Déboires de jeunesse

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Des années plus tôt...

La forge rougeoyait d'une chaleur cuisante tandis que Daraïn Forgefer s'attelait durement à la tâche. Ses muscles de nain roulaient sous sa peau en sueur. Martelant durement le métal qui résonnait de clic et de clac, il faisait également chauffer l'acier avant de le plonger dans l'eau, laissant alors s'échapper de bruyantes vapeurs. Amerys avait vingt et un an à cette époque et avait pour habitude de se réfugier auprès de son père, aimant le regarder travailler et tentant parfois de l'aider dans de basses besognes.

Daraïn avait spécialement coupé court sa barbe cuivrée grisonnante pour ne pas être gêné dans son travail mais avait soigneusement gardé ses cheveux longs et épais, ornés de tresses ici et là dans une sauvagerie malgré tout bien rangée et agrémentées de perles d'acier brut. Les flammes dansaient dans ses yeux noisette qui eux-mêmes reflétaient une concentration extrême ainsi qu'une passion dévorante pour l'art des métaux. Son père était fier de son métier qui se transmettait de génération en génération. Son plus cher souhait aurait été de le transmettre à un éventuel fils mais il n'avait eu qu'une fille après la mort de son premier bébé. Ainsi il avait été clair, une femme n'était pas capable de manier la matière et devenir forgeronne. C'est pourquoi Amerys avait suivi les pas de sa mère et était devenue guérisseuse et apothicaire. Cela ne l'empêchait pas de rêver de mode de vie nain, de cités dans la montagne et d'amis qui lui ressemblaient un peu plus.

─ Raconte-moi encore comment était la forge d'Erebor papa ! s'égosilla Amerys.

La jeune demi-naine qui était assise sur un tonneau à admirer son père travailler ne put s'empêcher de reposer encore cette question. Elle rêvait d'Erebor depuis toute petite grâce aux récits de son paternel et s'était cent fois imaginé la Montagne Solitaire comme une merveille de vie et d'architecture naine. Daraïn tout en continuant sa tâche pris néanmoins le soin de répondre à la requête de sa fille unique.

─ Je te l'ai déjà décrite au moins dix fois déjà... Tout comme le royaume perdu en lui-même et ce qui se trouvait aux alentours, Dale et Esgaroth.

─Cela me fait tant rêver ! J'aimerais y aller un jour ! s'extasia-t-elle.

─ Cela n'est pas possible et tu le sais bien ma chérie.

─ Pourquoi personne n'a jamais tenté de déloger ce satané dragon de là-bas ? Cela ne doit pas être si difficile. Je croyais que notre peuple était fort et courageux. Il doit bien y avoir un moyen de récupérer ce bien et tuer ce maudit cracheur de feu !"

Son père rit alors aux éclats devant les dires de sa fille.

─ Pas face à un dragon de la taille et la force de Smaug... malheureusement. Seul un miracle pourrait nous permettre de récupérer la cité mais j'ai de minces espoirs. Je crois qu'elle restera sans vie, inanimée et terne à tout jamais...

Amerys baissa la tête devant le pessimisme de son père. Elle posa pied pour descendre de son perchoir et marcha lentement au sein de la forge tandis que le maître du fer et du feu continuait son œuvre. Elle saisit un panier couvert et le posa près du travailleur.

─Il est temps de manger papa. Maman t'as préparé un bon déjeuner.

Daraïn qui était tiraillé par la faim reposa ses outils, prêt à engloutir son repas avant de retourner très vite manier le métal. Il croqua goulûment dans son casse-croûte avant d'adresser à sa fille un sourire paternaliste.

─ Qu'en-est-t-il de ce roi ? reprit alors la demoiselle insistante. Thorïn Ecu-de Chêne si je me souviens bien, n'aimerait-il pas reconquérir ce qui lui appartient ? Ne souhaite-t-il pas se battre pour son bien ?

Parmi mon peupleDonde viven las historias. Descúbrelo ahora