17 / Améthyste Sweeney

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Me réveiller dans les bras de Nate a été le meilleur réveil qui m'est arrivé jusqu'à maintenant. Mais ce matin j'ai peur, peur qu'il me pose certaines questions que je veux éviter par-dessus tout. Je sais qu'il les a sentis, les cicatrices dans mon dos sont nombreuses, on les sent très bien au toucher. Ma peau est meurtrie du milieu de mon dos jusqu'à la naissance de mes fesses, ça continue sur mes flancs gauche et droite, une partie de mon ventre aussi est touchée. J'ai peur de sa réaction face à elles. Mes parents n'avaient pas que des amis de leur vivant, j'en ai fait les frais quelques jours après la mort de mon père. 

Ils se sont vengés une dernière fois après leur mort, et malheureusement c’est tombé sur moi, la seule vivante. Je suis brûlée entre vingt-cinq et trente pourcent de mon corps, le nombre est petit mais quand on regarde sur un corps c'est énorme. On a honte de ça, honte de montrer notre corps qui pour nous devient un monstre, une horreur. Après toutes ces années, je ne peux toujours pas me regarder dans une glace, sans aimer entièrement mon corps, je suis dégoutée en permanence. Je ne les aime pas, et je vais avoir beaucoup de mal à les aimer. Mais je sais, qu'on finit toujours par aimer ce que l'on déteste, la nature humaine est faite comme ça, on ne peut rien faire pour changer cela. 

Hier soir, j'ai bien essayé de l'empêcher de glisser sa main sous mon tee-shirt mais je n'ai pas eu la force. J'ai juste caché mon visage et j'ai pleuré contre lui silencieusement. J'ai quelques cicatrices aussi sur les jambes, elles aussi sont des brûlures aussi, certaines sont des coupures.  Elles sont toutes petites et moins moches que le reste, celles-là ne me dérangent pas, on pourrait penser à des coupures ou des blessures de guerre comme dirait Maura. 

J'arrête de me torturer l'esprit et je me lève pour faire un brin de toilette. Mais arrivé devant le miroir je me fixe en me remémorant tout ce qu'il s’est passé dans ma vie depuis peu. Je suis tellement dans mes pensées que je n'entends pas Nate arriver derrière moi. Je sursaute en sentant ses bras entourer mon bassin et sa tête se poser délicatement sur mon épaule après avoir embrassé ma nuque. 

-Bonjour.

Il a un énorme sourire et il me fixe à travers le miroir, je fais de même et je pose mes mains sur les siennes.  Il penche la tête sur le côté et déplace son nez contre ma nuque pour la sentir. Je le regarde faire, presque figée sur place, en l'espace de quelques minutes j'oublie toutes mes cicatrices, mes peurs, tout… J'oublie tout et ça fait un putain de bien. 

-Bonjour.

Je le sens sourire contre ma peau après mon bonjour, sa tête revient à sa première place sur mon épaule.  

-Bien dormis ?  Il me demande en m’embrassant l'épaule. 

-Oui, tu tiens chaud, c'est agréable et toi ? 

-J’ai bien dormi contre mon petit glaçon. 

Je sourit et il m'embrasse la joue, mais il reste dans la même position. Je lâche le dos de ses mains pour prendre ma brosse à dents. 

-T'en as une pour moi ?  

-Placard de gauche. 

Il hoche la tête et me lâche à contre cœur, je le vois bien sur son visage. Il revient près de moi avec sa nouvelle brosse à dents et m'imite. Nate me fait des grimaces et je manque de m'étouffer plusieurs fois avec le dentifrice. 

*****

Après la rigolade dans la salle de bain on s’est de nouveau allongé sur mon lit en silence. Nate sur le dos, ma tête sur son torse, sa main qui papouille doucement les cicatrices de mon dos et moi je fais courir lentement mes doigts sur son ventre. 

-Tu m'en parleras un jour ?  

Je sais de quoi il parle, ses doigts se sont stoppés dans mon dos. 

-Peut-être. 

-Je pourrai les voir ? 

-Je…. Peut-être oui.

-Tu n'as pas à avoir honte avec moi, tu sais. 

Il me bascule pour se retrouver au-dessus de moi, se glissant entre mes jambes qu'il ouvre avec les siennes. Il picore mes lèvres après avoir pris une place confortable. 

-Moi, je les aime déjà. 

Je le fixe les larmes aux yeux avant de détourner les yeux et fixer un point inexistant sur le mur de ma chambre. 

-Ne dis pas ça.

Ma voix est faible et fragile. Je ne les aime pas, je ne les assume pas et je ne les accepte pas alors comment lui, qui ne les a jamais vues peut les aimer et les accepter ? Non je ne le crois pas, je le pousse à l'aide de mes bras pour m'enfuir dans la salle de bain. Mais il maintient rapidement mes poignets au-dessus de ma tête.  

-Tu peux me croire Améthyste, je t'aime et j'aime aussi ton corps et ta peau meurtrie, laisse-moi la voir et te montrer à quel point je les aime et que je t'aime.  

Je le fixe et doucement je baisse ma garde et j'hoche la tête.  Il sourit tendrement et lâche mes poignets avant de se soulever légèrement pour pouvoir remonter mon tee-shirt. Mes larmes coulent silencieusement sur mes joues, je ferme les yeux je ne veux pas le voir, les regarder. J'ai un violent sursaut quand je sens ses lèvres sur l'une de mes cicatrices, un sanglot passe la barrière de mes lèvres, mais un poids s'enlève de mes épaules. Nate continue son chemin à la découverte de chaque morceau de peau meurtrie. L'une de ses mains prend la mienne pour me soutenir dans cet affreux moment. Je la sers à chaque fois qu'il rentre en contact avec ma peau. Il met fin au supplice rapidement en remontant vers mon visage et de m'embrasser tendrement. Mes bras entourent rapidement sa nuque et je le sers contre moi.  Sa tête se cale contre ma nuque et il me murmure quelques mots, avant de me serrer à son tour et laisser un silence réconfortant prendre place dans la chambre. 

-Je suis fier de toi Améthyste, tellement fier de toi. 

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