Chapitre 3

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J'entre dans mon studio, et sans perdre plus de temps je me jette sur ma guitare. Je ferme les yeux, me laissant bercer par la musique qui résonne dans l'habitacle. Quand le dernier accord se fait entendre, j'enchaîne avec une mélodie que j'improvise au fur et à mesure. Comme il est bon de jouer librement de la musique...

***

J'ouvre subitement les yeux et regarde l'heure. 4h35. À la quatrième vitesse, je me lève et met mon costume, avant de partir à la course pour rattraper mon autobus. Ce soir, je joue du piano. Pendant mon long trajet, plusieurs personnes autour de moi me jettent des regards curieux. Il est vrai que dans ma longue robe noire moulante, je fais tache ici.

Alors que j'entre par la porte de derrière, celle des employés, je suis immédiatement interpellée par mon patron, visiblement stressé. Son noeud papillon est desserré, ses cheveux décoiffés, et ses yeux papillonnent dans tous les sens.

« Kalia! Tu es là! Bon, le piano est placé. Je vois que tu es déjà habillée! Passe te coiffer et te maquiller, puis rejoint moi, que je te donne les directives. »

À peine a-t-il finit sa phrase qu'il me pousse dans ma "loge". Un petit local mal éclairé dans lequel s'entassent costumes et boites d'instruments. Une petit coiffeuse est installée dans le coin de la pièce. Je m'avance vers le seul meuble et m'assied sur le petit tabouret. Je fais face au miroir et farfouille dans le mince tiroir pour mettre la main sur ma brosse, que je sors, triomphante. En quelques secondes, mes longs cheveux châtains sont remontés en un chignon serré sur le dessus de ma tête. J'applique un peu de mascara et pour la touche finale, un rouge à lèvres bien voyant. J'observe ma réflexion dans le miroir. J'ai beau souvent être coiffée et maquillée de la sorte, je peine toujours un peu à me reconnaître.

Coupant court à mes pensées, je me lève et me dirige en dehors de la pièce. Gaston apparaît dans un coup de vent, venant visiblement tout juste de donner ses instructions à l'équipe de serveurs.

« Kalia, viens! Il n'y a pas de temps a perdre, ils vont arriver dans 5 petites minutes! »

Qui ça, "ils"? Devant l'incompréhension qui doit se lire sur mes traits, il enchaîne.

« Ce soir, nous recevons la visite du propriétaire d'une grande chaîne d'hôtels à travers le pays! Nous devons faire bonne impression, il y a possiblement un contrat en jeu. Allez, ouste! Je vais te présenter, attend derrière le rideau. »

Sans plus attendre, je cours vers les coulisses de la petite scène. Je n'aime pas quand on me présente, cela signifie que tous les regards seront tournés vers moi. Je préfère me contenter de faire une musique d'ambiance, étant discrète, si bien que les gens viennent à se demander s'il s'agit de la radio ou s'il y a bel et bien quelqu'un qui joue.

J'attends, seule, dans l'obscurité. Gaston devrait arriver d'une minute à l'autre. Devant cette attente, je ne peux empêcher un sentiment d'angoisse de monter en moi. J'ai beau souvent faire la même chose, je suis toujours stressée avant, d'autant plus qu'aujourd'hui il y aura des gens influents dans la salle.

Mon patron apparaît à mes côtés et sans me lancer un regard, il monte sur scène. De mon côté, j'enfile ma petite oreillette noire.

« Bonjour mesdames et messieurs, bienvenue au restaurant Plaza! Pour rendre votre expérience ici inoubliable, je vous pris d'accueillir Kalia Pouliot, notre talentueuse musicienne, qui je l'espère, saura vous plaire. »

Alors que quelques applaudissements se font entendre, j'entre sur scène, en synchronisation avec la sortie de Gaston. Je m'installe au piano sans jeter un seul coup d'oeil aux clients. Je dois éviter de me stresser plus que je ne le suis déjà. J'inspire profondément, les yeux fixés sur les touches noires et blanches devant moi. Je lève les doigts et les laisse planer au-dessus de l'instrument, comme en suspense. Puis, quand je sens une légère mélodie monter en moi, je les pose doucement, les laissant se promener sur le piano, laissant échapper une musique chic d'ambiance. Juste ce qu'il faut. Je ferme les yeux, savourant la textures des touches sous les caresses de me doigts, et je me laisse aller.

***

Je ne sais pas depuis combien de temps je joue, mais alors que j'entame mélodie par-dessus mélodie sans jamais m'arrêter, un message de la part de mon patron me parvient par mon oreillette.

« Kalia? Ils vont bientôt régler l'adition, tu peux t'arrêter. N'oublie pas de remercier le public! »

Alors, tranquillement, je guide ma chanson vers une douce finale. J'ouvre à nouveau les yeux et me lève sous les applaudissements qui fusent. Alors que je remercie le public avec de petites révérences, je laisser mon regard errer sur les visages de ces gens qui m'ont écouté. Mon regard s'arrête sur la table du centre. La meilleure table. Celle où nos invités importants sont assit. Je remarque une tête blonde familière me regarder avec insistance. Antoine. Je parvient à lire sur ses lèvres un message à mon attention, alors que je me dirige déjà vers les coulisses.

Attends-moi.

***

Alors que je sors de ma loge démaquillée, les cheveux lousse sur mes épaules et en tenue de civile, Gaston m'intercepte.

« Kalia, Kalia, ma musicienne préférée. Tu ne cesseras donc jamais de m'impressionner! La soirée s'est très bien déroulée, et grâce à toi, nos invités ne se sont pas ennuyés! Tiens, voilà ta paye bien méritée. Je te recontacte pour ton horaire de la semaine prochaine. »

Il me tend une enveloppe blanche que je m'empresse de saisir, reconnaissante. Je la met rapidement dans mon sac et je pars, adressant des sourires polis aux cuisiniers et aux serveurs que je croise sur mon chemin vers la sortie.

J'ouvre la porte par laquelle je suis entrée plus tôt, et je me retrouve dans l'air frais de dehors. Le jour est couché pour faire place à la nuit, qui prend de plus en plus sa place. Je regrette immédiatement de ne pas avoir emmené de veste avec moi. Alors que je m'apprête à partir, une voix familière m'intercepte.

« Eh bien, tu joues sacrément bien! Tu as d'autres talents cachés, comme ça? »

Je me retourne vers e timbre de voix que je ne connais que trop bien . Antoine. Je lui souris timidement, ne trouvant meilleure chose à faire pour répondre. Alors qu'une brise froide refroidit l'air, je sers les dents. Quelle était l'idée, aussi, de sortir sans veste en plein mois de septembre? Antoine semble le remarquer:

« Tu as froid? Désolé, je n'ai pas de veste à te prêter pour faire le parfait cliché du gentleman... »

Effectivement, il n'est habillé que d'une simple chemise d'un bleu pâle ainsi que d'un pantalon noir. N'a-t-il pad froid, lui aussi?

« Mais je peux te proposer de te réchauffer dans ma voiture et de t'emmener manger? Je paries que tu n'en as pas encore eu le temps. »

Je secoue négativement la tête, amusée.

« Alors c'est décidé! Suis-moi. »

Alors, je le suis sans rechigner, un grand sourire étirant mes lèvres.

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⏰ Last updated: Apr 09, 2019 ⏰

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Comme une MélodieWhere stories live. Discover now