Jour 9 (partie 4)

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Ma respiration se fit plus saccadée. Je devais faire quelque chose, ne pas céder à la panique, ce n'était pas la première fois que je me retrouvais dans ce genre de situation. De toutes les créatures auxquelles j'avais fait face dont les énormes loups, les naïades, les araignées, ou même mes propres démons, pourquoi était-ce les mortes-vivantes qui me terrifiaient le plus ? Celle qui me faisait face plus que les autres. Parce que je savais qui elle était. Je savais qu'elle avait vécu. Je savais que, comme moi, elle avait souffert.

Sa carcasse marchait toujours, trébuchant au passage sur les aspérités du sol. Arrivée devant la tête, le corps se plia doucement, la chair s'étira, émettant des sons de déchirures insupportables qui déclenchèrent chez moi une vague de frissons. Je restais clouée au sol. Deux mains squelettiques saisirent le visage. Je serrais les miennes pour cacher leur tremblement. Le corps sec se releva dans la même souffrance que lorsqu'il était descendu tandis que le mien se crispa.

Bouge-toi !

Je n'en fis rien. Mes yeux admiraient scène. J'avais chaud, très chaud. Était-ce seulement moi ? Aucune autre vague de température étrange ne m'avait semblé tomber. La demie morte porta délicatement sa tête, aussi délicatement qu'il était en tout cas possible de le faire quand on avait plus de tête. Elle leva les bras. Et dans un mouvement bourru, elle écrasa sa tête sur ses épaules. Elle poussa un cri, qui ressemblait plus à un vomissement. Les traits de son visage se crispèrent encore plus qu'ils ne l'étaient déjà, je crus même que ses yeux allaient rouler dans son crâne tant ses grimaces semblaient irréelles. Enfin, son manège cessa, et tout son corps resta parfaitement statique et droit comme les arbres en hiver. Mon cœur se congela dans le même temps.

Soudain, sa tête de tourna vers moi, ses yeux me regardant sans réellement me voir. Un bourdonnement constant emplit mes oreilles, et le zombie avança lentement vers moi, semblant se déboiter les jambes à chaque pas. Scrutant chacune de ses actions, je ne bronchai pas. Puis sans prévenir, elle se mit à courir, bras ballants. Elle émettait de petits grognements déterminés. Mon sang ne fit qu'un tour, sans que je n'en prenne réellement la décision mes jambes me guidèrent vers la porte de la maison. Les mains tremblantes, je peinai a baisser la poignée, et quand j'y parvins, la porte me résista. Elle resta bloquée malgré la force que je mis pour l'ouvrir.

Me débattant toujours, j'entendais les pas rythmés du monstre, de la bile remonta dans ma gorge. Quand le bois grinça derrière moi, je m'écartai sur la droite, abandonnant la poignée. Mon dos rencontra la barrière, dans le même temps Ambre se jeta sur la porte, à l'endroit que je venais de quitter. Son bras droit traversa l'entrée, en réduisant un morceau en poussière. Elle tourna son horrible tête vers moi et hurla, cela resemblait à un cri de rage. Du sang coula de sa bouche grande ouverte, elle n'y prêta pas attention, elle criait toujours plus fort. Souffrait-elle ? Des larmes perlaient aux coins de mes yeux. Instinctivement, je reculai, appuyant d'autant plus sur mon dos, ce qui était douloureux.

Son corps tremblotait. Elle arrêta de hurler, puis nous nous regardâmes toutes deux pendant un instant. Ses yeux bleu océan étaient dorénavant sans âme. Je songeai que moi aussi, je devais ressembler à ça. La différence étant que j'étais en vie. Elle ne rompit pas tout de suite le contact visuel. Et, peut-être l'imaginais-je, mais je crus apercevoir l'ombre d'un sourire se dessiner sur son visage, un éclair de lumière s'éprendre de ses pupilles, une triste lucidité animer des traits.

