Nos corps dans ma mémoire

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Au lit de nos intentions, j'ai couché sur ma mémoire cette image invécue, tel un souvenir plus que vivant de nos corps, en servitude, nuisant à la pudeur, qui se dénudent et glissent déliés d'insatiable au goût de fantasme animal.
Un souvenir cambré de grâce auquel je songe et que j'invente sous mes draps fardés de glace, aux sorgues où seule je frémis.
Poitrine et coeur béants, offerts au plafond qui me dévisage, que le vent de l'esprit défroque pour ne laisser que ta silhouette, halée, bouillonnante, éprendre mon regard, mes flans, mon être entier.
L'un à l'autre, nous oeuvrons pour nos jouissances, ton coeur haletant, mon âme exaltée, sous l'oeil curieux des nocturnes, envieux de nos baisers florentins. Langues et peaux se charment, se frôlent et s'agriffent luisant de lune aux reflets gracieux, diamants en foulées sur nos courbes, déflorant l'ombre de la nuit. Sous tes milles doigts qui façonnent ma peau, mon coeur s'épuise d'impuissance, abandonne l'offense de l'emprise au désir, se délasse et exulte. La symphonie du plaisir en nos gorges épanouies, bonde les nues, assoiffées de nos bouches atteintes de frénésie. Nos deux êtres semblent disparaître dans ce Corps à Corps sans fin, mélodique et archarné, naviguant entre chaos et harmonie, tendresse et bestialité.
L'évasion s'endort sur la réalité qui  essaime et esseule autant qu'elle décime ta présence, dans ce silence narquois, rieur des infortunés que nous sommes, dépourvu l'un de l'autre.

Aurore CHASSAC

La crayonneuse aux baisersWhere stories live. Discover now