Prologue

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«Kali, j'en ai assez de t'attendre, descends immédiatement!»

Je soupire, exaspérée.

«C'est bon, j'arrive!»

Je descends les escaliers en vitesse, mon sac de sport sur l'épaule et mes mains s'affairant dans ma longue chevelure châtaine, les nouant en queue de cheval. Je rejoins ma mère et ma jeune sœur Laury dans la voiture, et je m'assieds sur la banquette du fond aux côtés de mon violon, les écouteurs enfoncés dans mes oreilles.

Face à la réaction de mes amies quand j'avais décliné leur invitation à faire la fête pour fêter la fin de l'année à cause de cette sortie, j'avais fait mine de détester ma mère de m'avoir obligé à l'accompagner. Alors qu'en fait, j'ai hâte de me retrouver au milieu de la forêt, dans notre petit chalet familial. L'air y est pur, et j'adore m'isoler dans les profondeurs de la nature pour écouter son éternelle ritournelle qui me donne des ailes. Parfois, je l'accompagne de mon violon, et nous nous entraînons dans un duo des plus envoûtants.

Alors que les notes résonnent dans mon esprit, je retire mes écouteurs qui me coupent de ce monde en voyant apparaître devant nous une maison de bois rond.

Je m'extirpe de la voiture et prend une grande respiration, satisfaite de retrouver cet endroit paisible. Je prends mes bagages en pensant aux deux prochaines semaines qui m'attendent.

«Kali, aide-moi!»

La petite voix aigu de Laury me sort de mes pensées. Je l'ignore.

«Kalia, aide ta sœur à rentrer ses bagages.», renchérit ma mère.

Je prends son sac de mauvaise foi et nous entrons dans le chalet.


***


Je reprends le chemin vers le chalet, mon violon sur le dos. Je viens de passer trois heures à faire courir mon archer sur les cordes de mon instrument, et j'ai hâte de rentrer chez moi pour faire courir mes doigts sur mon piano, ou un quelconque autre instrument. Déjà 4 jours sont passés. J'entre paisiblement dans le chalet, un sourire niais scotché sur le visage.

Maman, Laury et moi sommes attablés autour de la table basse du salon, concentrées sur une partie de UNO. Mais un grand coup nous fait sursauter. La porte du chalet s'ouvre en grand, et mon visage se tord dans l'épouvante.

Il entre en nous fixant, dans ses yeux brillant une lueur folle. Il esquisse un sourire, et des frissons parcourent chacune de mes vertèbres. Il s'adresse à nous d'une voix que je ne lui ai jamais connue:

«Alors, surpris de me voir?»

Ma mère prend les devants.

«Que fais-tu ici, François?»

«Je viens visiter ma famille.»

«Rappelle-toi ce que le juge a dit.»

«Tu vois, c'est la dernière chose qui me préoccupe en ce moment. »

Son regard se pose sur Laury.

«Laury, ma chérie! Comme tu as grandi! Quel âge as-tu, maintenant?»

Devant son mutisme, il se retourne vers moi.

«Oh, Kali, ma chère Kali. As-tu appris de nouveaux instruments, depuis la dernière fois, il y a quoi... 1 ans? 2?»

À l'entente de mon surnom sortant de sa bouche, je suis parcourue par une vague de dégoût. Je ne réponds pas, et tente de ne rien laisser transparaître de ma panique. Mon visage reste de marbre, et je me mets à pianoter sur mes cuisses, pour calmer mes tremblements. Mais toute ma peur transparaît dans mon regard, et il semble s'en délecter.

«Vous ne me répondez pas? Bon, alors passons tout de suite aux choses plus... intéressantes.»

Un sourire pervers étire ses lèvres, pendant que sa main s'empare d'un couteau, qui était jusqu'alors caché derrière son dos. Il s'avance vers nous, ses yeux passant de ma mère à ma sœur, de ma sœur à moi.

Ma mère se met dans son chemin et s'apprête à lui ordonner de partir, mais il ne lui en laisse pas le temps. Mes oreilles perçoivent un bruit qui m'était alors jusque là inconnu, et ma mère s'effondre dans un bruit sourd, s'étouffant dans son propre sang. Je ne peux détacher mes yeux du trou qui s'est formé au niveau de sa poitrine. Un tâche rouge grossit, souillant son chandail qui avait autrefois été violet.

Je suis sortie de cette contemplation morbide par un cri. Laury.

«NON PAPA LÂCHE MOI»

Mais il commençait à l'égorger.

Et soudain, c'est une évidence: je suis la prochaine.

Mon instinct de survie prend le dessus, et je cours comme je n'ai jamais couru dehors, en pianotant le 911 sur mon cellulaire. Je tombe dans les marches du perron, mais me relève immédiatement entendant déjà des pas se rapprocher. Je m'élance vers la rue, criant mon adresse à la femme qui se trouve à l'autre bout du fil. Ce sont mes derniers mots. Des mains agrippent mes épaules, et on me retourne, avant de me lancer sur le sol en me tirant par les cheveux.

«Tu n'as jamais été courageuse Kali. Je vois que ça n'a pas changé. Tu es toujours aussi égoïste. Tu fuis, et c'est bien la seule chose que tu sais faire. Tu vas regretter ce jour où tu as trahi ton propre père. Les choses auraient pu être différentes. Tu étais ma préférée. Nous aurions pu continuer de vivre après s'être débarrassé d'elles...MAIS TU AS TOUT GÂCHÉ!»

Je suis dégoûtée devant ce qu'il dit... Les choses auraient étés pires. Il m'a déjà pris mon innocence, jusqu'où aurait-il pu aller encore?

«Maintenant, je vais me délecter de voir la vie tranquillement quitter tes yeux de chiot apeuré!»

Une fois ces paroles dîtes, une douleur aigu s'empare de moi, alors que je sens une brûlure transpercer mon ventre. Un sirène se fait entendre au loin.

«Merde!»

Alors, il s'éloigne dans les profondeurs de la forêt, me laissant étendue sur le sol, une lame plantée dans le ventre, la vie me quittant peu à peu.

Comme une MélodieWhere stories live. Discover now