4- L'espoir fait vivre

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Gyeongju était une ville de province composée de plusieurs petites communes en son sein. Du port de Gampo, situé sur la côte Est, jusqu'à Yangnam, dans son prolongement, il y avait un peu plus d'une dizaine de kilomètres. Assise confortablement dans le navette reliant les deux endroits, l'inconnue s'était assoupie. Enchaîner les voyages n'était pas ce qu'elle préférait faire. En effet, cela était à la fois coûteux et fatiguant. Cependant, faire autrement n'était pas un luxe qu'elle possédait.

Alors que le bus filait à toute vitesse à travers la campagne coréenne, une voix éraillée sortit du microphone.

« Arrêt commune de Yangnam dans quelques instants. Cinq minutes de pause. Tous les passagers sont priés de descendre. Merci de votre compréhension. »

À ces mots, la brunette releva la tête. Encore molle de son sommeil, elle observa les alentours avant de saisir sa besace marron, coincée dans le petit compartiment niché au-dessus de sa tête. Un à un les rares voyageurs qui restaient descendirent du véhicule et s'attablèrent à la buvette installée non loin dehors. Les locaux étaient modestes. Il ne s'agissait que d'une simple petite tente verte, tenue par une dame à la chevelure rebelle et à la voix portante.

La jeune fille, d'abord hésitante, s'approcha lentement de la propriétaire. Cette dernière parlait avec un drôle d'accent et servait les commandes au peu de clients qu'il y avait. Ses yeux étirés étaient dissimulés derrière une épaisse monture rouge, comme ses fines lèvres.

« Excusez-moi Madame, sauriez-vous où se trouve cette adresse ? »

La femme, d'un certain âge, se retourna et fixa l'inconnue de ses iris noirs. D'un pas lourd, elle s'avança vers cette dernière puis se pencha un peu plus sur le papier.

« Tiens, mais c'est la boutique du grand-père Baek ! s'exclama-t-elle. Pour y aller, faut suivre la route principale pendant environ cinq-cents mètres puis prendre la première à droite. Là-bas, il y aura plusieurs petits marchands. La quincaillerie avec les néons jaunes est sa boutique. »

Suivant les instructions à la lettre, l'inconnue poursuivit son chemin jusqu'au fameux bâtiment. Devant l'enseigne criarde allumée, un sourire discret illumina son visage. D'un pas confiant, elle poussa la porte d'entrée et pénétra dans le petit commerce empli d'objets en tout genre. La clochette avait sonné mais personne n'était venue à sa rencontre. Étrange, songea-t-elle, tout en parcourant les rayons déserts. Ce bric-à-brac avait beau être ouvert, aucun personnel ne se trouvait à l'intérieur.

Déçue de ne pas avoir trouvé ce qu'elle cherchait, elle sortit du magasin puis longea les murs qui l'entouraient. Derrière ceux-ci se trouvait une maison assez grande pour abriter deux individus et dont les fenêtres de la façade étaient éclairées. Elle jeta alors un coup d'œil rapide aux environs : personne en vue. La jeune fille ne prit pas le temps de réfléchir et escalada agilement le petit muret.

Maintenant dans le jardin, les deux pieds posés sur la terre ferme, elle marcha jusqu'à la porte avant de toquer contre le bois foncé de celle-ci. Une protestation lointaine puis une série de pas rapides se firent entendre. Quelqu'un s'approchait visiblement de l'entrée, plutôt agacé. Brusquement, la porte s'ouvrit sur un vieux monsieur au crâne rasé. Pas très grand de taille et plutôt maigrichon, il avait ces airs d'homme sage ayant tout vécu. Vêtu d'un pantalon beige et d'une simple chemise à carreau, il détailla longuement la visiteuse impromptue. Lorsqu'il reconnut la personne qui se trouvait face à lui, ses petits yeux s'écarquillèrent de surprise et une main vint couvrir sa bouche.

La fille de l'EauWhere stories live. Discover now