CHAPITRE 1

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1h30. Je me réveille en sursaut. Porte qui claque. Bruit de verre.

Ils sont là.

J'entends mon père crier sur ma mère. Elle éclate de rire.

Je me lève précipitamment, il faut que je ferme ma porte à clé. En courant mes pieds se prennent dans mes sacs et je m'étale par terre dans un bruit assourdissant. Super.

Il n'en faut pas plus pour que mes parents se ruent vers les escaliers.

J'ai à peine le temps de tourner la clé que mon géniteur s'acharne déjà sur ma porte.

Il faut que je me cache. Ca va bientôt céder. Je me recule en réfléchissant.

*BOUM*

Trop tard. Mon père a réussis à enfoncer la porte, il me regarde comme si il allait me tuer. Ses yeux sont rouges et translucides. Ma mère rigole de plus belle, je peux apercevoir d'ici le jaune de ses dents pourries par le tabac :

-« Aller, finissons en avec elle, j'ai envie de m'amuser !

- T'as raison, je peux plus la voir cette salope, 17 ans qu'elle nous sert à rien. »

Il essaye de courir vers moi, ma génitrice sur ses talons, mais lui aussi se prend dans mon sac et il tombe de tout son poids avec elle sur le dos.

C'est le bon moment. L'alcool ne leur permet pas une grande rapidité. J'en profite pour récupérer mon sac à dos, près depuis des semaines, et par le plus vite de possible de la maison, ou devrais-je dire prison.

Le froid me fait l'effet d'une claque, mais l'adrénaline me fait maintenir mon rythme. Je cours pendant 10 minutes. Je passe devant des parcs, des magasins, tous fermés, devant des maisons des immeubles. Je ne croise personne, tout est endormi. Je suis seule, j'ai l'habitude. Je reconnais maintenant la sortie de ma ville.

Mon cœur bat à cent à l'heure. Il faut que je m'arrête. Reprendre mon souffle. Je m'assois le long d'une barrière d'auto route. Je sors mon téléphone, il est 1h52. Je fouille un peu mon sac et trouve une bouteille d'eau.

Je souffle un bon coup. Un poids s'enlève de mes épaules, un soulagement énorme s'empare de moi, comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie. Enfin presque. Ca n'a pas toujours été comme ca, jusqu'à mes 8 ans j'étais heureuse, avec une famille présente et épanoui. Tout allait bien, j'avais un bel avenir et rien n'aurai pu gâcher ca. Puis mes parents ont commencés à me laisse seule le soir, je n'avais aucune idée de ce qu'ils faisaient. Je dormais quand ils rentraient et ils étaient silencieux. Mais un soir ils sont rentrés plus tôt, je pensais que c'était pour rester avec moi, mais nan, ils étaient bourrés et disaient des choses complètement absurdes. Je pleurait parce qu'ils m'effrayaient, mais quand mon père m'a vu, il s'est énervé et m'a frappé. Et ce cauchemar se répétait de plus en plus souvent. Trop souvent. Ma mère s'y mettait aussi parfois quand elle avait besoin d'évacuer. Au bout d'un certains temps j'avais pris l'habitude de toujours fermer ma porte à clé. Jusqu'à aujourd'hui ca marchait même si ils me battaient encore en pleine journée, c'était déjà ca de moins. Je voulais attendre mes 18 ans pour partir, histoire d'avoir mon bac dans mes valises. Mais je savais au fond de moi que je n'allai pas tenir aussi longtemps. Et j'en suis là.

Je me relève et me remets à marcher. Plus vite je serais sortie de cette ville, plus vite je trouverai où commencer une nouvelle vie.

J'ai tout prévu. Je marcherai jusqu'à Reims. Ca va me prendre à peu près 35 heures. Peut-être moins si je fais du stop. Mais entre nous, sociabiliser pendant 5 heures, enfermé dans une voiture, ne fait pas partie de mes points forts.

Path of the revivalWhere stories live. Discover now