Et sans prévenir, elle tira sans pitié sur son bras, se plantant au passage des morceaux de bois pointus. Je cessai de penser à "Ambre" mais bien à "zombie" et envoyai valser mon pied dans son tibia. Elle n'eut pas mal mais j'avais réussi a l'ébranler un peu, je profitai de cet instant pour grimper sur la rambarde. Je trouvai l'équilibre et sans perdre plus de temps, agrippai le bord du toit de l'entrée - que j'atteignais tout juste en sautant - du bout de mes doigts. Je m'y suspendis, mes deux membres prêts à se détacher du reste de mon corps. Je supportais mieux la douleur qu'au début du Jeu, ce n'était pas pour autant que je m'étais transformée en machine de guerre. Quoi que...

Je pendais. Je laissai tomber mes paupières à peine une seconde, faisant ainsi défiler dans ma tête tout ce pourquoi j'étais là, que les raisons en soient bonnes ou mauvaises. Sans surprise, la morte agrippa fermement ma jambe gauche, à travers mon pantalon je sentais sa main biscornue s'enfoncer dans ma chair. Avec assez d'élan, je lui balançai ma jambe libre en pleine figure, ne pensant plus à rien, poussant un cri d'une douce hargne. Sa tête de décrocha sèchement, telle une fleur que l'on déracinait. Son corps ne me lâcha pas pour autant, elle tirait sur ma jambe, plus agressive. Mes doigts humides glissaient lentement le long des tuiles, plus je me secouais, plus je sombrais. Elle était dotée d'une force incroyable, au lieu d'être divisé par deux, elle était multipliée.

- Lâche-moi putain ! crachai-je dans un vain espoir.

Elle m'aspirait. C'était trop tard. Ma main gauche quitta la surface du toit. Ma main droite toucha le vide.

Ethan

- Moi c'est Maëlle.

Elle me sourit, apparemment heureuse de faire ma connaissance. Grande, blonde vénitienne, des yeux gris un peu tristes.  Ils sont trop grands d'ailleurs, ses yeux. Ses lèvres sont toutes fines. Elle n'est pas jolie en fait. Mais je m'en fous. Jolie ou pas, je suis pas là pour me faire des amis.

- Tu n'as pas l'air très sociable.

Elle parle déjà trop, ça m'irrite. Voyant que qu'elle n'a toujours pas mon attention, concentré à monter ma tente, elle s'approche plus de moi, d'une démarche qu'elle veut prédatrice. Elle y arrive bien, seulement ça ne lui colle pas, tout cela sonne faux.

- J'ai une idée pour remédier à ça.

Je stoppe soudainement mon action, ses lèvres  effleurent mon cou, je n'aime pas ça. Je me grandis de toute ma hauteur, sourcils froncés.

- Dégage.

Elle ne recule pas, un sourire malicieux étire ses putain de lèvres presque inexistantes.

- Je te propose un marché, ensuite je te laisse tranquille... annonce-t-elle.

- Dis toujours.

Elle me fait vraiment chier. En plus elle sent le tabac à plein nez, ça donne la gerbe. Je veux juste qu'elle se tire.

- Participe au Jeu.

- C'est quoi cette connerie ?

Son sourire s'allonge un peu plus, elle a l'air satisfaite de voir que je pose cette question. Mais je veux juste qu'elle se tire.

- Dix gars. Dix jours. Dix épreuves. Une récompense.

[ Hello tout le monde ! Comme promis, le nouveau chapitre est là. J'ai bien aimé l'écrire, j'espère que vous avez aimé le lire.

Qu'arrive-t-il à Abi ?

Qu'avez-vous pensé du flashback du côté d'Ethan ? Heureux d'en savoir un peu plus ? Honnêtement ça m'a beaucoup plu d'écrire ça, ça me fait penser au début de Strange Camp, donnez moi vos impressions ;)

Voilà voilà, je m'attaque à la partie 5 dès maintenant, je vais faire mon possible pour la publier la semaine prochaine bien que je sois en vacances :) votez, commentez, et jetez un coup d'oeil à la nouvelle couverture réalisée par Lucasparzz ainsi qu'au trailer magnifique de gothamslay (on en voit rarement d'aussi bien faits). ❤️

Bisous baveux, retrouvez-moi sur Instagram : z_ecris ]

Strange Camp [Terminé]Where stories live. Discover now