Confession

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~ Lina ~

J'ai toujours été cette jeune fille effacée derrière l'imposante figure de ma mère.

Forgée à l'image de ce qu'elle voulait que je sois, et plus tard de ce que je devais être à ses yeux.

Parfaite, obéissante, fidèle à ses principes, à ses valeurs, prude, chaste et pure.

J'étais la jeune fille studieuse et timide dissimulée derrière de grandes lunettes ovales , passant son temps à étudier à la bibliothèque, et que ma mère se plaisait à afficher comme un trophée devant des amies enthousiasmées et un père particulièrement effacé.

Pendant une bonne partie de mon adolescence j'ai dissimulé cette féminité derrière des bandages trop serrés, afin de cacher ma poitrine et cette femme qui naissait peu à peu, continuant à m'attacher à ce reste d'enfance qui s'évaporait.

Je n'avais pas vraiment conscience de mon corps, et je suis restée une femme-enfant pendant de très longues années, grandissant ainsi dans le déni de ma sexualité.

Et même si je m'entendais avec certains garçons , je continuais a garder cette distance qui m'avait été imposé.

Les rapports intimes entre une femme et un homme n'avaient pas lieu d'exister en dehors du mariage, une leçon que l'on m'avait fait apprendre et parfaitement mémoriser.

Après le bac, j'ai fait des études d'arts, malgré l'incompréhension de mes parents pour l'art. À quoi bon leur expliquer que dessiner était pour moi une sorte d'échappatoire.

Et puis ma famille avait fini un beau jour par me parler de mariage.

Un mariage qu'ils voulaient arranger avec un bon partie disait-il, alors qu'ils s'étaient mariés par amour.

Mon père, un peintre en bâtiment d'origine grec avait rencontré ma mère une égyptienne lors d'un anniversaire par des amis communs. À l'époque ils vivaient et travaillaient tout les deux en France. Enfin, jusqu'à ce que mon père ne décide de retourner en Grèce pour monter sa propre entreprise de peinture avec ses frères.

A l'époque j'avais 20 ans , j'étais encore étudiante à Paris, et ils avaient peur que je « bifurque » disaient-Ils après leur départ à Athènes.
Alors mes parents avaient envisagé l'éventualité de me marier avec le fils d'une très bonne connaissance de la famille.

Ashem avait 5 ans de plus que moi à l'époque, il était propriétaire de son propre appartement, avait une très bonne situation, était un garçon de bonne famille, gentil, respectueux, en tout cas c'est comme ça que me l'avait vendu ma mère. Mais ce n'était pas pour cette raison que je l'avais épousé.

Il m'avait paru tellement doux, gentil, et attentionné.
Il avait tout du parfait prince charmant. Et la jeune femme que j'étais encore à cette époque, ne connaissait rien, au rapport homme-femme.

J'ai pris ce mariage comme une porte de sortie, sans me rendre compte que je pénétrai dans une autre cage.

Le mariage fut fêté en grande pompe dans une immense villa à Marrakech, on m'avait vêtu des plus belles robes traditionnelles pour l'occasion, j'étais telle une princesse des milles et une nuit, et pourtant, j'eus comme l'impression de m'être trompée de chemin.

Et lorsque vint la nuit de mes noces, recroquevillée sur le lit nuptial, attendant cet homme auquel j'allais donner la part la plus pure et la plus intime de moi-même, je ressentis la crainte de ne pas avoir choisi celui qui m'était réellement destiné.

Avec du recul aujourd'hui, je peux dire qu'il s'était montré assez maladroit, brusque, et peu convainquant.
Cette nuit-la Ashem fut néanmoins heureux de constater que j'étais bien vierge, tandis que moi, je réalisais que je ne l'étais plus.

Je suis tombée enceinte lors de notre premier rapport, et je fis une fausse couche à deux mois de grossesse, un coup dur pour cette homme qui souhaitait tellement devenir père.

Malgré ma peine, je pris cela comme un signe du destin, qui me disait qu' Ashem n'était pas le bon.

Par la suite, je pris la pilule sans qu'il ne soit au courant, et notre relation se dégrada d'année en année.
Maintes fois, je me refusais à lui.
Refusant par la même occasion cette étreinte sans amour, sans passion et sans plaisir.

Plus le temps passait et plus je me rendais compte qu'Ashem ressemblait à ma mère, voulant me modeler tel qu'il voulait que je sois.
La parfaite petite femme au foyer, obéissante, attendant sagement son mari à la maison, faisant bonne figure devant les invités.

Et moi qui étais-je ?

Je voulais ressentir.

Avoir l'impression d'être vivante.

Et Dorian m'avait rendu à la vie.

Je découvrais enfin mon corps.
En harmonie avec mon esprit.

Les sensations endormit en moi durant toute ses années de frustration.

Exacerbées à leurs paroxysmes.

Et pourtant....

Où tout cela m'avait-il emmené aujourd'hui ?

À la déchéance....

APHRODITE (bientôt en édition)Where stories live. Discover now