𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑.

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- Mon Dieu, mes écouteurs! m'exclamais-je silencieusement en me relevant lentement de sous mon bureau.

Je dépoussiérais mon pantalon et enfilais mes écouteurs pour voir s'ils fonctionnaient et tel était le cas, j'étais heureux. Il me fallut tout de même du temps pour découvrir que j'étais en train de faire le ménage chez moi, moi qui haïssais toute tâche ménagère.
Je n'allais pas me mentir sur le fait que la cause de ce changement catégorique en moi était cet homme allongé sur mon matelas, oui, ce même homme qui voulait se suicider la veille.
Ne me demandez pas pourquoi je lui ai proposé de rester, je devais sans doute être fatigué mais en soi dans ce monde qui accepterait de voir une personne mourir devant ses yeux. On ne pouvait pas dire que je voulais prendre une douche, j'étais juste crevé et je voulais rentrer chez moi rien de plus.

Je voulais d'abord l'emmener à l'hôpital mais ma maison était bien plus proche, alors j'avais choisis de le prendre sur mon dos le long du trajet. Si j'avais su dès le début que j'avais fait ça pour rien, je l'aurai laissé mais maintenant qu'il était sur mon lit je n'avais plus d'autre choix.

J'allais acheter le petit-déjeuner.

Il n'était pas très tard, aux alentours de dix heures trente. Il y avait une boulangerie pas très loin, je sortis sans prévenir. Ce qui fut plutôt une mauvaise idée de ma part.

Je n'avais pas tellement d'argent, c'était pourquoi je n'achetais pas grand chose généralement mais je sentais que j'allais être gêné d'amener uniquement deux croissants et des briques de lait. En espérant que cet inconnu dont je ne connaissais pas le nom,- génial -, ne soit allergique à rien.
Quand j'eus payé, je me rendis directement chez moi. Loin des regards méprisants des aisés du pays.

J'entendais mes propres pas sur ces vieux escaliers, de lourds et lents pas dignes d'une personne âgée. Je sentais mon heure arriver.
Vous sentez l'ironie? Je la sentais aussi, jusqu'à ce qu'elle se décide de me frapper au visage.

- Yah! entendis-je avant de m'étaler sur le sol.

Non, je n'étais nullement un fragile qui avait peur des cris de guerre, j'étais juste un homme qui venait de se prendre une manette de jeux vidéos en pleine figure. Je souffrais, éventuellement.
Les croissants étaient écrasés et mon visage massacré.

- J-je... Pardon, j'ai pas fait exprès. J'ai cru que c'était un voleur, s'excusait le jeune homme aux cheveux noir de jais.

- Bien sûr, il risque forcément d'avoir des voleurs dans ce genre de bâtiment, ironisais-je tandis qu'il m'aidait à me lever.

- On ne sait jamais, prévenait-il.

Il s'était en quelques sortes vengé de la claque que je lui avais donné hier, je n'aurais pas du d'une certaine manière mais quand même. J'étais un être sensible, non fragile, juste sensible sur certains sujets.

Je déposais le repas sur la table disposée au centre de la pièce et lui priais de prendre place, ce qu'il fit étonnement. Il avait l'air décidé à m'écouter.

- Mange, ordonnais-je en tendant ma main vers le petit-déjeuner.

Et je ne me le fis pas dire deux fois pour déguster ma part, tel un enfant âgé de cinq ans je ne laissais aucun morceau. Un pur délice, et il ne s'agissait que d'un croissant et une brique de lait fruité.
Quand je tournais ma tête vers le garçon, je voyais que sa part n'était même pas entamée, il n'avait touché à rien. Je pensais d'abord qu'il n'appréciait pas les croissants mais en soi, est-ce vraiment possible? Bon j'abuse mais tout de même. Et quand que je l'interrogeais, je fus étonné de voir que sa bouche ne prononçait pas ce que ses yeux voulaient.

- Non merci, je n'ai pas faim.

- Mais il est onze heures et je risque de préparer le déjeuner vers quatorze heures, nourris-toi mon enfant, repris-je en me levant, je veux qu'en revenant tu aies terminé ce croissant et cette brique.

Je sentais de douloureuses courbatures le long de mes cuisses quand je fus debout, je marchais lentement jusqu'à la salle de bain et sortis le nécessaire de soin pour nettoyer mon affreux visage. Enfin, nécessaire dans le sens où, ce qu'il me reste pour me soigner.
Je me brossais les dents une nouvelle fois avant de sortir les quelques cotons qu'il me restait pour m'attaquer à ma figure.
J'avais l'air d'une fille, prête à se maquiller, j'aurai tellement aimé pouvoir maquiller cette catastrophe nucléaire.

Lorsque je m'apprêtais à ouvrir la porte pour voir où en était le garçon, je m'attendais à ce qu'il ait soit terminé, soit à ce qu'il soit parti de cette demeure maussade; mais tout ce que je vis fut la porte sur mon visage.

- Oh mon Dieu! Je suis affreusement désolé, disait-il une nouvelle fois dans la journée.

Je serrais fortement mon nez, l'empêchant de m'approcher plus qu'il ne l'était déjà et pris le temps de respirer.

- Tu vois? C'est l'une des raisons pour laquelle je veux quitter ce monde! s'écriait-il.

Je fis rouler des yeux en gardant ma main sur ma zone meurtrie.

- Ne t'apitoies pas sur ton sort, c'est pas une raison de se suicider vieux, faisais-je remarquer. Ce qui lui fit écarquiller les yeux.

Je reniflais plusieurs fois en me regardant sur le miroir pour détailler toute blessure à nettoyer, je lâchais un soupir. Je sortis alors l'alcool et les pansements et tapotais sur les zones irritées, pendant ce temps, je l'entendais se présenter à moi. Découvrant qu'il était plus âgé et que je devais m'adresser à lui de manière honorifique; j'avais juste la flemme. Nous vivions la même ville, Busan, mais je sentais que j'allais me manger ce fait qu'il soit né avant moi.

- Ah et le plus important, je m'appelle Jimin. Park Jimin, conclut-il avec un large sourire faisant disparaître ses mirettes.

- Oui, effectivement je connais ta vie entière sauf ton nom. Pas logique, affirmais-je.

Je le voyais venir plus près et mon seul réflexe fut de reculer. Il me tint les bras et me fixa droit dans les yeux, tandis que je tenais mon coton tel une youtubeuse beauté.

- Pourquoi tu as pleuré hier? me demandait-il brusquement.

Pris au dépourvu, je ne su quoi répondre alors je repris ma séance de maquillage tout en hésitant sur mes mots. En lui ajoutant le fait que cela ne le regardait pas alors qu'en fait je n'en savais rien puisque je ne le connaissais pas. Je n'allais pas lui dire que par ma faute, plusieurs personnes s'étaient suicidées dans le passé et que je regrettais mes actes désormais.
Non, l'harceleur était toujours vu comme le méchant, je ne pouvais pas.

J'évitais donc son regard et poursuivais mon travail.

Ce jusqu'à ce que je sente sa paume sur mon bras et un nouveau coton sur mon visage.
Il était doux, gracieux dans ses gestes. Aucune brutalité dans ses mouvement, il n'était même pas maladroit.

- Je peux le faire tout seul, grognais-je subitement.

- Je sais, mais je veux te rendre la pareille.

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐄𝐒𝐒. 𝐣𝐤Where stories live. Discover now