Sainte-Anne

23 3 2
                                    

Elle savait pas trop ce qu'elle foutait dans ce coin là de Paris, dans ces ruelles remplies de bobos et de hipsters. Ce qu'elle savait par contre c'est que si elle ne se dépêchait pas d'aller en cours elle allait être en retard et adieu le discours sur l'impressionnisme et le talent de Monet, son peintre préféré. Pendant qu'elle accélérait, on la bouscula. Une injure de sortie, un regard qui se croise, mais qui voilà ? Le gars du métro.
«Salut, je cherche la salle 304»
Elle l'accompagna, -surprise qu'il soit dans son école- c'était là qu'elle se rendait de toute façon. Le brun derrière elle, elle entra dans la salle et s'asseya vite, se faisant discrète. Il se mit derrière elle. Méra n'y fit pas vraiment attention, passionnée par le cours qui avait commencé il y a à peine quelques minutes. D'habitude, elle n'était pas aussi concentrée ou attentive mais quand il s'agissait d'art, rien ne pouvait la perturber. Le cours fini, elle se dirigea vers la cafétéria pour prendre son café au lait de soja, comme tous les matins. Celle ci était principalement faite en bois, ce qui lui donnait un air de châlet à ce moment-là de l'année. Effectivement, on était en plein hiver et Méra frissonnait, sentant le vent glacial la transpercer. Elle sirotait tranquillement son café en lisant son bouquin quand elle aperçut quelques mèches bouclées à travers la vitre. Il était là, assis sur le bord de la fontaine givrée, couvert d'un long manteau noir qui contrastait avec la blancheur de la neige. À côté de lui se trouvait la statue de Sainte-Anne, qui représentait leur école. Il dessinait, ses doigts rouges étaient glacés par le froid. Qu'est ce qu'il lui prenait? Méra ne sut pas vraiment ce qu'il lui passa par la tête quand elle commanda un autre café, pour lui. Elle rangea ses affaires, et sortit de la cafétéria d'un pas déterminé. Plantée devant lui, elle lui tendit le gobelet.
«C'est pour toi.»
«Ah, merci !»
Elle ne savait plus vraiment quoi faire, elle ne voulait pas rester là à papoter avec lui parce qu'elle avait froid. Pourtant, lui donner ce café et juste partir sans rien dire lui semblait étrange. C'est alors qu'il prit la parole :
«Tu dessines?»
«Oui, et toi aussi à ce que je vois»
«Ouais, la bibliothèque est remplie donc je savais pas trop où aller.»
Un blanc s'installa, elle regrettait amèrement son geste, toujours plantée devant lui en le regardant chercher quelque chose à dire.
«On pourrait aller dans la salle de mon prochain cours, personne y est à cette heure-ci.»
Elle acquiesça et se dirigèrent ensemble vers la salle. Elle apprit que son prochain cours portait sur les principaux artistes de la Renaissance et qu'il adorait la peinture, il habitait dans le XVIIème arrondissement et aimait les tartes au citron meringuées. Elle lui a dit qu'elle préférait les tartes aux framboises. Ah oui, il lui a aussi dit son prénom : Alex. Ce n'était pas le diminutif d'Alexis ou d'Alexandre, c'était juste Alex. Ça lui allait plutôt bien. Elle lui a dit son prénom aussi, il lui a dit qu'il le trouvait joli.
«Tu as quoi comme cours après?»
«Le pointillisme en salle 218»
Ils se donnèrent rendez-vous à la statue Sainte-Anne à dix-sept heures.

You're art.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant