CHAPITRE 40 : I FEEL GOOD.

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Le livre de couleur rouge sang, considérait clairement son ouverture à Inkiff comme un sacrilège. Sa résistance quasi-éternelle en était la preuve.

Mais Inkiff comptait bien apprendre à ce livre les bonnes manières. Alors que le mystérieux bouquin tremblait de toutes ses forces, dans le but de dissuader son téméraire lecteur de le consulter, Inkiff le saisit avec fermeté, s'assit sur le lit et insista de toutes ses forces sur la couverture. Mais au lieu d'un résultat favorable, le livre commença inopinément à prendre du volume.

En guise de réaction défensive, le livre nommé " Nathaly Sally ", commença à se comporter bizarrement. Il changeait désormais une taille. Il grandissait tel un ballon gonflable entre les mains de son pourfendeur.

L'ouvrir devenait de plus en plus une mission impossible. La maison du talent était vraiment un lieu du " tout est possible ". Au lieu de se laisser impréssionnée; Nathaly se joignit à l'effort et envisagea de tenir un côté de la couverture, tandis que Inkiff tiendrait l'autre côté. Et tous les deux, ils s'agrippèrent bras et pieds, fermes sur le livre dont la taille côtoyait désormais celle de la moitié du livre qui contenait le cobra qu’Inkiff avait vaincu ( pour le moment).

Mais à force de ne pas se décourager, le livre catcheur ne resista pas plus longtemps et craqua sous l'emprise du duo. Inkiff tomba sur le lit, et Nathaly sur le sol, prit au dépourvu.

Le livre retrouva bien assez vite sa taille initiale et tomba sur le sol, sans ses pages. Plus noires que de l’encre,  les pages ne respectèrent pas la loi de la pesanteur. Elles demeurèrent suspendues dans les airs, en dégageant de la fumée en faible quantité.

Nathaly et Inkiff échangèrent des regards surpris. Le livre n'avait apparemment pas fini de se donner en spectacle. Nathaly se leva et d'un geste radical, espéra saisir une page suspendue, mais celle-ci zigzagua lestement. La chanteuse riva un regard outré vers Inkiff comme pour lui demander ce que cela signifiait, mais que pouvait lui répondre le dadais, qui lui-même n'était qu'un “ moldu “ face à toute cette sorcellerie? 

Inkiff prit de l'appui sur le bord de son lit et sauta pour attraper au moins une page, mais ces dernières slalomèrent avec souplèsse entre ses mains.

Nathaly Sally leva alors son index devant Inkiff comme pour lui intimer qu'elle avait une bonne idée. Elle pensa à une autre chanson remplie de joie et n'hésita pas à la chanter puissamment et bruyamment!

" Whoa! I feel good, I knew that I would, now
I feel good, I knew that I would, now
So good, so good, I got you"

La jeune femme chantait cette chanson de James Brown avec puissance et style, tout en fermant ses yeux. Inkiff trouvait qu'il y avait définitivement quelque chose d'angélique et de spirituel dans sa voix.

Vraisemblablement, il n'était pas le seul à être séduit par la voix de Sally, car de la bibliothèque, les livres donnaient eux aussi le rythme. Mais encore, les pages suspendues dans les airs, semblaient se mouvoir dans un chorégraphie,  à l'écoute de cette première partie de chanson. Mais aucune parmi elles ne tomba. Il ne s'agissait que d'un foutage de gueule.

Alors Nathaly se racla la gorge derechef et poussa avec plus de trémolo :

" Whoa! I feel nice, like sugar and spice
I feel nice, like sugar and spice
So nice, so nice, I got youuuuu "

Elle répéta ces trois lignes en tapant dans ses mains désormais et en donnant du rythme avec ses pieds; tout en inscitant Inkiff à faire de même. Inkiff avait le sens du rythme. Mais ce qui le dérangeait, c’était de s’amuser. Il en avait un peu honte. Il joignit tout de même la charmante demoiselle, et tapa dans ses mains, avec embarras. 

La Maison du Talent ( Appauvrir le Monde, Enrichir les Tombes)Where stories live. Discover now