Chapitre 9 : Colère Fantomatique

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C’est de cette façon que trente minutes plus tard, fâchés, nous nous retrouvâmes dans une foule de vampires surexcités. Tous vêtus de costumes impeccables –même Jason avait quitté son attirail taché de peinture « spécial action sanglante »-, tous lorgnaient Dante comme des affamés un buffet à volonté. 

Dans une grande salle de balle, mon amant se positionna au milieu d’une grande fresque sur le sol, auprès d’Elwis. Je restais en retrait, occupée à observer tous ces gens, quelque peu dubitative. Cela ressemblait à une grande cérémonie.

L’avenir des vampires était-il si sombre, pour qu’ils souhaitent à ce point voler les dons de Dante par son sang ?

Ce devait être le cas, car Elwis fit un grand discours enflammé. Dante, lui, ne me quittait pas de ses yeux bleus. Impassibles, pourtant terriblement accusateurs. Je le lui rendis, en tentant de juguler mes souvenirs. Mais le monologue du chef des Blader était trop long, ils revenaient au galop sur le devant de la scène.

Dante avait été mon voisin durant des années. Jusqu’à ce que je parte faire mes études à Rennes, en fait. Lui, il était resté à La Garde pour devenir informaticien.

Nous étions très soudés. Mon père me forçant à m’entrainer à cause de ses délires paranoïaques, Dante venait souvent me rejoindre. Pour me soutenir dans ces entraînements de fous, pour me réconforter après mon retour de trois jours dans la neige à chasser le sanglier avec un coutelât. Nous étions allés à la même école primaire, au même collège, même lycée.

Puis, l'année de mes seize ans, quelque chose avait fait basculer notre relation.

-Miranda, approchez-vous ! tonna Elwis.

Une femme plantureuse se détacha du reste des vampires, pour s’approcher en roulant des fesses de mon ex-petit ami.

Ex… La première fois que nous étions sortis ensemble, c’était lors de mes seize ans. Cela était arrivé par surprise, en fait. N’ayant jamais eu un physique de top model, j’étais souvent l’objet des brimades des écervelées anorexiques de ma classe. Les cours de sports étaient terribles pour moi, car personne ne me voulait dans son équipe. Aussi, un soir après cette épreuve, j’étais rentrée en pleurs. Enfermée dans ma chambre, je m’étais regardée nue dans la glace, m’était détestée pour ce que j’étais. Ma mère avait frappé à ma porte. Furieuse, j’avais ouvert telle une furie, en larmes.

« -Pourquoi suis-je née aussi laide, maman !?! »

Sauf que devant moi c’était tenu Dante, seize ans, ses yeux manquant jaillir de leurs orbites. Mortifiée de m’être laissée voir nue, j’avais claqué la porte, bien décidée à ne plus jamais sortir de ma vie… Sauf qu’il avait rouvert la seconde suivante, m’avait pris le visage dans ses grandes mains, pour me dire « Tu n’es pas laide, Hélène. Tu es la femme la plus belle au monde ». Il avait alors fait taire mes protestations d’un baiser passionné.

C’est ainsi que nous avions commencé à sortir ensemble.

-Je vais te faire vibrer, murmura la vampire Miranda en caressant le cou de Dante.

Il ne lui accorda pas un regard. Stoïque, il me fixait toujours. Quand elle se dressa sur la pointe des pieds pour embrasser sa gorge, je fronçai les sourcils.

Bon. D’accord. J’avais quitté Dante deux ans après pour partir faire mes études. Cela c’était fait d’un commun accord. Puis j’étais revenu pour les vacances de Noël, avec un nouveau petit copain. Au cours d’une fête pour revoir mes amis, je m’étais retrouvée face à Dante, lui aussi en couple. Tout c’était bien passé. Dans la soirée, nous nous étions croisés dans la salle de bain. Nos couples respectifs furent brisés, car nous avions été surpris en pleine action. Nous nous étions remis ensemble. Cela avait duré trois semaines. Puis le schéma c’était reproduit des dizaines de fois.

La Molaire du ZombieWhere stories live. Discover now