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— « Ça fait huit mois, déjà. »

Le vent souffle fort en ce mois d'Octobre. Les feuilles tombent déjà, se préparant à l'automne qui approche. Les arbres bougent à la force du vent, faisant valser mes cheveux dans tous les sens.

— « C'est vrai. » je réponds simplement.

Sa tête se tourne vers moi, me scrutant de ses petits yeux. Je sais ce qu'il pense, mais ce n'est pas le cas. Sa main vient se poser sur la mienne, avant de finalement l'enlacer, dans la plus grande des délicatesses.

Je reste fixer ce qui se trouve devant moi, le regard vide, ailleurs. La chaleur de sa main me porte presque et je viens me coller un peu plus contre lui, ses bras enlaçant mon corps et collant son torse à mon dos. Son menton appuyer sur le dessus de ma tête, je ferme les yeux un instant. Être ici ne m'enchante pas, mais l'être avec lui me fait le vivre mieux.

Je vais bien, contrairement à ce qu'il pourrait penser. Vraiment. Le temps a fait son effet et pour moi, venir ici sans craquer devant lui c'est prouver que j'en ai réellement fais le deuil. J'ai réussis, j'ai avancé et ça, je veux que tout le monde le sache.

Même lui, d'où il est.

« Je suis désolé. » lâche t-il soudainement et je le sens resserrer sa prise autour de moi.

— « Pourquoi ? »

Ma tête se relève légèrement.

— « J'aurais dû l'avoir vu, il a deux ans. »

Je secoue la tête et me retourne vers lui pour pouvoir le regarder dans les yeux. Je remets ses cheveux en place, légèrement emmêlés par le vent avant de lui sourire tendrement.

— « Tayzon, arrête ça s'il te plaît. Ce n'est en rien ta faute, d'accord ? C'est moi qui aurait dû t'en parler. »

Il pose sa main sur ma joue, et je viens poser la mienne dessus. Nous restons nous regarder en silence quelques minutes, laissant à nouveau le vent faire voler nos cheveux. Je finis par lui sourire une dernière fois, et me retourner pour reprendre ma place d'il y a quelques secondes. Ses bras reviennent se blottir contre mon corps et mes mains viennent se poser sur ces derniers. Je me contente de fixer cette grande plaque marbrée sous mes yeux et je suppose que Tayzon le fait aussi.

Être ici, devant la tombe de mon père, dans les bras du garçon que j'aurais pensé ne jamais revoir, c'est comme l'impossible. Et pourtant, je le vis aujourd'hui.

Et c'est fou.
Complètement fou.

« Si je l'avais su avant, je te jure que je l'aurais tué de mes propres mains avant qu'il ne le fasse lui-même. »

Le pire dans tout ça, ce n'est même pas la mort. C'est la façon dont il l'a fait. Je ne saurais jamais pourquoi, d'ailleurs. Pourquoi il a préféré s'enlever la vie de cette façon, devant moi, aussi rapidement. Peut-être y avait-il déjà pensé, peut-être l'avait-il déjà préparé ? Je crois que je ne saurais jamais. Mais ce qui m'est encore plus incompréhensible dans tout ça, c'est qu'il est décidé d'emmener Xavier. Encore lui, j'aurais pu le pardonner avec ça. J'aurais pu essayer, oublier et commencer une vie normale.

Aujourd'hui, après ça, ma vie aura toujours une part d'anormal. Je ne peux pas effacer le passé, mais je peux essayer de vivre avec.

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