4.E

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Dans sa profession il y avait trois règles nécessaire à sa survie. La première était de ne pas s'attacher. C'était une douleur inutile de découvrir que cet homme qui était si gentil n'était en fait qu'un crétin, marié et père de famille « aimant ». La deuxième était de ne jamais accepter de rapport sans protection. Si cet homme avait une IST et qu'il lui transmettait, il s'en foutrait mais elle en subirait les conséquences par la suite. La troisième et plus importante était le refus d'un baiser. C'était se livrer à quelqu'un, corps et âme. C'était un signe d'attachement. C'était donc briser une règle.

Pourtant elle ne se priva pas des lèvres d'Eren. Ce bout de femme était bien trop tentant, bien trop proche de son idéal féminin, bien trop bien pour elle. Toucher à l'intouchable lui laissa une sensation vertigineuse. Alors elle se laissa tenter par un deuxième.

Un troisième.

Un quatrième.

Un petit cinquième.

Le sixième serait le dernier, promis juré.

Elle ne s'arracha de ses lèvres qu'en remarquant qu'elle restait assise au sol, telle une pauvrette. Alors Levi la tira par le bras, la forçant à monter à son tour sur ce matelas un brin trop dur pour être confortable. Et son rire retentit aussi nettement que le carillon d'une cloche, aussi clair que du cristal.

— Je ne suis vraiment pas raisonnable, annonça Levi en fixant les lèvres de sa cadette. Vraiment pas raisonnable, murmura-t-elle quand Eren lui offrir un nouveau baiser.

— Qui en a conscience à part vous?

C'était une voix caressante, sensuelle et douce qui s'était adressée à elle, pas cette timide voix de fillette. En face d'elle se tenait une femme et plus une petite gamine innocente, il était clair qu'elle avait conscience de ses actes.

— Toi, murmura-y-elle en réponse, lui souriant doucement.

Et elle sourit en constatant qu'elle n'en avait rien à faire. C'était dingue de constater dans quel état de mièvrerie elle réussissait à la plonger avec ses grands yeux de biches. Elle les trouvait fascinant, très beaux, fort...vert.

Les baisers furent plus poussés, quelques couches de vêtements retirées et bientôt, des sueurs mélangées. C'était bon de sentir ce corps tiède contre le sien, de sentir des formes pour une fois et pas un bloc de ciment dur et froid.

Elle laissa ses mains pâles se balader sur cette peau mate, se surprit à adorer ce contraste. Elle avait toute une nuit pour découvrir ce corps bienveillant et était envieuse de tout y déceler. Une nuit serait trop courte, elle en avait conscience mais se contenta de ça. Après tout, quelles étaient les chances que cela se reproduise? Était-ce réel? Rêvait-elle?

Elle grogna en se jurant qu'elle pourrait se torturer l'esprit après et fourragea son nez dans la nuque d'Eren. Elle sentait si bon...

Elle sentait tout, entendait tout, et ça suffisait à rendre son esprit totalement fou. Les battements de cœur trop rapides de sa partenaire, les gémissements qu'elle lui soutirait, le bruit du glissement de leurs peaux, le bruit de la délivrance...
Elle la sentit se tendre et gémir, pour retomber contre sa poitrine toute haletante. Elle n'était pas habituée aux plaisirs charnels et ce détail là ravissait. Ce détail la charmait.

C'était mauvais pour elle. Et elle le savait mais préférerait faire comme si rien n'était. C'était plus simple ainsi de profiter de ce cadeau, non?

Eren décolla son front de sa poitrine, fixant par la suite le visage de Levi. Elle la trouvait terriblement belle. Elle passa une main tremblotante sur sa joue, descendit vers des lèvres et gémit à nouveau. L'indécence qu'elle lisait dans ses yeux lui suffisait pour la remettre dans tout ses états.

Elle se pencha, cueillit ses lèvres dans un dernier baiser et se retira.

Dans la tête de Levi, l'orage faisait rage. Était-ce déjà fini? Pourquoi? Ce répit était trop court. Cette idylle bien trop douce pour ne pas la marquer à jamais.

La panique de ne plus jamais revoir cette gamine sans la remercier correctement, c'était ce qui la motivait à se relever, a jeter des regards perdus à la pièce pour constater qu'elle avait disparut. Mais pas totalement. Il restait cette veste sur le sol. Et la sienne avait disparut, envolée avec son idylle personnelle.

𝙎𝙞𝙧𝙚𝙣 ; 𝙛𝙚𝙢! 𝙍𝙞𝙍𝙚𝙣 »Where stories live. Discover now