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Elle

Après les présentations générales, les élèves de première année sont orientés vers leurs classes respectives. Malheureusement, moi et Brandon ne partagerons pas de cours. Il fait plutôt de la biologie médicale.

Je me sépare de mon ami, qui me fait une bise, et je rejoins la salle de mon premier cours. Je n'ai pas encore vu Addison et elle me manque sérieusement. On aura les mêmes cours puisqu'on a choisi la même filière scientifique. Ryan, Jessica et Logan seront aussi avec nous. En entrant, je piétine une personne et veux me retourner pour m'excuser, mais me ravise en voyant que ce n'est que Jessica.

- Excuse-toi vite, mademoiselle Tiffany-Amber, s'enrage-t-elle en soutenant mon regard.

Ses attitudes hautaines ont aussi fait le voyage pour le Connecticut, à ce que je vois.

- Remercie moi, maintenant ta chaussure ressemble à quelque chose.

Elle est surprise par mon adrénaline, mais je lui souris faussement et me cherche un siège. Sa main me rattrape vivement l'épaule, et elle me retourne face à elle.

- Je ne sais pas ce que tu fais ici, mais tu ne resteras pas longtemps. Les fantômes errants dans ton genre, je les renvoie où ils doivent être ! Au paradis...ou en Enfer, ce qui est ton cas! M'avertit-elle.

Ses propos qui visaient à me faire peur ne me traversèrent pas du tout, ou alors, j'essayais de faire comme si de rien n'était, et choisis une place où m'asseoir. Parfois, le silence est la meilleure des armes et une confrontation avec Jessica ne me servirait à rien. Installée, j'attendais patiemment le début du cours, en lisant un livre de Peter Hanks sur la physique quantique. La salle se remplit rapidement et Ryan fit son entrée quelques minutes plus tard. Son regard rencontra immédiatement sur le mien, et il s'arrêta. Il semblait toujours aussi surpris et je le fixai sans rien dire, puis replongeai dans mon livre, remarquant néanmoins son sourire au coin.

Ce sourire qu'il a toujours quand quelque chose de vicieux lui passe par la tête. Je levais mon regard pour savoir où il s'assiérait. Jessica qui était au fond de la salle, lui fit un signe de la main qu'il aperçut, sans pour autant y prêter attention. Il monta les marches de l'amphithéâtre et s'approcha de moi. À cet instant, je découvris que les deux sièges à mes côtés étaient vides. Je maudissais la Terre. La prochaine fois, je choisirais un endroit déjà bondé.

- Salut, dit-il en s'asseyant à ma gauche.

J'ai bien entendu, mais continuait de lire mon livre.

- Peter Hanks ? J'adore ce livre, me confia-t-il.

Rien n'y fait, je continue ma lecture.

- Re-salut, insista-t-il.

Je tournai une page de mon livre. Il soupira et sortit ses affaires de son sac. L'air prit une note beaucoup plus aromatique, son parfum sentait le bois de rose et l'ambre.

- Salut, dit une fille qui s'assit à ma droite.

- Salut, lui répondis-je souriante.

C'est toujours bien de faire une bonne première impression. Elle sourit.

- C'est pas vrai, chuchota celui à ma gauche.

Addison fit enfin son entrée, dans les bras de Logan. Ils sont si mignons ensemble que je ne peux m'empêcher de sourire. Addison croise mon regard et son visage est automatiquement illuminé. Elle fait signe à Logan de choisir des places, puis se précipite vers moi.

- Amber, mon cœur ! Ca fait si longtemps ! M'embrasse Ad.

- Et comment ! Répliquais-je. On a trop de choses à se...

Le professeur entra la seconde qui suit et Addison et moi devions fâcheusement nous séparer.

- Je te propose une chose ! Rejoins-moi dans la chambre 36 du Timothy Dwight, on fêtera ton retour autour d'un bon repas, commandé bien sûr, rigola-t-elle. Les pauses ne sont pas assez longues pour tout se raconter de A à Z, en plus Logan est toujours avec moi.

