéresse pas à ce qu'il se passe autour.
Mon regard vient alors se poser sur Dave. Celui-ci ne semble pas bien plus attentif que moi car il fixe le plafond avec une expression vide. Il est affalé sur sa chaise d'une drôle de façon et ses affaires sont étalés sur son bureau.
Soudain, la sonnerie retentit. Sans me faire prier, je rassemble toutes mes affaires, enfile mon manteau et sors de la salle de cours. Je traverse hâtivement les portes du lycée et savoure la brise d'air frais qui me chatouille le visage. Je suis enfin libre pour le week-end.
Une main vient se poser sur mon épaule et, timidement, je retourne ma tête pour identifier l'auteur de ce geste. Heureusement, il ne s'agit que de l'insupportable anglais.
Ses yeux sont plissés d'une manière rieuse et les commissures de ses lèvres se sont relevés. Il sourit sans raison apparente, comme il m'arrive de le faire régulièrement ces derniers temps. Ce genre de sourire est une des plus belles choses que le monde ait créé.
« Où alliez-vous comme ça, mademoiselle Bressard ? m'interroge-t-il sur un ton faussement suspicieux. Vous n'auriez pas oublié quelque chose ?
- Absolument pas, je répond en tapotant mon menton de mon index, comme si je réfléchissais avidement. Vous pouvez m'éclairer, monsieur ?
Il tente de conserver son expression sérieuse, en vain. Un éclat de rire menace de s'échapper de ses lèvres à tout moment.
- Je crois bien que vous deviez sortir avec votre très bel ami Dave Jones, m'explique-t-il avec professionnalisme. Il devait vous emmener voir un film, si je ne m'abuse.
- Je ne vois pas de qui vous parlez, avoué-je d'un ton dramatique. Je ne connais pas de beau garçon du nom de Dave.
Le principal intéressé étouffe un juron, l'air faussement outré, avant de m'affliger un petit coup sur l'épaule. Je pince les lèvres pour m'empêcher de rire.
