(2) PARADISE | j. murphy

DIX ; RETOUR AU BERCAIL

S'il y a bien une chose à Arkadia qui me perturbe, c'est l'allé et venue constante de natifs. Pas que cela me dérange, juste que l'habitude n'y est pas. Trop de choses ont changées : l'alliance avec les natifs, le camp d'Arkadia...

John ayant participé à notre sauvetage, il a mérité un appartement digne de ce nom au camp. Chambre avec lit deux places et une salle de bain. C'est un peu trop de confort pour nous après les tentes de notre ancien camp et les cages du Mont Weather. John sort de la salle de bain et me tire de mes pensées.

－　Tu peux y aller !

C'est ma première douche depuis plus d'une semaine. Pendant que j'essaie de démêler mes longs cheveux mouillés, je me dis qu'il est temps de m'offrir une petite coupe.

－　Je peux savoir ce que tu fais, là ?

John est entré dans la douche avec moi.

－　Faut qu'on discute de l'avenir. M'annonce-t-il, tout fier de son idée.

J'éclate d'un rire sincère pour la première fois depuis des semaines.

－　Depuis quand la douche est un lieu pour discuter de l'avenir ?

－　On a qu'à faire autre chose alors !

Je pose une main sur son torse mouillé et le repousse gentillement en souriant.

－　Délicate attention, mais je pue la mort John, c'est grave. J'ai vraiment besoin de cette douche !

－　Pas de problème.

Il se dépêche d'attrapper le savon avant moi, me gratifiant de son charmant sourire en coin.

－　Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas pas te re-laver, tu sors à peine de ta douche.

－　Oh, mais c'est pas pour moi.

Je le laisse m'embrasser, bien que je gâche ce délicieux moment en gloussant comme une gamine.

－　Qu'est-ce qui te fait rire ? Me demande-t-il en souriant.

－　Je t'aime. Et toi, qu'est-ce qui te fait sourire.

－　Rien, sauf que j'ai une copine magnifique.

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Je fixe mon reflet dans le miroir. Je hais ces cheveux, ils sont beaucoup trop longs à mon goût. J'attrappe une paire de ciseaux et coupe une première mèche brune. Mes cheveux sont bientôt coupés en un carré maladroit. Lorsque je m'apprête à couper les cheveux de derrière, John arrête ma main.

－　Tu veux de l'aide ?

En guise de réponse, je coupe les dernières mèches d'un coup de ciseaux et me retourne rapidement.

－　Non merci, ça ira. À ton tour, maintenant. Avec cette coupe, on dirait Tarzan !

Murphy a placé une chaise au centre de la pièce et s'y est installé. Mes doigts courent dans ses cheveux bruns, ramenant sa coupe à sa longueur d'origine : juste au dessus des oreilles. Autrefois, je coupais les cheveux de mon père. Si par malheur je ratais sa longueur habituelle, un bleu viendrait orner ma joue en guise de représailles. Je sais donc me débrouiller comme il se doit dans ce domaine.

－　On ne pourra pas rester ici. Dis-je doucement, rompant le silence calme.

－　Je sais bien.

Çà toujours été notre tactique. Rester avec le groupe est mauvais pour nous en cas d'attaque. Si les natifs décident brusquement de nous reprendre en chasse, nous serions mieux sans le groupe.