Chapitre VIII

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31 août 2018, 11:27.

- Pourquoi me poses-tu cette question Ève ? Me demanda Aurore. Pourquoi t'intéresses-tu tant à ça ?

Elle avait pendant ces paroles, posé sa main droite sur la gauche, de sorte à cacher sa bague.

- Et puis... reprit-elle. Ce n'est absolument pas tes affaires. Je suis ta professeure, pas ta mère.
- Ma mère ?! Repris-je avec un mouvement de dégoût.
- Tu agis comme si j'avais un compte à te rendre. Hors, tu ne me connais pas, tu...
- Vous avez choisi mesdames ? Nous coupa soudainement Oz'.

Furtivement, je lançai un regard suppliant vers Aurore. Elle se tourna vers lui.

- Oui, une bavette à l'échalote s'il vous plaît.
- Bien entendu Madame ! Et toi ma belle ? Continua Oz'.

J'observais Aurore du coin de l'œil, elle qui arquait un sourcil à ce petit surnom.

- Comme d'habitude s'il te plaît.

Oz' fit un mouvement de tête et s'empressa de ranger son calepin.

- Tout se passe bien ? Demanda-t-il finalement.

J'allais répondre quand Aurore prit la parole:

- Merveilleusement bien. Elle souriait angéliquement.

Oz' eut un mouvement de tête puis partit aussi discrètement qu'il fut arrivé.

- Merci de... d'avoir dis ça.
- Ça ne démêle pas notre conversation. Continua-t-elle.
- Attendez, vous pensez sincèrement que je vous considère comme une mère ?!
- Bien sûr que non Ève ! C'est une expression. Dit-elle en fronçant les sourcils. Je n'ai simplement aucun compte à te rendre. Ce n'est pas moi qui adopte un comportement déplacé envers sa nouvelle professeure d'option.

C'est ce qu'on appelle une belle remise en place ! A ce moment ci, il s'exposa deux solutions: soit je jouais carte sur table et je m'effondrais (ce qui n'est pas, je présume, une bonne façon de réagir) soit, j'endossais encore une fois mon plus beau masque et je la provoquais. C'est ce qui me paraissait le plus digne.

- Et de mon côté, je ne vole pas le dossier scolaire d'une jolie fille pour en connaître plus sur sa vie. Au lieu de le lui demander.

Je m'apaisai sur le dossier de mon siège.

- Un peu prétentieux le "jolie fille". Conclut-elle en empoignant son regard dans le miens.

J'haussai les épaules. Peut être bien et alors ?

La sonnerie de mon téléphone retentit: Jason. Ah bah c'est le bon moment pour appeler tient.

- Excusez-moi je... commençai-je.
- Répond je t'en pris. Me coupa Aurore.

Je fis glisser la pastille pour décrocher et amenai mon téléphone à l'oreille.

- Allô ? Répondis-je.
- Allô Ève c'est Jason. Comment ça va ?

Il paraissait fatigué. Fatigué mais pas morose.

- Bien, bien et toi ?
- Je suis malade. Vraiment très malade. Tu sais ce genre de truc qui t'empêche de te lever ou tu te vides par tous les trous...
- J'avais pas besoin de détails. Le coupai-je ironiquement.
- Ouai... j'ai besoin que tu me prennes les cours. Je suis dégoûté d'être malade le deuxième jour de cours mais j'ai du chopper un virus.

Il toussa.

- Ah oui t'as la totale. Bon ça marche je te photocopie tout pour demain.
- J'espère que je reviendrai vite pour veiller sur ma petite Ève.

Je l'entendais sourire derrière son téléphone.

- Haha t'inquiète pas, je suis bien protégée...

Je laissai courir mon regard vers Aurore qui semblait très concentrée sur ma conversation.

- Ah ouai ? Par qui ? Me demanda Jason.

Oups...

- euh, par moi-même ..? Finis-je par dire.
- C'est pour ça que je dis qu'il faut que je revienne vite !
- Je te laisse je suis à table chez Oz'. Bisous !
- Bi...

Je ne lui avais pas laissé le temps de répondre. Oups... je lui envoyai un petit "désolé" pour me faire pardonner. Il s'en suivit un "pas grave".

- C'était qui ? Demanda Aurore sèchement.

J'arquais mes sourcils.

- C'était Jason. Pourquoi ?
- Il voulait quoi ? Continua-t-elle.
- Oh, vous êtes bien curieuse. Dis-je en souriant.

Ca n'avait pas l'air de la faire sourire.

- Bon, bon. Que je lui photocopie les feuilles de cours d'aujourd'hui. Finis-je par avouer.
- Tu es bien généreuse. Je n'en connais pas beaucoup qui auraient accepté. Surtout des "jolies filles".
- C'est votre truc de remuer le couteau dans la plaie non ? Affirmais-je en me penchant vers elle.

Elle haussait les épaules à son tour.

- En fin de compte, c'est parce que vous savez que j'ai raison. Vous avez volé mon dossier en premier.
- Pardon ? C'est toi le jour de l'inscription aux options qui as eu un regard très... insistant.

J'allais rétorquer mais une serveuse nous coupa en déposant deux assiettes face à nous. Elle repartit aussi vite qu'elle fut venue. Moi, je regardais mon assiette avec une pointe d'incompréhension.
Aurore agrippa mon plat et l'attira vers elle tout en déposant la sienne devant moi.

- Mais... rétorquais-je.
- Elle s'est simplement trompée Ève. Tu allais dévorer ma bavette.
- Ah... ah oui de toute évidence c'est bien mon plat.

Je regardais d'un œil alléché mon énorme assiette de spaghettis carbonara. Puis je dérivai vers celui d'Aurore.

Woaw... c'était la première fois qu'un plat avec des légumes m'attirait. Cette viande... juteuse, tendre et dorée... me retournait la tête. Je devais en baver puisque Aurore me fixait d'un air dérouté.

- Tu pourras y goûter si tu veux. Me dit-elle avec un léger sourire.

Je fus surprise par cette proposition ! ...et j'en rougissais. J'attrapai nerveusement ma fourchette et la plantai dans mes nouilles. Seulement, j'avais oublié à quel point je n'étais pas propre quand je mangeais ce plat... et je m'en mis vite partout, sans compter le fait que j'étais nerveuse en la présence d'Aurore. J'enfournai une belle fourchette de pâtes et de lardons.

- Tu en mets partout... me fit-elle remarquer.

Sans blague... je pleurais intérieurement.

- Viens là.

Elle approchait son pouce de mon menton, et sans même sourire, elle m'effaçait une marque de crème. Bordel... je rougissais de plus en plus.
Je remarquai alors qu'elle n'avais pas encore touché à son assiette.

- Vous ne mangez pas ? M'empressais-je de lui demander en déglutissant.
- Si si, bien sûr. Dit-elle en empoignant ses couverts.

Elle découpait soigneusement un morceau de sa bavette si tendre... et se pencha délicatement par dessus la table. Elle amena sa fourchette à mes lèvres, tout en accompagnant son geste d'une paume sous son morceau, probablement pour éviter qu'il ne goute sur mes vêtements.

- Goûte. M'ordonna-t-elle.

Je devint rouge écarlate. Est ce qu'elle me tends vraiment sa fourchette pour que je goute à son plat ?! C'est pas un truc de couple ça ? Oh-mon-Dieu.

Et c'est ainsi que le premier vrai rapprochement physique eut lieu.

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