Lettre 41 - Fred

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22 décembre, 21h30, 1995,

'Mione,

Je suis et demeure persuadé que nous ne possédons rien. Les récents événements ne font que d'appuyer cette idée. Quand bien même je n'aurais pas le courage de la prononcer à l'oral je demeure convaincu et persuadé. 

Parce qu'au fond, j'ai l'intime et profonde conviction que nous sommes et que nous ne sommes pas. Que nous ne faisons que passer dans quelque chose de tellement plus grand et de tellement plus puissant, tellement plus profond. Nous demeurons destiné à n'être que les minuscules engrenages temporaires d'une machine éternelle. 

Et rien ne nous appartiens, parce que nous ne faisons que passer dans ce monde trop grand et trop vaste. Nous ne sommes que de simples locataires, et rien ne peut nous appartenir, et tout ce que nous pouvons acquérir finira par être rendu à son premier propriétaire. 

Rien ne peut nous appartenir. Quand bien même la vanité et la cupidité et l'avarice humaine tendrait à penser le contraire. 
Mais c'est vrai. Rien ne nous appartient. 
Ni le livre dans notre bibliothèque, ni les bracelets à nos poignets, encore moins de stupide zéros sur nos compte à Gringotts... 
Rien ne peut être à nous.

De toute façon nous partirons comme nous sommes venus : nus. 

Nus, sans artifices, sans distinctions, sans masques, sans classe sociale ou image qu'on aurait passé sa vie à monter de toute pièce pour exister dans les yeux des gens, de ce reflet de nous qu'on était incapable de voir nous même. 
A la Morgue, rien ne distinguera l'homme riche de l'homme pauvre, si ce n'est peut être la différences de richesses plus ou moins matérialistes dans lesquelles ils seront enterrés. 
Moi, la seule chose que je vois, c'est que l'homme qui aura passé sa vie à travailler, à courir après l'argent, et tout les biens terrestres qu'il eut put amasser, personne ne viendra le pleurer. 


Non ma chérie, rien ne nous appartient, et nous appartenons à Tout. Tout comme cette foutue machine éternelle qui continueras de fonctionner, bien indifférente à l'état de ces rouages, des nouveaux engrenages qui viennent à remplacer les anciens. Tout, comme c'est Vie qu'on a pas choisit et cette Mort qu'on ne décidera pas. Tout comme trop de choses qui nous échappent et que les matérialistes ne viendraient même pas à soupçonner. 

Et même la liberté ne nous appartient pas, ou seulement le temps insouciant où l'on ignore sa présence. 

Je suis un homme simple. Je reste et je demeure persuadé que je ne possède rien. Ni la fleur qui s'épanouit dans mon jardin, ni la plume d'oiseau qui me sert à écrire cette lettre. Je sais qu'au fond je suis comme un grain de sable déporté au gré des vents et des forces tellement plus puissante que son pauvre esprit mortel ne saurait soupçonné. 

En vérité, je t'avouerais que j'ignore comment fonctionne le Monde. Ca ne me perturbe pas forcément plus que ça. Je sais qu'il marche depuis des millénaires et ça me suffit pour le moment. 
Je ne sais pas si il y a une entité divine toute puissante qui se plait à nous faire souffrir, ou bien que des vieilles barges s'amusent à couper des fils et tisser des toiles avec la supériorité légère d'un artiste pour ses personnages. 

Si ça se trouve, même notre Destin est décidé à l'avance, comme un grand scénario romanesque qu'on nous impose, comme si l'on était au fond que les personnages d'un livre, condamnés à subsister au fil des pages par la volonté et la volonté seule d'un auteur qui voudrait se croire Dieu. 


J'ignore comment est organisé ce foutu monde un peu trop bancal à mon goût et bien trop dangereux pour ton sourire que je tiens à protéger comme ma propre vie. 
Je l'ignore, mais entre nous, j'ai l'audace de croire que les sentiments que je nourris à tes égards et qui prennent de plus en plus d'ampleurs ainsi que passe les jour... J'ai l'audace insolente de croire qu'ils m'appartiennent. A moi et à moi seul. 

Parce que je t'aime, 
Fred.


De mon cœur à  toi - FremioneWhere stories live. Discover now