V

1.3K 34 0
                                    


Je suis rentrée un peu patraque du travail. La nuque douloureuse, la tête lourde et pleine de fichus tracas... Nous avons été de purs larbins aujourd'hui. Fais-ci, fais ça... appelle ce Monsieur, ma foi qui t'enverra bouler, mais garde le sourire, une autre tâche t'attend.

Le paysage se profile à peine derrière les rideaux blancs de ma chambre. Tout est si vaste. J'ai envie de me cacher dans la foule, être comme tout le monde et profiter comme si j'étais chez moi depuis toujours.

Si seulement j'étais comme tout le monde... En effleurant le problème, j'ai les pieds dedans. Je me sens salement seule. Personne ne parle la langue que j'ai toujours parlé. Personne ne partage quoi que ce soit avec moi, sauf des souvenirs de boulot. J'aurais peut être de bons collègues ici, pourtant...je n'ai plus d'amis d'y a longtemps. Des "tu te rappelles ?" me sont impossibles ici. Je n'ai même pas le droit de me plaindre. Qui a déjà rêvé d'être à New York ?
Beaucoup. Tout autant de personnes que j'insulte en me plaignant. Et pourtant...

Me refusant à citer plus les points négatifs de cette ville, tout de suite aussi visibles que le nez sur la figure, je vais me coucher. Comme ça, parce que je le peut.

La lourdeur d'une atmosphère empreinte d'une odeur métallique me rattrape. Une musique de Salsa s'infiltre dans cet environnement si hostile. Nous ne sommes pas dans la jungle au temps des guérilleros, mais dans le garage de ma maison d'enfance. Pas étonnant donc que je me prenne les pieds entre le bazar. Pas étonnant donc que je me ramasse le front contre la bordure de la porte. Un grand bruit me fait sursauter. Je ne sais pas d'où il vient. Mais c'était un truc méchant. La musique ne rime plus à rien. C'est plus un bourdonnement qu'autre chose. Mon corps est toujours étendu par terre. Sur le sol froid du garage. Tout mes membres sont écrasés. Engourdis d'un poids inconnu.
Je ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Un bruit sourd, une musique et ma chute. Il y a quelqu'un... que je n'appelle pas. La vue est pas nette. Un peu floue même. Très sombre aussi. Je comprend mal l'information. Me lever serait une mauvaise idée, empotée comme je suis. J'ai taché le sol, en plus. Je devrais rester ici. C'est plus sécurisant. Je connais bien l'endroit. Et je peux m'échapper si il arrive un truc. Un autre bruit fait trembler le sol. Je sens beaucoup mais ne vois rien, l'oreille collée par terre. Je ne sais pas ce que c'était, mais c'était bestial. Je devrais d'autant plus rester ici... personne ne va penser à moi.

Un rugissement


La pause déjeuner arrive et j'ai reçu un mail de Lisa me demandant si je voulais manger un sandwich avec elle. J'ai accepté immédiatement.

Il est presque midi quand Matt m'interroge,après m'avoir regardé pendant au moins 5 minutes
Avec ce même regard interrogateur que je commence à bien lui connaître.

- Plutôt belle veste princesse..tu t'habilles pas avec n'importe quoi !
-quoi ?

Merde,j'ai toujours la veste de Jake !

Je sais même pas quand et comment je vais lui rendre,bon après ce serai une occasion de le revoir,non ?

-Ce n'est pas la mienne à vrai dire-
- T'as un mec et tu préviens même pas ton compagnon d'infortune ?!
- Primo ce n'est pas la veste de mon mec mais d'un..ami ? Segundo, "compagnon d'infortune" ?
- Mouais..
Et oui nous souffrons ensembles entre les murs de cette prison.
- Prison ?

Nous finissons par rire en cœur...cela devient une habitude avec lui,une très bonne habitude.

-N'empêche je t'ai à l'œil.

Matt protecteur,c'est nouveau ça !

Plus tard dans l'après midi,je reçois de nouveau un mail de Lisa,que je m'efforce d'ouvrir discrètement.

Ne me laisse pas...Where stories live. Discover now