Chapitre I

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28 août 2018, 7:34

Une sonnerie stridente retentissait. Je levais la tête de mon téléphone portable pour observer la file d'attente qui restait immobile. Je passais une main dans mes cheveux, exaspérée. J'attendais dans cette queue interminable depuis bien 6:40 ce matin. L'énorme pancarte dessus la porte qu'on convoitait tous, affichait:

"Ici, remise des manuels scolaires à 7:00"

- Pfff...

Exaspérée c'est bien le mot. Autour de moi, que des enthousiastes, pressés d'assister à leur premier cours de l'année en amphi. Moi, je redoublais, connaissais les locaux par coeur, les élèves par coeur, les professeurs par coeur... je ne me connaissais pas aussi ennuyée de (re) commencer une année, dans une fac blindée de nouveaux... ce que je voulais moi, c'était du changement. Mais bon. Je vais essayer de ne pas me plaindre d'avantage.

- Attention ! Regarde où tu vas toi !

Je tournai la tête, relevai mes lunettes. J'affichais un sourire en coin que je m'empressai d'effacer. Empalai mon téléphone dans la poche, pointa du doigt un grand gaillard gueulant sur un autre qui semblait lui avoir renverser son café dessus.

- Eh toi ! M'empressais-je de crier.

Les deux se retournèrent. Suivis d'une centaine d'élèves qui attendaient dans la file.

- Ouai toi le grand la. Tu te prends pour qui à adresser la parole aux autres comme ça ? C'est pas parce que tu redoubles que tu as le droit de t'en prendre aux plus jeunes ! C'est sa faute si tu es tellement large qu'on te rentre dedans facilement ? Je penses pas qu'il ai fait exprès de renverser son café sur ta personne. Attaque toi à des gens de ta carrure....

Le grand, coulant de café, se tourna vers moi, afficha un de ses plus beaux sourires. J'ajoutai:

- ... Enflure.

Il s'approchait de moi pendant que celui qui l'avait renversé rangeait ses affaires rapidement et se replaça dans la file, apeuré.

- De ma carrure tu dis..? Rétorqua-t-il.

Je souris.

- Je t'écrase avec mon pouce ma petite. Ajoutait-il.

- Ah oui ? Essaye donc.

Il regarda autour de lui et finit par sourire de toutes ses dents. Il secoua la tête et ouvra grand ses deux bras pour me serrer fort. Je le serrai a mon tour en riant.

- Ah tu m'as manqué toi... dit-il.
- C'est vrais je pensais que tu n'avais pas de sentiments ? Le taquinais-je.
- Ouai c'est vrais je suis un dur moi. Mais je t'en donne un petit peu. Il finit sa phrase avec un clin d'œil mignon. Ca va mieux ? Tu reviens enfin parmi nous ?
- Oui, enfin.

De légers chuchotements se firent entendre. De plus en plus fort. Pour devenir un brouhaha. Je continuais de fixer Jason. Il me parlait de son été, comme le soleil fut radieux. Ses grands yeux marins reflétaient le soleil d'un ton mielleux. Il bougeait dans tous les sens pour m'expliquer comme il avait surfé sur des vagues « plus hautes qu'un immeuble de 6 étages ». Il avait tendance à exagéré. Plus « qu'un peu ». Un jour il m'avait raconté qu'avec son père, il était allé chasser et qu'il avait abattu un sanglier... il avait 9 ans. Et le sanglier n'était rien d'autre que son chien, qu'il n'avait évidemment pas tué. Pauvre bête. Enfin bon. Le chien va bien. Ses cheveux bruns virevoltaient au rythme de sa tirade et ses yeux pétillaient en évoquant la forme « ergonomique » des vagues. Une forme « ergonomique » ..?
Nous fûmes interrompus par l'ouverture des portes par un homme d'une cinquantaine d'année, d'une carrure puissante et d'un visage fermé surmonté de cheveux blancs purs:

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