- D'accord, je manquerais pas, souriais-je.

En partant, elle constata que Ryan était à côté de moi et le toisa. Elle me lança un regard interrogateur, mais je lui fis mime de ne pas savoir l'objet de sa présence ici.

...

Le professeur se présenta, docteur Edwards, se nomma-t-il. J'étais attentive à chacune de ses explications, et prenait des notes. Il faut dire que j'ai vraiment envie d'être brillante pendant mon cursus scolaire supérieur, déjà que j'y suis obligée.

- Pss, t'aurais pas un stylo de libre, là ?

Je sondai Ryan qui venait de me poser cette question. On est en pleine rentrée universitaire et il se permet de ne pas avoir de stylo. C'est absurde. C'est le stéréotype parfait de l'étudiant qui n'accorde pas une grande importance aux études ou alors, il mentait pour créer une conversation entre nous.

- Non.

- Mais je t'ai vu en garder cinq dans ton sac ! Chuchota-t-il.

- Laissez-moi suivre le cours, monsieur.

- Putain ! Arrête de me vouvoyer et de m'appeler monsieur, Amber.

- Monsieur, vous nous ferez bien le plaisir de répéter ce que j'ai dit, demanda le prof à Ryan, l'ayant surpris distrait.

L'interpellé se leva.

- Alors, hum...Vous avez dit qu'il est était expérimentalement connu que lorsque la lumière visible ou ultraviolette tombe sur une surface métallique, des électrons sont éjectés par cette surface, ce phénomène pouvant être prévisible par la théorie classique selon laquelle la lumière étant une onde électromagnétique, le champ électrique qui lui est associé peut induire une force qui s'exerce sur les électrons de la surface métallique et éjecter certains d'entre eux, ce qui nous permettra par la suite d'expliquer l'effet photoélectrique.

Le professeur acquiesça et Ryan se rassit. Il a exactement répéter ce que M. Edwards expliquait, je m'étonne qu'on puisse poursuivre deux lièvres à la fois, c'est hallucinant !

Le cours se déroula sans encombre ainsi que le reste de la journée, à un détail près : je menai celle-ci en repoussant tous les contacts de Ryan, ne voulant rien avoir à faire avec lui. Contre vents et marrées, sa détermination ne pliait toujours pas.

...

On est enfin au dernier cours de cette journée et je suis assez contente de cette première approche que les professeurs ont eu avec nous, mais à dix minutes de la fin, madame Garson annonça la formation de groupes de dix élèves qui travailleront sur le produit tensoriel. Ce devoir sera à remettre dans une semaine, j'admets qu'on soit déjà passé aux études supérieures mais des exposés dès le premier cours, je trouvais ça abusé. Aussi, ayant procédé par regroupements par sièges, je me trouvai dans le même groupe que Crawford. Il avait encore réussi à s'asseoir à proximité de moi, et je voyais bien que son éloignement de Jessica rendait cette dernière folle. Je ne pouvais pas demander mieux : sans lever le petit doigt, je mettais cette fille hors de ses gongs.

Le cours enfin fini, je range mes affaires et dévale les marches pour sortir de la salle. Juste en dépassant la porte, une bras me retourne et me plaque contre le mur. C'est la deuxième fois en une journée que je me fais traiter de la sorte. Les étudiants circulent sans nous prêter attention. Je soupire, Crawford appuie sa main contre le mur à ma gauche, et le regarde désespérément.

- Pourquoi me vouvoies-tu ? Me demande-t-il calmement.

- Écoutez, le temps me presse et je dois vous quitter, donc si vous pouvez dégagez votre bras de là, ça me ferait énormément plaisir.

Je trouve que je m'y prends légèrement avec lui, mais je fais ça pour garder mon calme. La douleur de ces derniers mois s'est accumulée en haine. S'il insiste, il verra à quel point je peux être aussi mauvaise que lui.

- Écoute, ce qui me ferait plaisir, c'est de parler avec toi Amber. Comme au bon vieux temps, bébé.

INACCESSIBLEWhere stories live. Discover now