/!\ AVERTISSEMENT /!\
Ce chapitre peut contenir des sujets sensibles : pour en savoir plus, se référer à la Table des Avertissements en fin d'ouvrage
Très rapidement, elle était devenue « la fille de la bande ». Nous gravitions tous autour d'elle, toujours ensemble. Ève, pour nous avoir plus souvent près d'elle, nous avait transférés dans son équipe, l'équipe de recherche sur la nouvelle crypte, ce qui avait déclenché de nombreuses jalousies : tout le monde aurait voulu participer. Mais l'aura de cette femme ne permettait pas qu'on lui refuse quoi que ce soit. Il y avait toutefois bien trop à organiser et à découvrir pour ternir l'enthousiasme commun par des rivalités intestines : le tracé des carrés de fouilles, la répartition des emplacements, la mise en place du stockage, de l'évaluation et de l'étude... Tout restait à faire et nous partions de rien.La connexion qui s'établissait entre nous quatre dépassait la simple amitié : une passion commune, un quotidien, des rêves. Nous partagions nos journées, nos soirées, nos lits, aussi, parfois. Pour un regard extérieur, notre relation devait sembler plus qu'ambiguë. Cependant, la connexion entre Ève et Khaled ne souffrait pas de comparaison. Ils ne formaient plus réellement deux entités distinctes. Nous étions tous jeunes, irresponsables, irréfléchis. Mais ces deux-là... La jalousie maladive de Khaled, l'indépendance d'Ève, sa nonchalance face à la détresse de son compagnon parasitaient leur histoire. Quand la douleur a surpassé l'amour, Ève s'est éloignée. Elle était bien plus pragmatique que Khaled, bien plus réaliste et elle s'aimait suffisamment pour savoir quand s'arrêter. Elle prit ses distances avec Khaled, qui ne l'accepta jamais totalement. Mais le vrai coup dur suivit quelques années après, quand Jahmir et elle se rapprochèrent. Il eut la sagesse de se taire, non sans que ses relations avec son frère en pâtissent. D'inséparables, ils devinrent simplement polis. Jahmir regrettait cet état de fait, mais se savait impuissant.
Quand Ève tomba enceinte, leurs relations retrouvèrent un peu de cordialité : Khaled ne pouvait rester loin de son jumeau à un moment aussi important de sa vie. Il fut désigné comme le parrain de l'enfant à naître et la perspective de ce rôle dans la vie du bébé lui redonna de l'énergie.
La grossesse d'Ève reste l'une des périodes les plus heureuses de ma vie. Si les débuts de notre petit groupe avaient été idylliques, notre désunion avait commencé lorsque Ève avait pris ses distances avec Khaled. Ève enceinte symbolisait un renouveau qui nous ramenait à l'âge d'or de nos débuts, et cela nous réconcilia tous. Nous avions grandi, mûri. Nous étions plus stables, plus équilibrés, moins fusionnels, mais notre proximité en devenait plus saine. Le bonheur d'être réunis frappait de nouveau à notre porte, enfin. À cette époque, nous recommencions donc à vivre tous ensemble dans la maison d'Ève, communauté unie autour d'elle. Toute notre attention se tournait vers son bien-être, vers le bébé. Nous formions une famille.
Mais la grossesse tourna mal.
˜˜˜Trop préoccupée par son travail et l'attrait fascinatoire de la crypte, elle négligea les inconforts qu'elle traversait, les assimilant aux aléas habituels de la grossesse. Maux de tête, vomissements, jambes gonflées... Les symptômes classiques, non ? Elle n'y prêta pas attention, nous non plus, confiants en l'avenir, concentrés sur l'ivresse de la découverte archéologique. Ce n'est que tardivement, après une crise d'apparence épileptique et une course effrénée sur la route cahoteuse vers l'hôpital le plus proche, qu'elle se confia enfin à un médecin. Le diagnostic tomba, rude : pré-éclampsie sévère. Le danger pesait sur sa santé, autant que sur celle du bébé. Mais nous avions de la chance : on diagnostiquait rarement à temps cette affection.
˜˜˜
Elle aurait dû rester enfermée dans une chambre d'hôpital à attendre le terme. Bien entendu, elle s'opposa à l'idée de laisser les recherches se poursuivre sans elle à Nippur, de laisser sa découverte aux mains d'autres chercheurs. Elle n'acceptait pas que des hommes lui volent cette gloire pour laquelle elle avait dépensé tant d'énergie...
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Caelestia Mundi
FantasyToutes les civilisations racontent l'histoire d'une période où les Dieux et toutes leurs créatures se mêlaient aux Hommes. S'il semble que ce temps soit révolu, moi, Gabriel Nebeski, je découvrirais où se sont enfuis les Dieux, et pourquoi. Quitte à...